Dans Sur une nouvelle interprétation de la philosophie de Platon, 1946, trad. Olivier Seyden, 2004, Ed° ALLIA, Léo Strauss affirme, en présentant l'ouvrage de John Wild, Plato's theory of Man, An introduction to the Realistic philosophy of culture, que la question de la crise de la philosophie politique moderne ne pouvait être résolue que par un retour à la question de la philosophie classique.
[...] Cet effet de transition est porté par l'argument de l'homme moderne caractérisé comme l'homme faustien pour annoncer que la troisième vague est dominée par le modèle du surhomme nietzschéen. En d'autres termes le romantisme antimoderne de Rousseau, qui est certes naturel, mais non au sens classique, et le romantisme postmoderne de Nietzsche qui est aussi naturel, mais l'est dans un sens hypermoderne Chaos sive Natura se compose et se rassemblent dans la troisième vague autour du sentiment romantique de l'union ou fusion de la substance et du sujet. [...]
[...] Le renversement entériné par la première vague implique un détournement irréversible de la relation Ethique et Politique, et même ces deux penseurs ne pourront parvenir à une autre position. C'est en ce sens que nous passons sans transition de la première vague à la seconde, car il n'y a pas de différence substantiel entre le Machiavélisme des discours Sur la première Décade de Tite-live lorsqu'il dit au Livre premier ch. XXVII , que les hommes sont rarement tout bon ou tout mauvais et la proposition kantienne tirée du Projet de paix perpétuelle que Strauss interprète comme l'affirmation de la non-nécessité pour l'institution de l'Etat d'exiger un peuple vertueux. [...]
[...] Dès lors, c'est un projet de déconstruction de l'histoire de la philosophie qui s'attache à une entreprise de refondation de la philosophie politique. L'Historicisme et le Positivisme feront donc l'objet de cette déconstruction. Le texte sera alors une description de . ainsi qu'un décryptage du . fait selon lequel la philosophie politique a subi deux importants réductionnismes dû à une certaine conception historiciste du monde, et à un certain refus positiviste de juger la différence entre les faits et les valeurs comme constitutives d'une rationalité commun à toutes les sociétés. [...]
[...] En partant de Machiavel et de Hobbes, Strauss établit la première vague comme le premier moment logique de cet abaissement du devoir-être à l'être. Il indique que ces deux penseurs ont été les premiers à opposer à l'idéalisme de la philosophie classique, le réalisme des choses politiques. Machiavel en supprimant l'idéal de la cité juste afin de la ramener à la réalité de la conquête et de la conservation du pouvoir légal par tous les moyens nécessaires. En comprenant que le but visé est moins élevé, et en considérant que le hasard peut être conquis, Machiavel suppose le problème de la philosophie politique résolue. [...]
[...] Il est important de remarquer qu'il s'agit d'une lecture phénoménologique de la modernité qui consiste à découper l'histoire de la philosophie en fonction de la différence déontologique entre l'être et le devoir-être. La réception et le traitement de cette différence pour la philosophie politique sont compris par Strauss comme travail de négation d'elle-même par le truchement de certaines pensées politiques et la volonté paradoxales de certains philosophes à considérer cette différence comme surmontable au nom d'une raison de l'histoire. L'auteur souligne que cette philosophie de l'Histoire est pensée sur le modèle de la ruse et de la providence. [...]
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