La gouvernance, notion centrale de cet ouvrage, est l'ensemble des transactions par lesquelles des règles collectives sont élaborées, décidées, légitimées, mises en œuvre et contrôlées (définition de Pascal Lamy, commissaire européen). Machiavel s'est proposé ici de rechercher « l'essence des principautés, combien de sortes il en existe, comment on les acquiert, comment on les maintient, et pourquoi on les perd ». La réflexion sera néanmoins limitée aux apports de cette œuvre en matière de gouvernance, laissant donc de côté les clefs données par l'auteur pour accéder au pouvoir.
Quels enseignements peut-on tirer aujourd'hui de l'étude de Machiavel sur les principes fondamentaux de la gouvernance ?
[...] De surcroît, il précise que le vulgaire est toujours séduit par l'apparence et par l'évènement ce qui signifie que ce qu'aura fait le prince pendant son règne, aussi immoral et cruel que ce soit, sera effacé par le résultat de ce règne, ou de ce mandat pour parler des temps modernes. Cette pensée est celle d'un homme désabusé, désenchanté, qui soutient sans sourciller que les hommes sont mauvais, avides de pouvoir, et profondément égoïstes. Tout l'ouvrage de Machiavel, plus que sur la bonne gouvernance, est fondé sur la façon dont un gouvernant doit s'y prendre pour assouvir ses ambitions personnelles, conquérir, dominer, et commander. Cette œuvre nous apprend que le bon chef d'Etat doit être entreprenant, astucieux, impitoyable et hypocrite. [...]
[...] Cette réflexion va présenter les caractéristiques machiavéliennes du bon gouvernant : En premier lieu, ce dernier doit savoir allier finesse et audace ; combiner la ruse du renard à la vaillance du lion, et en second lieu il doit s'affranchir des principes moraux en sachant prendre la voie du mal et en maîtrisant l'art de la tromperie. Allier intelligence stratégique et hardiesse Selon l'auteur, le bon chef d'Etat doit tâcher d'être tout à la fois renard et lion, car s'il n'est que lion, il n'apercevra point les pièges ; s'il n'est que renard, il ne se défendra point contre les loups En d'autres termes, tout bon gouvernant doit être capable de faire preuve à la fois de réflexion, de ruse, de technique et de courage, de vaillance et de force. [...]
[...] Dans un premier temps, en ce qui concerne la défense, il doit disposer de ses propres troupes. Les seules bonnes armes sont celles qui sont propres au prince, composées de ses citoyens, de ses sujets, de ses créatures. En un mot, les seules bonnes troupes sont les troupes nationales. Ensuite, le chef d'Etat ne doit pas s'associer à un autre Etat plus puissant dans l'espoir d'en vaincre un troisième. Cela aurait pour conséquence le fait qu'il soit redevable, chose à éviter à tout prix. [...]
[...] Cependant, toutes les cruautés ne sont pas vertueuses, les cruautés bien exécutées, si toutefois le mot bien ne peut jamais être appliqué à ce qui est mal observe pudiquement Machiavel, sont celles qui sont commises toutes à la fois afin de pourvoir à la sureté du gouvernant nouveau. Ce dernier doit donc déterminer toutes les cruautés qu'il lui est utile de commettre et les exécuter en bloc pour n'avoir pas à y revenir par la suite, car les injures moins longuement ressenties paraissent moins amères. [...]
[...] Il doit apprendre à connaître son pays, exercer son corps et lire les historiens pour s'inspirer des stratégies des grandes figures de la guerre. Selon l'auteur, on n'évite pas la guerre, on la diffère à l'avantage d'autrui Il ne faut donc pas que le bon gouvernant ait peur de s'engager dans un conflit armé, et Machiavel va même plus loin en affirmant que la paix est le temps de l'hypocrisie, des promesses vaines et des grands discours et que c'est, pour lui, au moment de la guerre que les masques tombent Susciter la crainte plutôt que la sympathie Susciter la crainte de ses sujets est, aux yeux de Machiavel, plus sûr que d'en susciter l'affection, et cela pour plusieurs raisons. [...]
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