« Qu'il s'agisse de science ou de politique, Max Weber visait le même but : dégager une éthique propre à une activité qu'il voulait conforme à sa finalité. » L'excellent lecteur et spécialiste de Weber, Raymond Aron, résume ici le cœur du propos du sociologue allemand dans les deux conférences « La profession et la vocation de savant » et « La profession et la vocation de politique » prononcées en novembre 1917 et janvier 1919. Cette recherche d'une éthique propre à chaque profession débouche sur un des concepts phares de Max Weber : la « neutralité axiologique » ou « non-imposition des valeurs ».
Le savant et le politique est une œuvre puissante qui s'est désormais imposée comme un grand classique de science politique et d'épistémologie. Max Weber (1864-1920) développe dans ce livre des conceptions et des notions qui nous sont aujourd'hui familières, mais qui étaient, à l'époque, profondément révolutionnaires : les trois figures idéales typiques de l'autorité – l'autorité traditionnelle, charismatique et légale-rationnelle – ; les célèbres définitions de l'État moderne ; les différences entre science et théologie ; la nécessité d'avoir la passion pour embrasser les vocations de savant ou d'homme politique ; l'acceptation pour le scientifique de se lancer dans la recherche tout en sachant que son travail sera un jour dépassé ; la critique contre la spécialisation – il stigmatise les spécialistes comme des « spécialistes sans esprit, jouisseurs sans cœur » ; le rapport entre politique et violence ; le choix entre éthique de la conviction et éthique de la responsabilité, etc.
Ce travail vise à rendre compte des principales idées développées par le plus grand sociologue allemand du XXe siècle dans Le savant et le politique. Il s´appuie sur de nombreux ouvrages qui permettent d´éclairer des développements pas toujours bien compris ou parfois un peu obscurs.
[...] Contexte d'écriture de la profession et la vocation de savant (1917) et de la profession et la vocation de politique (1919) C'est à l'initiative du comité bavarois de l'Association des Étudiants libres qu'a été prononcée la conférence La profession et la vocation de savant le 7 novembre 1917 à Munich. Le mouvement des Étudiants libres s'est développé à la fin du XIXe siècle en réaction à une double transformation de l'université allemande : forte augmentation du nombre d'étudiants et spécialisation croissante des formations distribuées. [...]
[...] Cependant, l'attitude de la théologie face à ses propres présuppositions diffère de celle des autres sciences : quand la science n'y voit rien de plus que des conventions logiquement nécessaires à la construction d'un savoir scientifique, la théologie considère que ces présuppositions appartiennent à une sphère qui se situe au-delà des limites de la “science.”[51] La théologie sert ainsi de révélateur à Max Weber pour mettre à jour la tension insurmontable existant entre la sphère de la science et celle de la religion. V. La vision wébérienne de la politique A. [...]
[...] Dans cette logique, l'assistant ou jeune savant est dépendant du directeur de l'institut, de même que, souligne Max Weber, qu'un employé d'usine dépend de son patron[8]. Si les avantages techniques de ces évolutions sont indéniables, le sociologue allemand note un changement d' esprit dans ce qu'il nomme des entreprises comparées aux anciennes universités. Max Weber poursuit la comparaison et les points de convergences entre les deux systèmes. Ainsi, il note que dans les deux systèmes, le hasard joue un plus grand rôle dans la carrière de l'individu que le mérite personnel. [...]
[...] Impatience d'un homme d'action qui demande à la science la connaissance des moyens et des conséquences, mais qui sait à l'avance qu'elle ne délivrera pas de l'obligation de choisir, parce que les dieux sont multiples et les valeurs contradictoires.[29] Max Weber aborde ensuite deux autres points capitaux : dans le premier, il rappelle que la carrière de l'universitaire est soumise d'abord au hasard. Pour bien comprendre la part du hasard dans la vie d'un savant, le sociologue explique que le professeur a pour devoir de demander aux étudiants désireux de s'engager dans la voie de la recherche : Vous croyez-vous capables de supporter sans dommage ni amertume que, d'année en année, on vous préfère des médiocres après d'autres médiocres ? [...]
[...] La science moderne est, par essence, en devenir, elle ignore les propositions relatives au sens ultime des choses, elle tend vers un but situé à l'infini et renouvelle sans cesse les questions posées à la nature. Pour toutes les disciplines, des sciences de la nature comme des sciences de la culture, la connaissance est une conquête qui ne peut jamais atteindre son terme. La science est le devenir de la science. On peut toujours aller plus loin dans l'analyse, poursuivre plus loin la recherche en direction des deux infinis. [...]
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