En écrivant «C'est de l'indépendance de la pensée, de l'opinion, en regard du pouvoir, c'est du clivage entre pouvoir et savoir qu'il s'agit dans l'affirmation des droits de l'homme et non seulement, non pas essentiellement de la scission du bourgeois et du citoyen, de la propriété privée et de la politique » , Claude Lefort différencie son point de vue par rapport à celui de Karl Marx et lui reprochait de ne pas le voir. Pour faire une référence directe au texte de Marx, je cite : « La liberté est donc le droit de faire et d'entreprendre tout ce qui ne nuit pas à autrui » (…) Il y va de la liberté de l'homme comme monade isolée et refermée sur elle-même. Et il commentera un peu loin : « Mais le droit de l'homme qu'est la liberté se fonde non pas sur ce qui relie l'homme à l'homme, mais au contraire sur la séparation de l'homme avec l'homme ».
Ainsi Marx associe-t-il la notion de liberté positive, le pouvoir de faire ce que je veux, avec la notion de liberté négative, qui consiste à ne pas nuire à autrui. La représentation de Marx adopte une vision selon laquelle la liberté d'opinion est vue comme la liberté de propriété de l'individu et partant elle constitue un élément éloignant les hommes entre eux.
[...] En effet Marx se retrouvera au sein de la Ligue communiste alors que Lefort fréquentera le mouvement trotskyste. Deux lectures croisées Le thème des droits de l'homme en général et de la liberté en particulier chez Karl Marx face à la critique de Claude Lefort Pour faire une référence directe au texte de Marx, je cite : La liberté est donc le droit de faire et d'entreprendre tout ce qui ne nuit pas à autrui ( ) Il y va de la liberté de l'homme comme monade isolée et refermée sur elle-même. [...]
[...] Marcel Gauchet répondra que Marx voyait bien tout cela, mais que justement il l'exprimait par d'autres concepts. Ouvrages consultés Textes du syllabus : Sur la question juive, L'invention démocratique et Démocratie et totalitarisme. A propos de Claude Lefort. MOLINA, Esteban, Le défi du politique : totalitarisme et démocratie chez Claude Lefort, Paris, l'Harmattan Pour les éléments biographies, je vous invite à consulter le blog en ligne de Marcel Gauchet http://gauchet.blogspot.com/ Voir syllabus page 43 et suivante. Voir page 56 du syllabus. [...]
[...] Or, si l'homme est particulier, la critique marxiste constate que cet homme est écarté de la politique et de l'État. Marx met en avant le contraste entre l'homme concret fait de ses spécificités et l'homme conceptuel, citoyen accédant à la politique et à l'État. En d'autres termes et pour faire plus simple, Marx distingue les droits de l'homme des droits du citoyen par un dédoublement entre le bourgeois, l'homme religieux, le juif en l'occurrence et le citoyen. Les droits de l'homme ne sont pour lui que ceux de l'homme égoïste, de l'homme séparé de l'homme et de la communauté Les droits du citoyen renvoient à une communauté d'homme, ce sont les droits, je cite : de l'individu s'ouvrant à une préoccupation universelle alors que les droits humains revoient à la séparation du membre de la société. [...]
[...] Si dans la conception de Marx les libertés ‘formelles' sont les fausses libertés de l'homme séparé du reste de la société, les libertés ‘réelles' sont celles dont chacun peut jouir concrètement. Cependant, cette théorie de la liberté n'est pas partagée par Claude Lefort. En effet, dans son texte L'invention démocratique, Claude Lefort s'étonne de la façon par laquelle Marx se borgne selon ses propres termes, à ne pas voir les effets pratiques que constituent les droits sur la vie sociale. [...]
[...] Il en va que la séparation du savoir et du pouvoir conduit à la neutralisation politique du savoir. En ce sens, les hommes deviendraient des confédérés et n'ont pas des concitoyens et cela nous renvoie à la notion du monadisme lancée par Karl Marx et justifiée par Marcel Gauchet lorsqu'il énonce la théorie de Montesquieu, dans le but de trouver le moyen de concilier opinions différentes et stabilité politique. Ce dualisme (pouvoir sans opinion et opinions sans pouvoir), Gauchet considère que Marx l'ai bien vue tout en le reformulant à sa manière en posant le paradoxe de la conception politique bourgeoise où c'est l'homme bourgeois qui est pris comme modèle de l'aboutissement de l'homme et non le citoyen. [...]
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