Cette Introduction à la philosophie politique se trouve être en réalité un cours professé à l'ENA en 1952. Raymond Aron construit sa réflexion à partir du présent, c'est-à-dire de la situation politique de la IVe République et de l'analyse des régimes socialistes de l'Europe de l'Est. Sa méthode consiste en effet à partir de la réalité historique contingente afin de dévoiler quelles sont les questions de philosophies politiques pratiques que soulèvent la vie démocratique et l'espérance révolutionnaire.
Ce souci de la dimension pratique se retrouve dans sa définition de la philosophie politique qui renvoie aux « efforts pour organiser systématiquement une interprétation des sociétés aboutissant à des conclusions pratiques ». Il écarte ainsi une certaine approche de la philosophie politique qui consiste à pratiquer l'analyse à partir d'une conception métaphysique du cosmos, de l'histoire, de la religion et qui aboutit in fine à dire comment la politique devrait fonctionner (Kant). Il s'intéresse plutôt à la politique telle qu'elle fonctionne et se rapproche ainsi de la vision inductive. L'analyse procède alors en partant des réalités politiques, des problèmes propres à la vie en commun des hommes tels qu'ils se révèlent dans l'expérience historique (Machiavel, Montesquieu, Tocqueville). Il justifie ce choix par le fait qu'il n'existe plus aujourd'hui de conception métaphysique unique acceptée par l'ensemble des citoyens.
Le bon point de départ d'une analyse philosophique de la politique ne se situe plus à partir d'une opposition de la droite ou de la gauche, de la France d'Ancien régime contre la République, des petits contre les grands, mais « du fait dominant aujourd'hui, à savoir qu'il n'y a pas de différence, ressentie comme fondamentale, entre l'extrême droite et l'extrême gauche, le communisme mis à part, c'est-à-dire que, depuis la droite jusqu'à la gauche, le fait commun, c'est l'acceptation d'un certain régime dit démocratique ».
[...] Dans ce contexte, l'orthodoxie ne peut être que la conformation à la tactique du parti, seule décision valable absolument, et non plus seulement la conformation aux grandes lignes de la stratégie. La comparaison des institutions révolutionnaires et démocratiques Les institutions des démocraties populaires D'un point de vue institutionnel, le régime soviétique aussi appelé la démocratie populaire se caractérise par le monopole de l'activité politique Ce monopole met fin au pluralisme de la démocratie par le biais d'une doctrine officielle unique. [...]
[...] Les conflits d'intérêts économiques ont introduit le libre-échange qui a fragilisé une partie de la population et a ainsi conduit à la mise en œuvre de politiques sociales. Les conflits politiques sont les conflits les plus graves parce que l'enjeu est le système de concurrence pacifique. Il existe quatre sortes d'ennemis de la démocratie : les anciens privilégiés, les représentants des masses populaires qui dénoncent le régime social inégalitaire, les opposants au parlementarisme qui manque d'esthétisme et d'éclat, et les chefs des partis extrêmes dont les valeurs et les capacités ne sont pas reconnues dans un régime démocratique. [...]
[...] La notion métaphysique sur laquelle la démocratie s'appuie a un caractère particulier : elle reconnait que les gouvernants sont au service des gouvernés. L'autre traduction possible de l'idée de souveraineté populaire est celle que seul le peuple peut gouverner, ce qui conduit à la dictature du peuple. Mais cette traduction méconnaît la réalité démocratique selon laquelle l'expression du peuple ne peut se faire que dans le cadre d'une constitution, c'est-à-dire encadrée dans des règles juridiques. Concernant la liberté, la compétition électorale garantit seulement sa dimension politique, mais pas le tout de la liberté. [...]
[...] Révolution A la différence de la démocratie, le marxisme se définit moins par ses institutions que par une conception particulière de l'histoire. Il faut donc partir des idées pour saisir la spécificité de ce régime. Les différents types de marxisme Le marxisme critique et le marxisme millénariste Selon Marx, il faut distinguer les libertés formelles et les libertés réelles, c'est-à-dire les libertés politiques et libertés socio- économiques. Dans une démocratie, les individus ont en tant que citoyen une activité politique. [...]
[...] Si c'est l'action du prolétariat encadré par un parti et que la révolution a pour objectif de le mettre au pouvoir, alors on a les conditions concrètes pour établir un nouveau régime. La révolution vaut alors comme un absolu : tous les moyens peuvent être mobilisés pour atteindre ce but. Comme le parti est l'émanation du prolétariat, qu'il doit prendre le pouvoir, il faut également lui reconnaitre un caractère absolu. Comme dans la conception chrétienne, le schéma historique de la révolution socialiste donne naissance à une histoire sacrée qui est incarnée par l'histoire du parti bolchevik lui-même. [...]
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