Dans les sociétés européennes, le pouvoir politique a évolué vers des formes de plus en plus centralisées. L'administration, la bureaucratie et l'organisation centralisée de l'Etat font l'objet de travaux d'historiens depuis de nombreuses années. Mais Foucault souhaite parler d'une autre évolution, moins connue mais non moins importante pour les sociétés modernes, qui est en apparence (mais seulement en apparence) éloignée de l'évolution vers un Etat centralisé. Cette autre espèce de transformation qui touche les mêmes relations de pouvoir que la centralisation de l'Etat, c'est le pastorat. Foucault le définit comme le « développement des techniques de pouvoir tourné vers les individus et destinées à les diriger de manière continue et permanente » . Ainsi, « si l'Etat est la forme politique d'un pouvoir centralisé et centralisateur [il faut appeler] pastorat le pouvoir individualisateur » .
Foucault inscrit son intervention dans l'histoire de la philosophie politique. Selon lui, depuis Kant, la philosophie a toujours eu pour rôle de surveiller les abus de pouvoir de la rationalité politique. Mais c'est surtout au XIXe siècle que la puissance de cette raison commence à inquiéter, notamment par les menaces qu'une société encline à la rationalisation peut faire peser sur les libertés de l'individu. Le lien entre la rationalisation et les abus du pouvoir politique est évident, et il n'est pas besoin d'attendre les camps de concentration ou la bureaucratie pour s'en rendre compte. Mais cela ne signifie pas qu'il faille faire le « procès » de la raison : ce serait une entreprise stérile. Les travaux qui sondent le rationalisme propre aux Lumières, notamment ceux de l'école de Francfort sont précieux, mais Foucault propose une autre manière d'étudier les liens entre la rationalisation et le pouvoir.
L'expérience fondamentale dont traite « Omnes et singulatim » est le problème de l'individualité, c'est-à-dire le problème du rapport entre l'identité et le problème du pouvoir individualisant. C'est en ce sens que Foucault propose une analyse du pouvoir pastoral comme pendant à une évolution vers un pouvoir étatique centralisé. L'objet du texte est donc double : il va s'agir tout d'abord de présenter l'origine de la modalité pastorale du pouvoir, puis ensuite de montrer comment ce pastorat a pu se trouver associer à son contraire : l'Etat.
[...] Ce sont surtout les Hébreux qui ont développé et amplifié le thème pastoral, mais avec une caractéristique singulière : Dieu seul est le berger de son peuple. Seul David est une exception positive : en sa qualité de fondateur de la monarchie, il est invoqué sous le nom de pasteur : Dieu lui a confié la mission de rassembler son troupeau. Il y a aussi des exceptions négatives : les mauvais rois sont comparés à de mauvais pasteurs : ils dispersent le troupeau, le laissent mourir, ne songent qu'à leur propre profit. [...]
[...] Pour Von Justi, l'objet spécifique de la police est la vie en société d'individus vivants. Mais il l'envisage d'une certaine façon qui permet de mieux rendre compte que De Lamare de l'évolution du problème de la police, et cela, pour quatre raisons Von Justi souligne plus clairement le paradoxe de la police : elle permet à l'Etat d'accroître son pouvoir, mais elle doit aussi garder les gens heureux. Il définit parfaitement la rationalité étatique de son époque : développement les éléments constitutifs de la vie des individus de telle sorte que leur développement renforce aussi la puissance de l'Etat Von Justi distingue la Polizei et la Politik. [...]
[...] Michel Foucault,"omnes et singulatim": vers une critique de la raison politique Introduction Dans les sociétés européennes, le pouvoir politique a évolué vers des formes de plus en plus centralisées. L'administration, la bureaucratie et l'organisation centralisée de l'Etat font l'objet de travaux d'historiens depuis de nombreuses années. Mais Foucault souhaite parler d'une autre évolution, moins connue mais non moins importante pour les sociétés modernes, qui est en apparence (mais seulement en apparence) éloignée de l'évolution vers un Etat centralisé. Cette autre espèce de transformation qui touche les mêmes relations de pouvoir que la centralisation de l'Etat, c'est le pastorat. [...]
[...] On retrouve donc à propos du berger, tous les thèmes typiques de la métaphore pastorale des textes orientaux. Par rapport à cela, la tâche du roi va être similaire en ce qui concerne la première tâche : il est seul à la tête de la cité. Mais ce n'est pas le cas pour la seconde : la nourriture n'est pas fournie par le roi, mais par le cultivateur et le boulanger, les soins par le médecin et la musique par le maître de gymnase. [...]
[...] Le pasteur est plus proche du dévouement : tout ce qu'il fait, il doit le faire pour le bien de son troupeau. Quand le troupeau sommeille, le pasteur veille. Le thème de la veille fait ressortir deux aspects du dévouement du pasteur : il agit, travaille et se met en frais pour ceux qu'il nourrit et qui sont endormis ; il veille sur eux, prête attention à tous et à chacun, il doit connaître son troupeau dans l'ensemble et en détail. En conséquence, le pouvoir pastoral suppose une attention individuelle à chaque membre du troupeau B. [...]
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