L'Europe du XVe au XVIIIe siècle est caractérisée comme le mettait en avant F. Braudel ou N. Elias par un morcellement de l'espace débouchant sur des combats multiples entre seigneurs féodaux. Machiavel vit dans un monde politique où la guerre est omniprésente et où le prince doit sans cesse préparer celle-ci tout en gouvernant son peuple. En tant que technicien de la politique, Machiavel va à travers cet ouvrage tenter d'enseigner à ces princes qu'elle est la manière la plus efficace de gouverner.
L'ouvrage de Machiavel a rencontré un succès incontestable dans les élites politiques de son temps, le tsar Frédéric II le qualifiant « d'abominable ». Parce qu'il présentait la chose politique d'une manière extrêmement technique, reléguant les principes et la morale à un plan subalterne, il a choqué et interpellé, dépeignant une vision froide et calculatrice du politique, vision qui connaît encore aujourd'hui des prolongements.
La question est alors de savoir si cet ouvrage est intemporel, si le politique d'aujourd'hui est machiavélique, outrepassant les bouleversements politiques majeurs que constitue la globalisation des régimes démocratiques.
[...] Tout d'abord sur un plan purement stratégique, ces principautés sont dures à maintenir sous le joug du prince conquérant car celui-ci doit d'une part satisfaire les attentes que le peuple a placées en lui et qui lui ont permis de conquérir la principauté et d'autre part satisfaire les individus plus haut placés qui lui ont servi de complice, ceux-ci ne s'estimant selon Machiavel jamais assez remerciés. Sur un plan sociologique ensuite, il est facile de conquérir une principauté de coutumes ou de langage assez proche, Machiavel approchant ici l'idée de nation. Dans la mesure où une principauté est rattachée à une autre principauté qui lui est relativement semblable sur le plan des mœurs, la conquête se fera aisément. Si en revanche ces principautés sont en tout point différentes de la principauté centrale, il existe pour que le prince conquérant s'y établisse avec justesse. [...]
[...] Le Prince d'aujourd'hui ne possède donc plus tous les pouvoirs, on pourrait même dire que ce Prince vu par Machiavel n'existe plus. Le Président de la République française est bien le premier général des armées mais sa politique étrangère est entre autres conditionnée par l'accord du Parlement. Ce Parlement vote les lois mais le parlementaire obéit à une discipline partisane, il n'est qu'un maillon de la chaîne. Aucun de ces organes ne rend la justice comme pouvait la rendre un Prince, c'est la tâche dévolue au pouvoir judiciaire. [...]
[...] II) Commentaire : Dans quelle mesure le politique est-il machiavélique ? Introduction L'ouvrage de Machiavel a rencontré un succès incontestable dans les élites politiques de son temps, le tsar Frédéric II le qualifiant d'abominable Parce qu'il présentait la chose politique d'une manière extrêmement technique, reléguant les principes et la morale à un plan subalterne, il a choqué et interpellé, dépeignant une vision froide et calculatrice du politique, vision qui connait encore aujourd'hui des prolongements. La question est alors de savoir si cet ouvrage est intemporel, si le politique d'aujourd'hui est machiavélique, outrepassant les bouleversements politiques majeurs que constitue la globalisation des régimes démocratiques. [...]
[...] L'émergence des puissances supranationales : vers une fin de la lutte entre principautés ? La fin de l'histoire : Dans un ouvrage intitulé La fin de l'Histoire, Francis Fukuyama défend la thèse selon laquelle la progressive implantation du modèle démocratique à travers le monde aurait favorisé la baisse des guerres entre Etats au profit de règlements des désaccords plus pacifiques. Si cette théorie est contestable, il n'en reste pas moins que l'émergence d'un droit international insistant sur la souveraineté des peuples demeure des éléments de sécurisation de l'espace politique mondial. [...]
[...] Il en résulte que les seules forces sur lesquelles un Prince puisse réellement compter sont ses forces propres, les autres étant soit trop faibles soit déjà acquises à un autre Prince et donc dans les deux cas peu sures. Chapitre 14 : Ce que doit faire le Prince à propos de la guerre Un Prince qui néglige l'art de la guerre pour succomber aux différents plaisirs que peut lui apporter son rang se retrouvera tôt ou tard relégué au rang de simple particulier. [...]
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