Thomas More était le conseiller politique d'Henri VIII au titre de maître des requêtes, de conseiller privé, puis de la plus haute charge du royaume, celle de Chancelier du Royaume. Pendant cette période, il rédige Utopia. Il est le premier à forger, avec cet ouvrage, le mot « utopie » du grec « ou » (non) et « topos » (lieu) - soit en aucun lieu ou nulle part. Ce livre peut donc apparaître en contradiction totale avec sa fonction personnelle de conseiller du Prince puisque selon la définition de Lalande dans son ouvrage Vocabulaire de la philosophie, l'Utopie représente « sous la forme d'une description concrète et détaillée l'organisation idéale d'une société humaine ».
Mais le texte est conçu sous la forme d'un dialogue entre deux personnages, le personnage-More et l'explorateur Raphaël Hytlhoday, supposé être un membre de l'équipage de Vespucci. Il faut donc distinguer le personnage More, dont on connaît la pensée, et l'auteur Thomas More, dont on ignore s'il défend la thèse de son personnage ou s'il souhaite, par cette structure dialogique, renforcer celle de Hythloday.
Problématique : More présente un projet utopique d'un Nouveau Monde décrit en une cité idéale comme la seule solution d'émancipation et de triomphe de la vertu mais il risque d'oublier que la politique ne peut pas seulement se satisfaire d'une approche imaginaire.
[...] Cette dernière part du principe que puisque les hommes peuvent agir tels des démons, alors on doit penser le politique en fonction de cette réalité. More met en avant les travers de la nature humaine pour justifier ses réticences quant à la possibilité d'instaurer une autre cité, d'où sa préférence pour le compromis avec l'existant. Le deuxième problème est que l'utopie est présentée comme une réalité tout à fait absolue et le genre utopique suppose que cette existence apparaisse conventionnellement comme tout à fait indiscutable. [...]
[...] Platon, dans le dialogue de Socrate et Glaucon, emploie le terme de dette que les philosophes doivent à la cité pour leur avoir apporté une éducation et une instruction. La République de Platon a pour but de mettre en place une cité idéale guidée par le philosophe roi idée reprise par More. Hythloday répond au personnage More que la leçon complète de Platon est que les conseils sont sans effet pour des rois qui ne s'adonnent pas eux-mêmes à la philosophie. Il ne sert à rien que les conseillers des rois soient philosophes si les rois ne sont pas eux-mêmes philosophes. [...]
[...] De plus, pour respecter la leçon de Platon dans son ouvrage La République, il ne suffit pas de remplir un critère. Il y a un ensemble de critères d'existence de la République inséparables et préalablement indispensable autre que le gouvernement des philosophes tel que la propriété collective des biens chez les dirigeants. Evoquer le gouvernement des philosophes, c'est réduire la République de Platon à un critère qui, seul, n'est ni pertinent ni suffisant. Le compromis avec les institutions existantes est impossible car elles sont caractérisées par la corruption, et les accepter reviendrait à cautionner et à participer à ce système de corruption en voulant guérir la folie des autres, je tomberais en démence avec eux Penser l'Utopie, ce n'est pas penser une amélioration possible de la politique en place. [...]
[...] CCL : On oppose toujours utopie et pragmatisme. Cela vient du fait que nous vivons dans une société et que de ce fait, nous la considérons comme légitime et normale. Or, comme nous venons de le voir, les notions d'utopie et de pragmatisme ne sont pas forcément contradictoires et la position de conseiller du Prince de More n'est pas incompatible avec sa vision utopiste. Mais pour cela, il faut envisager l'utopie comme un horizon d'un ailleurs servant d'aiguillon à l'action et non pas comme quelque chose que l'on réalisera immédiatement et exactement telle qu'elle est décrite. [...]
[...] "Utopia", Thomas More Thomas More était le conseiller politique d'Henri VIII au titre de maitre des requêtes, de conseiller privé, puis de la plus haute charge du royaume, celle de Chancelier du Royaume. Pendant cette période, il rédige Utopia. Il est le premier à forger, avec cet ouvrage, le mot utopie du grec ou (non) - topos (lieu) soit en aucun lieu ou nulle part. Ce livre peut donc apparaître en contradiction totale avec sa fonction personnelle de conseiller du Prince puisque selon la définition de Lalande dans son ouvrage Vocabulaire de la philosophie, l'Utopie représente sous la forme d'une description concrète et détaillée l'organisation idéale d'une société humaine Mais le texte est conçu sous la forme d'un dialogue entre deux personnages, le personnage-More et l'explorateur Raphaël Hytlhoday, supposé être un membre de l'équipage de Vespucci. [...]
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