Né à Boundiali en Côte d'Ivoire en 1927 et mort en 2003 en France, Ahmadou Kourouma qui est d'ethnie malinké est l'un des plus importants écrivains du continent africain. Grâce à son oncle auquel il est confié, il fait partie des quelques rares enfants de son village à être envoyé à l'école française pour acquérir l'éducation.
Ahmadou Kourouma a fait preuve de son caractère militant très tôt lorsqu'il était encore en Afrique comparé à la plupart des auteurs africains de son époque qui ont révélé leur militantisme alors qu'ils étaient en France pour leurs études supérieures. A la suite de sa participation aux mouvements de contestation anticoloniale, Ahmadou Kourouma considéré comme le meneur d'une manifestation estudiantine indépendantiste fut expulsé de l'Ecole technique Supérieure de Bamako.
[...] En effet avec la création RDA les premiers mouvements anticoloniaux voient le joueur et les écoles et milieux intellectuels se lancent dans cet élan de libération colonial, il est contraint de se mettre au service de l'armée française. Il se rend en Indochine et sert comme tirailleur pendant quatre avant de reprendre ses études d'actuaire à Lyon. En 1960, la Côte d'Ivoire devient indépendante et, marié à une Française, Ahmadou retourne dans son pays natal. Cependant le président Houphouët-Boigny qui l'accuse de comploter contre le peuple le fait emprisonner. Grâce à son mariage, il peut échapper à la torture, mais il est privé du droit de travailler et au chômage il se rend en Algérie. [...]
[...] L'exemple de la soi-disant stérilité de Salimata qui serait l'œuvre d'un génie illustre ce fait. Le personnage du génie est récurrent dans les pensées de Salimata. Fama avant d'entreprendre don voyage vers la ville consulte les ancêtres et les mânes (esprits des ancêtres). Le monde fonctionne donc sous la dépendance de puissances surnaturelles, mânes et génies (esprit des lieux et des choses), mais aussi du sort. Fama partage donc cette vision du monde comme le montre sa méditation dans le cimetière de Togobala. La religion est également importante pour les malinkés, musulmans. [...]
[...] Après l'image de la femme martyre vue à travers Salimata , le tableau de la femme fatale est véhiculé à travers le personnage de Mariam qui ensorcelle Fama et les hommes par sa grande beauté. La satire de Kourouma repose sur une ironie avec une inadéquation entre des explications magiques et d'autres, réelles et rationnelles. C Les Soleils des Indépendances met en avant tous les éléments de la culture des Malinkés à travers la langue, la religion et les coutumes et traditions. La tradition est omniprésente et le roman a pour cadre cette tradition qui est la référence de Fama. [...]
[...] L'exigence de procréation dans la société traditionnelle devient une obsession pour la femme et Salimata doit vivre la honte de la stérilité (on apprend par la suite que c'est bien Fama qui est stérile). Mais la présence de la stérilité tout le long du texte ne se résume pas seulement au couple, on pourrait l'attribuer à la tribu, au peuple malinké puisqu'elle symbolise l'improductivité et la capacité à assurer la relève et la conservation d'une espèce. On peut étendre même la stérilité de Salimata à la stérilité des Indépendances et des civilisations africaines. [...]
[...] Les Indépendances ont cassé le négoce (page 23). Le sentiment d'être dépossédé de ses privilèges est entamé sous la colonisation avec l'avènement de Lacina comme nous l'avons vu dans la première partie, mais il est accru par le régime issu des Indépendances puisque Fama juge ne pas avoir été suffisamment récompensé de ses efforts lors de la lutte anticoloniale : Les Indépendances une fois acquises, Fama fut oublié et jeté aux mouches. Passaient encore les postes de députés, de ministres, d'ambassadeurs, pour lesquels lire et écrire n'est pas aussi futile que des bagues pour un lépreux. [...]
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