L'introduction du Sacre du Citoyen fait en premier lieu le constat que le suffrage universel s'impose de nos jours avec la force de l'évidence. « On ne peut pas comprendre l'histoire du suffrage universel en partant de cette banalisation. Il faut au contraire bien prendre la mesure de la formidable rupture intellectuelle que l'idée d'égalité politique a introduite dans les représentations sociales des XVIIIe et XIXe siècles » (p. 13). L'auteur s'attache donc à retracer cette histoire en contredisant nombre d'idées reçues.
Car l'auteur considère l'histoire du suffrage universel comme mystérieuse, ce qui explique cette démarche réelle de compréhension. Cette dimension mystérieuse de l'histoire du suffrage universel tient à sa dimension philosophique. « Faire l'histoire du suffrage universel consiste […] à plonger dans un problème qui superpose l'histoire d'une valeur – celle de l'égalité - à l'histoire d'une institution. » (p.13). Il est en effet important de distinguer l'histoire des procédures et celle du droit de vote, qui fait l'objet cette oeuvre, car elle est jugée « philosophiquement plus centrale ».
[...] Les conservateurs hésitent entre restreindre le suffrage universel et l'aménager : c'est une puissance énigmatique Une commission d'examen des lois constitutionnelles dresse alors un catalogue des nostalgies : vote à deux degrés, vote plural, représentation des intérêts. Les légitimistes sont maintenant en recul, et libéraux et conservateur veulent éviter l'erreur de la loi du 31 mai 1850, qui a permis le coup d'Etat. C'est le temps de la résignation : le suffrage universel s'impose comme un fait social. A tel point que l'image récurrente est celle de l'irrésistibilité. [...]
[...] Ses travaux d'histoire et de philosophie politique se sont développés dans trois directions. L'histoire intellectuelle de la démocratie sur la longue durée, d'abord, avec Le Sacre du citoyen. Histoire du suffrage universel en France ; Le Peuple introuvable. Histoire de la représentation démocratique en France ; La Démocratie inachevée. Histoire de la souveraineté du peuple en France L'histoire du modèle politique français et des rapports entre État et société, ensuite, avec Le Moment Guizot ; L'État en France de 1789 à nos jours ; Le Modèle politique français. [...]
[...] La bonne loi est celle qui ne laisse à aucune indétermination. L'évidence est alors la garantie de la liberté dans la théorie de Quesnay. Dans cette voie immédiate l'opinion prime sur la représentation, et le suffrage universel est étranger à cet univers. La loi est l'expression de la volonté générale, mais le pouvoir du peuple n'est pas à l'ordre du jour. Cette dualité est due à cette conception de la généralité, qui s'oppose à l'arbitraire et à la tradition mais qui reste proche du rationalisme politique. [...]
[...] Les Trois histoires du citoyen Le sacre du citoyen se découpe en trois grandes parties. Le moment révolutionnaire tout d'abord, essentiellement à partir de 1789 jusqu'à la prise de pouvoir de Bonaparte. Puis Le répertoire des expériences de l'Empire jusqu'à la IIe République, et enfin Le temps de la consolidation qui s'étend jusqu'à l'aube du XXe siècle, voire même jusqu'au milieu du siècle dernier. Ces titres plutôt vagues traduisent l'absence de ruptures nettes et incontestables. De plus, élément original, Rosanvallon distingue trois histoires du citoyen, l'une sociale, la seconde anthropologique, et la dernière épistémologique. [...]
[...] Y a-t-il quelque chose à critiquer * Un grand nombre de va et viens ? Il est parfois malaisé d'identifier les périodes traitées dans chaque chapitre, compte tenu des vas et viens récurrent dans la chronologie. En contrepartie les évolutions sont bien mises en valeur, même l'auteur ne présente pas de ruptures radicales entre les différentes périodes. En conséquence l'ouvrage peut laisser l'impression d'une histoire linéaire, ou de conquête progressive, ce qui ne correspond pas à la thèse de Rosanvallon. [...]
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