La Parole Manipulée, Philippe Breton, liberté de parole, redéfinition de la démocratie, espace public
Philippe Breton est un professeur des Universités au Centre universitaire d'enseignement du journalisme (CUEF) à l'Université de Strasbourg. Il est Docteur d'Etat en Sciences de l'information et de la communication, et Docteur en Psychologie. En 1998, il publie La Parole manipulée qui lui vaut le Prix de la philosophie morale et politique, de cette même année, de l'Académie des sciences morales et politiques.
Dans ce livre, l'auteur traite le thème de la démocratie et plus spécifiquement la question de la liberté de parole, qui engendre une redéfinition de la démocratie et de l'espace public.
[...] Un espace public est commun est créé "l'Agora" dans lequel les individus sont égaux et occupent des positions "symétriques" 34 = opposées Cela se traduit immédiatement par une prééminence de la parole sur tous les autres instruments de pouvoir. La parole devient selon l'auteur "l'outil politique par excellence, la clé de toute autorité dans l'Etat, le moyen de commandement et de domination sur autrui." et c'est ce que nous verrons et en quoi. La parole a alors de nouvelle vocation : le débat contradictoire, la discussion, l'argumentation. Son importance est prédominante dans la société, notamment sa fonction de conviction, parce qu'elle est au centre de notre vie sociale, culturelle, et politique. [...]
[...] Le déploiement de sa potentialité a été rendu possible sous l'empire car selon l'auteur, même sous le joug d'un tyran, les peuples voudraient encore être convaincus. Les moyens de manipulation modernes : La publicité de nos jours il y a des spécialistes des sciences du comportement et de la "recherche des motivations" (l'homme devient une sorte de marchandise). L'auteur reprend les propos de Stuart Ewen : "le propos publicitaires, c'est de modifier et de contrôler notre économie mentale". La publicité va devenir une vaste région de l'Empire du convaincre. [...]
[...] La parole et le convaincre. Les fonctions de la parole La parole est spécifiquement humaine. Elle se déploie sur trois registres essentiels selon l'auteur, qui la constituent : - l'expression -l'information - la conviction Dans ce sens, les modes de communication qu'elle fonde se distinguent radicalement de ceux qui rassemble les animaux au sein d'une même espèce. Contrairement à l'animal, l'être humain déploie des intensités différentes, bien qu'il possède en commun avec l'animal et la machine le registre de l'information et de l'expression, il a une capacité innovante à avoir un point de vue, des projets, une intervention sur le monde qui l'entoure. [...]
[...] Stuart Ewen montre que la publicité façonne les consciences et porte en elle-même l'apologie de la société de consommation et de la culture de masse. La notion d'image devient alors très importante, elle est même une création d'un nouvelle causes à défendre. Chacun est précédé d'une sorte de double de lui-même, son image, la société de communication se présente comme un monde où ne communiquent plus que les images des entités qui les composent. Alors, on s'adapte à ce qu'attend l'autre plutôt que d'assumer sa propre réalité, l'homme est une marchandise. (ce qui va engendrer des conséquences sur les liens sociaux). [...]
[...] Le lien social serait alors plus proche de l'utopie énoncée, et là aussi, la liberté de parole, de réception et de médiation serait plus égalitaire. L'auteur émet également une autre possibilité. La manipulation, puisqu'elle semble inévitable, consistant en une potentialité de la parole, et qu'abolir cette potentialité pourrait être vu comme restrictif, devrait alors être plus au service de "causes nobles". Serge Tchakhloline (Le viol des foules par la propagande politique) soutient que l'on peut faire de la propagande dynamique, même violence, sans violer les principes moraux, base de la collectivité humaine. [...]
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