De Machiavel à Éric Weil, Gérard Mairet décrit les étapes historiques de la théorisation du principe de souveraineté ainsi que ses fondements métaphysiques, juridiques et éthiques. La souveraineté consiste, depuis le XVIè siècle, à ramener la liberté des hommes à leur responsabilité. Désormais ils font leur propre histoire et l'existence de Dieu leur est indifférente. Nous allons donc étudier avec Gérard Mairet l'origine et la construction de ce principe porteur de modernité et de nouveauté et voir à quel point une telle construction “tisse la trame de notre propre histoire”. Enfin, il s'agira de comprendre en quoi le XXè siècle, siècle d'Auschwitz, a pu mettre fin au principe de souveraineté
[...] Histoires Sans doute la fin de la souveraineté n'est-elle encore qu'une hypothèse. Mais Gérard Mairet l'évoque, en fin de discours, avec tant de conviction que tout son essai prend, à son insu peut-être, l'allure d'un “rappel au règlement” . Ici, Machiavel est premier qui, tout en n'inventant pas la souveraineté, la rend possible en affirmant que la politique est affaire humaine et rien qu'humaine. Machiavel prépare le terrain sur lequel la modernité va bâtir l'État historique sur ses deux fondations humaines, la loi et la force. [...]
[...] Deux fictions sont à la base de l'État : la fiction universaliste et la fiction du peuple. Marx cherche à rectifier le concept de souveraineté en le faisant passer de la fausse universalité du peuple à la réalité de la classe universelle (le prolétariat) - le parti. Avec Lénine et la fusion de l'État et du parti unique, la séquence de la souveraineté prince - peuple - parti s'achève. En cette fin de siècle, le principe de souveraineté cesse d'être constitutif d'un avenir, il ne porte plus la révolution en lui. [...]
[...] Après avoir recouru à une étude très complète et riche de l'histoire de la fondation du principe de souveraineté, véritable histoire des idées politiques, Gérard Mairet procède à une analyse nettement moins pertinente des fondements de la souveraineté. En effet, il nous semble que cette seconde partie se noie un peu dans les répétitions et les enchaînements pas toujours logiques de concepts métaphysiques. Le lecteur a tendance à perdre le fil de la pensée de l'auteur et la thèse de sa crédibilité. [...]
[...] Aujourd'hui le principe de souveraineté est un lieu vide d'avenir : “Aujourd'hui les trônes sont vides laissant les multitudes soit dans l'attente d'une nouvelle servitude, soit, au mieux, dans l'habitude des libertés abstraites des démocraties plébiscitaires”. Ces réflexions résonnent comme des avertissements qui ne laissent pas indifférents mais il me semble que la force de ces considérations est affaiblie par le manque de cohérence de l'ensemble du texte (de la deuxième partie). Conclusion Gérard Mairet conclut son essai sur l'achèvement du principe de souveraineté et le rappel de État nazi. [...]
[...] La pensée de la souveraineté est la pensée du peuple comme acteur politique, comme référent de la pensée et de l'action : peuple est à l'horizon du principe de souveraineté et, à l'horizon du peuple, il y a l'historicité de la condition humaine, l'historicité de la liberté.” Après l'achèvement de la construction de la souveraineté, il s'agit désormais de procéder à quelques rectifications. Guizot élabore une critique de toute souveraineté légitime “terrestre” en posant la question de l'identification du peuple. [...]
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