Benjamin Constant a publié un grand nombre d'écrits politiques et des livres de philosophie religieuse, mais il doit sa renommée durable à un roman autobiographique Adolphe, et à des œuvres posthumes qui nous font pénétrer, elles aussi, dans l'intimité de ses sentiments et de sa vie. Le Cahier rouge retrace sa jeunesse, Cécile nous révèle ses relations avec Charlotte de Hardenberg et complète ainsi les Journaux intimes.
Remarquablement intelligent mais irrésolu, peu fait pour l'action, faible parfois jusqu'à la lâcheté, joueur plutôt que calculateur, Benjamin Constant apparaît comme une personnalité complexe mais décevante. Il a trouvé dans l'analyse de lui-même sa véritable vocation.
[...] Pressé par son père, et las de traîner cette chaîne, il s'engage à rompre mais remet sans cesse l'entretien décisif avec sa maîtresse. Enfin Ellénore apprend indirectement sa décision : le coup est beaucoup plus dur pour elle que si Adolphe avait eu le courage de le lui en faire part ; elle en mourra et Adolphe, loin de retrouver la liberté sera condamné à la solitude et aux remords. Le roman autobiographique Le roman se termine par un débat sur la responsabilité d'Adolphe, qui est à la fois excusable et blâmable. L'égoïsme se mêle intimement chez lui à la pitié. [...]
[...] Dans ce style dépouillé, presque froid, des images apparaissent pourtant, empruntées généralement à la nature, dont on goûte la présence poétique, en harmonie avec les sentiments. Bien des façons de penser et de sentir sont romantiques : la passion d'Ellénore, l'ennui, la rêverie vague d'Adolphe. J'ai voulu peindre dans Adolphe l'une des principales maladies morales de notre siècle : cette fatigue, cette incertitude, cette absence de force, cette analyse perpétuelle, qui place une arrière-pensée à côté de tous les sentiments, et qui les corrompt dès leurs naissance ; l'auteur l'a indiqué expressément : son héros, qui lui ressemble incarne le mal du siècle. [...]
[...] Benjamin Constant (1767-1830) I. L'homme et l'œuvre Benjamin Constant de Rebecque naît à Lausanne en 1767. Fils d'un colonel suisse au service de la Hollande, mais issu, du coté paternel et du côté maternel, de familles françaises contraintes à l'exil par la révocation de l'Edit de Nantes, le jeune homme reçoit à Oxford, en Allemagne, à Edimbourg, une éducation européenne. Il continue ensuite à voyager, séjourne à Paris puis devient gentilhomme ordinaire du duc de Brunswick. Quelques années après un mariage malheureux, il s'éprend de Mme de Staël (1794), la suit à Paris, revendique la nationalité française et amorce une carrière d'homme politique, Membre du Tribunat après le 18 Brumaire, il est exclu de cette assemblée pour son opposition libérale (1802). [...]
[...] Nommé Président du Conseil d'Etat par Louis-Philippe, il meurt peu après décembre 1830. Benjamin Constant avait publié un grand nombre d'écrits politiques et des livres de philosophie religieuse, mais il doit sa renommée durable à un roman autobiographique Adolphe, et à des œuvres posthumes qui nous font pénétrer, elles aussi, dans l'intimité de ses sentiments et de sa vie. Le Cahier rouge retrace sa jeunesse, Cécile nous révèle ses relations avec Charlotte de Hardenberg et complète ainsi les Journaux intimes. [...]
[...] Sensible, il paraît incapable de passion. Il manque surtout de caractère et abuse de l'introspection : éternel spectateur de lui-même, il hésite constamment, se perd dans de stériles débats de conscience et fait souffrir davantage Ellénore en voulant l'épargner. A tous ces traits, il est impossible de reconnaître l'auteur : Adolphe est une transposition de sa liaison avec Mme de Staël. Sans doute Benjamin Constant a souvent modifié les faits ; pour peindre Ellénore il s'est inspiré d'autres femmes ; mais c'est Mme de Staël qu'on examinait avec intérêt et curiosité comme un bel orage ; ces scènes pénibles ont eu lieu à Coppet ; cette chaîne, c'est celle que Constant se préparait à rompre lorsqu'il écrivait Adolphe. [...]
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