Le Nouvel Esprit du capitalisme, Luc Boltanski, Eve Chapello, mai 1968, critique du capitalisme, mutations idéologiques, discours de management, formes de mobilisation, cité par projets, fiche de lecture
Le projet de ce livre est né au cours des années 1990, alors que l'on pouvait observer la coexistence d'une dégradation des conditions de vie économiques et sociales d'un grand nombre de personnes, et une critique sociale du capitalisme (profondément réaménagée) profondément désarmée. Au contraire, l'observation de la fin des années 1960 et des années 1970 prêtait exactement à l'observation inverse : le capitalisme connaissait un ralentissement de sa croissance, alors que la critique sociale (de type marxiste) s'associait à une critique artiste (appelant à la créativité, au pouvoir de l'imagination, à la destruction de la "société de consommation", entre autres), qui étaient alors au plus haut (on pense à mai 1968).
L'objectif de ce livre n'est pas de se joindre aux critiques du capitalisme, mais de comprendre l'affaiblissement de la critique au cours des deux dernières décennies (ce qui amènera à utiliser le modèle proposé par Boltanski et Thévenot dans "Les Economies de la Grandeur"). Le livre se compose de 8 parties (sans compter l'introduction et la conclusion). Joffrey Collignon s'est chargé de ficher les quatre premières, Benoît Deterre fichant, lui, les quatre dernières. Cet ouvrage propose une interprétation du mouvement qui va des années suivant les événements de mai 1968, où la critique du capitalisme est très visible, aux années 1990, où les formes d'organisation du capitalisme mutent. On s'intéressera aux changements idéologiques ayant accompagné ces transformations.
[...] Le contrat d'activité en est une solution. En effet, une entreprise peut des salariés à une autre où les faire travailler à temps partiel ce qui satisfait l'exigence de flexibilité des entreprises tandis que l'employé acquiert des compétences. Ainsi, les risques sont mutualisés. Il existe l'idée d'un revenu universel, c'est-à-dire l'idée d'un revenu minimal pour tous afin de donner aux agents la possibilité de monter des projets. Cependant, il coûte environ 10 fois plus cher que le ainsi tous ces dispositifs visent à favoriser la mobilité du plus grand nombre. [...]
[...] L'agent est donc dans un certain sens libéré par le nouveau capitalisme, car il a le sentiment d'accomplir quelque chose. Mais dans le même temps, il est de plus en plus enfermé, car il est de plus en plus surveillé. Les deux sens de « libération » sur lesquels joue sa récupération par le capitalisme Il ne faut pas confondre délivrance par rapport à une situation d'oppression de la notion d'émancipation par rapport à une situation de détermination. La délivrance pointe des aliénations spécifiques, c'est-à-dire des cas où un groupe en oppresse un autre. [...]
[...] Ces pays sont nettement plus cités dans la littérature désormais, comme participant de l'accentuation de la concurrence et de la mise en place d'une lutte économique merci ». Apparaissent les termes d'« entreprise de « production au plus ainsi que l'idée d'une organisation du travail en équipe, projets », exemplifiée par ce qu'on observe entre autres à Toyota. Cette entreprise a ainsi seulement 3 à 5 échelons hiérarchiques au maximum. Ce processus est appelé par les auteurs le « reengineering », qui consiste à former des réseaux formés d'organisations flexibles, innovantes et compétentes, dirigés par des « leaders visionnaires ». [...]
[...] Le Nouvel Esprit du Capitalisme Luc Boltanski et Eve Chiapello (1999) Le Nouvel Esprit du Capitalisme (Luc Boltanski et Ève Chiapello, Gallimard, Collection NRF Essais pages) Remarque préalable : Ce livre étant, comme vous pouvez le voir, assez long, et écrit dans une rhétorique sociologique assez particulière, la fiche est en conséquence assez longue. Cependant, vous n'avez peut-être pas le temps de lire les quelques dizaines de pages qui suivent, et c'est compréhensible. Aussi, si vous connaissez la rhétorique boltanskienne de la cité et de l'épreuve, et que vous savez ce qu'est l'esprit du capitalisme, vous pouvez sauter l'introduction. [...]
[...] Ainsi la notion de cadre tend à être démantelée à cause, entre autres, du fait que cette notion est typiquement française et donc non applicable à l'étranger. En outre aujourd'hui, la notion de responsabilité n'est plus le monopole des cadres. Ainsi, il convient de passer d'un mode de gestion collectif à un mode de gestion individuel pouvant intégrer les valeurs montantes de la branche. La nomenclature, dont les modes d'organisation sont de plus en plus souples, devient donc de plus en plus obsolète. [...]
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