Dans l'ouvrage intitulé "Le savant et le politique", sont réunies deux conférences célèbres de Max Weber. Ces deux conférences nous sont traduites par Catherine Colliot-Thélène, professeure de philosophie à l'université de Rennes. Pour Weber, le prophète est une personne privée qui s'adresse avant tout au public et qui ne poursuit pas des intérêts personnels, mais qui est au service de sa cause (dimension passionnelle). L'homme politique devrait lui aussi agir comme un prophète à la différence que la cause qu'il poursuit n'a rien de religieuse. Weber déteste donc les hommes politiques soumis au succès, au prix des sacrifices de leurs idéaux (les opportunistes) : « rien de grand ne s'est fait sans passion ».
Le caractère du tragique et l'interprétation que Weber donne aux prophètes porte la trace de son propre vécu, mais aussi la trace du vécu de l'Allemagne et notamment de la Première Guerre mondiale. Weber critique le manque de passion chez le politique, car il a vécu à une époque où, selon lui, il y avait une absence de grands hommes alors qu'il en aurait fallu.
[...] La puissance doit défendre une forme spécifique de culture. Cela demande donc une politique dans cette perspective ainsi qu'une grande puissance de l'Etat nation. Il n'y a que les Etats de masse, les grands Etats, qui peuvent influer sur la civilisation mondiale, et c'est à eux que l'on demandera des comptes d'où la responsabilité des grandes puissances. Weber oppose l'éthique de la conviction et l'éthique de la responsabilité. Pour Weber, l'éthique de la conviction n'est pas dénuée de responsabilité et inversement. [...]
[...] Weber clôt une tradition plutôt que d'inaugurer une science nouvelle. Il est en effet dans la lignée de Machiavel, des fédéralistes, de Tocqueville, de Rousseau Il a cependant laissé une définition de l'Etat très célèbre et réutilisé par de nombreux scientifiques aujourd'hui. [...]
[...] Le démagogue (pas connotation péjorative) est un homme politique dirigeant qui se sert des discours oraux mais aussi de l'écrit. D'où l'importance des journalistes qui ont de grandes responsabilités. Cependant, Weber remarque que ces journalistes n'ont pas accès à des positions politiques de dirigeants. Ils ont surtout accès au fonctionnariat. L'homme politique a besoin de l'appui de la presse mais les chefs ne sont pas souvent issus de celle-ci notamment parce qu'un journaliste n'est pas disponible (au service de sa profession). Le parti moderne est loin de l'état idyllique de domination du cercle des notables, des parlementaires. [...]
[...] La préface de l'auteur explique aussi les droits et devoirs des enseignants selon Weber. Les enseignants ne doivent pas avoir d'engagement éthique ou politique durant leurs cours mais s'ils le souhaitent alors seulement dans la rue, les journaux, les églises, les réunions appropriés (réunion de parti) c'est-à-dire que le savant peut intervenir dans les débats éthique ou politique mais à condition qu'il le fasse dans des lieux appropriés où les personnes en désaccord avec lui peuvent s'exprimer (en amphithéâtre, seul le professeur à la parole, donc pas de contestation possible). [...]
[...] Il faut aussi au spécialiste un don, représenté par le vécu et la personnalité. Or, selon Weber, seul celui au service de sa cause a de la personnalité. Si un individu veut montrer qu'il a de la personnalité par le vécu, cela ne fonctionne pas (pas d'inspiration) : comment prouver que je suis autre chose qu'un simple spécialiste l'individu est détourné de sa cause. Cependant, la vocation du savant a un destin tragique car tout progrès se doit d'être dépassé un jour. [...]
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