Né en 1929 près de Cologne, Jürgen Habermas est le philosophe allemand le plus renommé à l'étranger. Il incarne la deuxième génération de l'école de Francfort en se distinguant de ses créateurs par son refus du pessimisme et sa volonté d'insister sur le renouveau de la démocratie. Menant conjointement son travail de recherche à une activité journalistique, Habermas s'est fait connaître par ses multiples prises de position publiques (sympathie critique au mouvement étudiant de la fin des années 60, opposition ferme face aux historiens conservateurs à la fin des années 80, nombreuses interventions sur la réunification de l'Allemagne…).
Auteur d'une œuvre considérable, une vingtaine de ses ouvrages sont traduits en français ; parmi les plus importants, on retiendra Après Marx (1976), Raison et légitimité : problèmes de légitimation dans le capitalisme avancé (1978), L'espace public : archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise (1978, réédité en 1986), Théorie de l'agir communicationnel (1981), Morale et communication (1983) (les années de parution sont les sorties allemandes).
« Après l'Etat-nation, une nouvelle constellation politique » est un ensemble de trois textes de Jürgen Habermas s'intéressant à l'avenir de l'Etat-nation dans le contexte de mondialisation ; les deux premières contributions correspondent à des chapitres d'un ouvrage paru en 1998, à Francfort, sous le titre La constellation post nationale. Essais politiques, et la dernière a fait l'objet d'une publication dans les Blätter für deustche und internationale Politik en 1999.
Le premier texte « Tirer la leçon des catastrophes ? Rétrospectives et diagnostic d'un siècle écourté » met l'accent sur les « continuités sous jacentes » caractéristiques du 20ème siècle : le développement démographique, le changement structurel de la nature du travail (tertiarisation de l'économie), la cadence des avancées techniques et scientifiques…mais aussi sur les césures évènementielles chères aux historiens (les guerres mondiales, la fin de la guerre froide). Pour Habermas, il existe un danger structurel menaçant l'Etat social, et il esquisse alors une réponse dans le chapitre « au-delà de l'Etat-nation » en mettant l'accent sur la création d'institutions supranationales. Le deuxième texte « La constellation post-nationale et l'avenir de la démocratie » présente plus précisément le concept d'Etat-nation et la manière dont il est remis en cause par la mondialisation ; Habermas propose à nouveau des solutions. Enfin, le troisième texte « L'Etat-nation européen sous la pression de la mondialisation » reprend la question de l'Union européenne pour tenter d'aller au-delà de l'Etat-nation.
Cet ouvrage analyse donc la crise du concept d'Etat-nation dans le contexte de la mondialisation (I), mais cette crise ne signifie pas pour autant la fin du concept ; l'Etat-nation a un avenir et Habermas propose alors des solutions pour aller au-delà de l'Etat-nation (II).
[...] Habermas propose alors une politique intérieure à l'échelle de la planète mais sans gouvernement mondial. Cette politique mondiale, ce n'est pas l'image statique d'une politique à plusieurs niveaux dans le cadre d'une organisation mondiale, mais une image dynamique d'interférences et d'interactions entre les processus politiques qui se déroulent selon leur propre logique, au niveau national, international et mondial La principale difficulté réside dans le déficit de légitimité de telles organisations. Pour assurer la légitimité démocratique des décisions prises au-delà des organisations étatiques, Habermas propose deux pistes possibles : - la participation institutionnalisée d'organisations non gouvernementales aux délibérations des systèmes internationaux. [...]
[...] Rétrospectives et diagnostic d'un siècle écourté met l'accent sur les continuités sous jacentes caractéristiques du 20ème siècle : le développement démographique, le changement structurel de la nature du travail (tertiarisation de l'économie), la cadence des avancées techniques et scientifiques mais aussi sur les césures évènementielles chères aux historiens (les guerres mondiales, la fin de la guerre froide). Pour Habermas, il existe un danger structurel menaçant l'Etat social, et il esquisse alors une réponse dans le chapitre au-delà de l'Etat-nation en mettant l'accent sur la création d'institutions supranationales. [...]
[...] Pour exemple, les convergences entre Bayrou et Cohn-Bendit ou encore Pasqua (un eurosceptique néolibéral) et Chevènement (un eurosceptique dirigiste), convergences qui ne contribuent pas à clarifier le débat. Habermas s'inscrivant plus dans la logique fédéraliste, propose alors, pour renforcer la capacité de l'Union européenne à gouverner, de développer la base de légitimation politique. Il propose notamment : - la construction d'un Etat fédéral propre à l'Union européenne (avec le poids plus important de la deuxième chambre par exemple par rapport à un système fédéral de type allemand ou américain). [...]
[...] L'Etat-nation et son avenir Actes des Journées d'Etudes de Paris, Secrétariat général de la Défense Nationale pages. Revues / Articles La Nation, une idée dépassée ? Problèmes politiques et sociaux, n°832, décembre pages. L'Etat-Nation face à la mondialisation Chevallier Jacques, dans Regards sur l'actualité, septembre-octobre 1997, page 7-17. Documents sur Internet L'Etat souverain face à la mondialisation conférence de Brigitte Stern, juin 2000, sur le site Internet de l'Université de tous les Savoirs, http://www.canal-u.education.fr/. [...]
[...] Habermas entrevoit alors plusieurs pistes possibles. II) Aller au-delà de l'Etat-nation Habermas présente d'une part les solutions traditionnelles que les Etats-nations peuvent mettre en œuvre face à la mondialisation mais, pour lui, ces solutions sont dépassées et irréalisables : - la solution défensive : la stratégie de l'hérisson (protectionnisme, fermeture à l'immigration, repli sur une culture autochtone) - la solution offensive : le laissez faire ; le libéralisme post- moderne (ouverture des frontières, émancipation libertaire des individus ) Habermas propose lui, de se porter à la hauteur des réseaux mondiaux et de les endiguer ; il faut des formes nouvelles d'autorégulation démocratique de la société Il faut articuler deux formes de coordination de l'action sociale, celle des réseaux (le mondial) et celle des mondes vécus (les sociétés nationales). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture