Il convient de noter la structure particulière du texte de Kant avant de l'aborder plus en détail. Il le construit ainsi comme un traité de paix, car il veut capter l'intérêt des juristes et des diplomates et il va donc adopter leur langage, mais il suscite également notre curiosité. En effet, Kant énonce une opinion commune qui repose sur l'opposition entre praticien (le politique) et le théoricien (le philosophe) et qui affirme que les réflexions du philosophe n'ont aucun impact sur la vie politique.
[...] Il insiste également sur la notion de publicité. Le gouvernant doit utiliser cette publicité, cette transparence pour gouverner et diffuser le droit public de façon transcendante et il énonce ainsi : toute action relative au droit d'autrui et dont la maxime ne souffre pas la publicité n'est pas de droit La publicité permet l'accord entre politique et morale dans la mesure où elle garantit le droit, la justice et pacifie les rapports entre les Etats car les intentions des Etats sont connues. [...]
[...] Dans l'annexe il met en relief le rôle de la nature, artisan des choses pour Kant, dans le dessein de paix perpétuelle. Elle utilise d'abord au sein d'un Etat le mécanisme de la nature à savoir l'existence d'antagonismes et d'égoïsmes pour accéder à sa propre fin c'est-à-dire la prescription du droit et par conséquent aussi pour promouvoir et assurer la paix De plus la nature utilise deux éléments pour éviter la création d'une monarchie universelle un pouvoir mondial tout puissant : les différences de langues et de religions qui certes entraînent des haines mais également une plus grande harmonie avec le développement de la civilisation. [...]
[...] Ces articles incitent donc à supprimer les causes de la guerre mais ils constituent également les fondations de la paix et les articles définitifs leur font écho. Ces articles provisoires peuvent être résumés ainsi : la paix ne doit pas être confondue avec un simple armistice ; aucun État ne doit être assimilé à une possession patrimoniale ; les armées doivent disparaître, l'Etat ne doit pas s'endetter en vue de la guerre ; il ne doit pas s'ingérer dans les affaires d'un autre État et il ne doit pas utiliser des procédés honteux qui interdisent la reprise de toute relation. [...]
[...] Pour lui, la souveraineté des Etats est la base même de la paix mondiale et elle est présente en filigrane dans les six articles provisoires mais celui qui est le plus marquant est celui où il affirme, environ 150 ans avant l'ONU, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes Pour Kant, le non-respect de cette souveraineté serait un scandale, un danger pour l'autonomie de tous les Etats L'auteur se serait donc opposé à l'intervention américaine en Irak et nie le droit d'ingérence (sauf en cas de guerre civile). Cependant, les guerres de l'époque n'avaient aucune commune mesure avec les conflits actuels. *Une Vision d'un nouvel ordre mondial ? Dans le deuxième article définitif prône la création d'un fédéralisme d'Etats libres. Il ne s'agit pas d'un Contrat de paix (pactum pacis) qui mettrait seulement fin à une guerre pas à l'état de guerre mais d'une Alliance de paix (foedum pacificum) qui aurait pour but d'abolir définitivement toutes les guerres. [...]
[...] Le projet de Kant, une utopie ? Le projet de Kant peut sembler idéaliste et certains le qualifient même d'utopique. Péguy dit ainsi du philosophe : Kant a les mains pures mais il n'a pas de mains Cette affirmation est-elle justifiée ? Non comme en témoigne ce passage du troisième article définitif : Tout comme les articles précédents il ne s'agit pas ici de philanthropie mais de droit Ainsi, Kant expose des notions juridiques et fait référence au droit mais se positionne en même temps en tant que philosophe. [...]
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