Luc Boltanski, Eve Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, changements idéologiques, contraintes systémiques, principe d’accumulation, vulgate, progrès matériel
L'aspiration première de Luc Boltanski et d'Eve Chiapello est d'apporter une réponse fondée à l'interrogation suivante : Comment le capitalisme fait-il pour survivre aux crises ?
Afin de créer un modèle de changement à même d'expliquer les transformations historiques du capitalisme sur les trentes dernières années, les deux auteurs se proposent de scruter les changements idéologiques qui ont accompagné les transformations récentes du capitalisme. L'observation empirique de ces transformations successives et la construction d'un cadre théorique à vocation générale leur permet de proposer une explication à la survie du capitalisme.
[...] D'une certaine manière, l'objectif de Boltanski et Chiapello est atteint. Ils sont parvenus à proposer un modèle convainquant de justification de la pérennité du système capitaliste, et ce en dépassant les pointant dans un premier temps l'absurdité de sa prédominance et de sa survie - le capitalisme trouvant sa finalité en lui-même les auteurs la justifient dans un second temps par l'existence de l'esprit du capitalisme, idéologie qui lui est corollaire et qui, en absorbant les critiques qui lui sont adressées, apportent au capitalisme fondements moraux et orientations de redéploiement. [...]
[...] Le rôle moteur de la critique dans la création et les transformations de l'esprit du capitalisme et indirectement dans la sauvegarde de l'ordre capitaliste Au préalable, il est nécessaire de préciser que les auteurs différencient deux sortes de critiques. La critique dite voice, et la critique dite exit. Si la critique voice se caractérise par sa visibilité dans l'espace public et n'a que peu d'effets (nous le verrons) sur l'évolution du système capitaliste, la critique exit, bien que pratiquement invisible dans l'espace public et tourné essentiellement vers les mécanismes économiques de concurrence, conduit presque essentiellement l'évolution du capitalisme. a. La critique voice opérateur principal de la création et de la robustesse de l'esprit du capitalisme. [...]
[...] Des altercations d'un genre nouveau ont lieu sur les lieux de travail (altercations avec chefs hiérarchiques par exemple). Il semble que décontenancé par la gravité de la situation, le patronat ait interprété ce nouveau type d'altercations sans solution évidente à l'aune des conflits qu'il connaissait et qui étaient reconnus, institués et encadrés juridiquement. Autrement dit à l'aune de l'esprit du capitalisme alors dominant et qui prônait notamment les impératifs de sécurité et de revalorisation salariale. Dès la deuxième moitié des années soixante-dix avec l'affirmation de la critique artiste, l'esprit du capitalisme change, orientant les développements futurs du système capitaliste. [...]
[...] Le nouvel esprit du capitalisme Luc Boltanski, Eve Chiapello Luc Boltanski, Eve Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard Introduction, conclusion et seconde partie I. Présentation des auteurs A. Eve Chiapello Née en 1965, Eve Chiapello est une sociologue spécialiste de management. Professeur au département comptabilité et contrôle de gestion au groupe HEC, elle est également cofondatrice et co-responsable de la majeure Alternative Management au sein de HEC Paris. Ses domaines de prédilection sont les suivants : le management des organisations culturelles, les cadres les managers et la transformation du capitalisme, la sociologie des formes comptables et l'étude des idéologies dominantes de la sphère économique On peut dès lors comprendre ses motivations à cosigner le Nouvel esprit du capitalisme aux côtés de Luc Boltansky. [...]
[...] Bien évidemment, ces productions culturelles contemporaines ont très souvent été développées à d'autres fins que celle de justifier le capitalisme. Le plus souvent d'ailleurs, elles le fustigent. Ainsi, confronté à l'exigence vitale de sa propre justification, le capitalisme mobilise un déjà-là dont la légitimité est assurée et auquel il va donner un tour nouveau en l'associant à l'exigence d'accumulation de capital. Cette dimension morale est relayée, selon les auteurs, dans les discours des principaux acteurs chargés de se faire les porte-parole des actes économiques associés au capitalisme. [...]
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