Ce texte "La question de la démocratie" rédigé par Claude Lefort, est extrait de Le Retrait du Politique, Paris, Galilée, 1983 et a été rassemblé dans Essais sur le politique XIX° - XX° Siècles, Paris, Ed° du Seuil, 1986. Ce discours s'inscrit dans la problématique de la philosophie contemporaine qui a pour préoccupation majeure de « penser, repenser le politique… », écrit-il dans son avant-propos.
Repenser le politique à partir non seulement du sens des questions actuelles, mais aussi à partir du sens des questions essentielles, et qu'imposent leurs priorités à la philosophie politique.
Dès lors, l'auteur pose comme thème central : la contribution et l'incitation à une restauration de la philosophie politique. On peut remarquer que la formulation de cette problématique est parallèle à celle de Léo Strauss.
En effet, Lefort est un de ces philosophes majeurs du XX° siècle qui visaient à repenser la philosophie politique, mais selon des prémisses différentes quant aux points de rupture qu'exigeait une telle refondation. En effet, l'exigence du droit naturel et le détour par la philosophie classique sont pensés, pour Strauss, à partir du point de rupture apparu dans la philosophie moderne avec Machiavel, et à la liquidation de la philosophie politique par le point de vue où culmine l'historicisme (Hegel) et le nihilisme (Nietzsche) axiologique des sciences humaines.
[...] Cette actualisation est dans le fait quantitatif, elle est donc un dé- subjectivation, en tant qu'elle est une individuation numérique et substituable, et dans une certaine mesure dialectique puisqu'elle divise ce qui était censé s'unir, et réunit ce qui était censé se diviser. C'est pour cela que l'auteur parle des solidarité sociales qui sont défaites et qu'il insiste également sur la désubstantialisation de l'individualité dans sa conversion quantitative pure. Etant donné, l'importance de la valeur de la volonté de délibération et d'élection dans le suffrage universel, la société peuvent exprimer immédiatement sa volonté. Alors comment est-il possible de concevoir le contraire ? [...]
[...] Ce ne peut être donc que la différence déontologique entre société totalitaire et société antitotalitaire comme point de repère qui devrait servir l'analyse qui s'appuie sur la démarche d'un critère de démarcation entre société démocratique et société non démocratique. Mieux , elle devrait non seulement tenir ce critère issu du pouvoir de la raison pratique pour fil conducteur de l'analyse critique d'une société moderne et démocratique comme modèle possible, nécessaire et vrai pour la forme juste de toute société libre. Pourtant, Lefort semblerait concevoir la démocratie comme également porteuse des valeurs de la différence déontologique entre société libre et société despotique. Le totalitarisme n'étant que la forme achevée du despotisme. [...]
[...] La forme de société qui sous-tendait la question du meilleur gouvernement comme question centrale obligeait les modernes à concevoir le monde de la démocratie antique et le monde de la démocratie moderne comme radicalement différent l'un de l'autre. Ce qui les mettait en position de confrontation comme deux mondes incompatibles, l'un régi par le principe de l'assujettissement à la cité, l'autre atomisé par l'indépendance de l'individu suivant le schéma célèbre donné par Benjamin Constant pour différencier la liberté des Anciens de celle des Modernes in Ecrits Politiques. [...]
[...] C'est tout cela que nous allons examiner maintenant. La question du politique demande de faire au regard du surgissement de l'expérience démocratique et de ce despotisme invisible à vocation mondiale un retour sur cette dimension de la question classique, présentée comme ouverture à la question universelle de la philosophie politique, elle a toujours eu en vue la différence d'essence entre régime libre et despotisme ( ) p.18. En effet, il s'agit de discerner d'un côté les obstacles philosophiques qui gênent l'appréciation d'un critère sur lequel la distinction entre la démocratie et le totalitarisme puisse se fonder, et de l'autre les obstacles idéologiques, non seulement le point de vue de la science politique avec lequel il faut rompre, mais aussi les idéologies contradictoires mixes de déconstruction et de valorisation du sujet politique. [...]
[...] Lefort affirme même que ce dernier a brisé le rapport qu'entretenait la philosophie avec la naïveté Toutefois en quoi réside cette brisure pour notre auteur ? Selon celui-ci il s'agit d'un enseignement important en ce que le totalitarisme n'est pas un produit de la culture sociale soviétique. Ce qui le conduit à s'interroger sur le dépérissement de cette idéologie qui n'a guère libéré la pensée et même qui ne lui a pas rouvert le chemin de la philosophie politique p.18. [...]
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