"L’idéologie allemande", de Karl Marx

Résumé du document

En écrivant L'idéologie allemande en 1845, Marx rompt avec sa période philosophique et s'engage sur la voie du matérialisme historique. Il expose une conception de l'histoire montrant qu'une société est poussée au changement par les contradictions qui la traversent. Les idées ne sont que le reflet idéologique des rapports sociaux. Marx soutient également dans cet ouvrage une position politique révolutionnaire : le communisme y est défendu comme la forme de dépassement ultime des contradictions propres au mode de production capitaliste ; il abolit la lutte des classes et met fin ainsi à la préhistoire de l'humanité. Avec L'idéologie allemande, non seulement Marx achève la rupture avec les jeunes hégéliens qui conçoivent en idéalistes l'histoire comme étant régie par les Idées, mais aussi il prend des distances avec la philosophie feuerbachienne auparavant revendiquée.

Extraits

[...] C'est la base économique qui détermine la structure sociale et politique de toute société, ainsi que la conscience des individus qui en sont les membres : " Des individus qui ont une activité productive selon un mode déterminé entrent dans des rapports sociaux et politiques déterminés Ainsi les formes différentes de la propriété caractérisent la division du travail et déterminent les rapports entre individus : La première forme de la propriété est la propriété de la tribu où la division du travail est peu développée. Il existe une subdivision principalement au sein de la famille. La seconde forme est la propriété communale et d'Etat que l'on rencontre dans l'antiquité. On retrouve l'opposition entre la ville et la campagne, les citoyens et les esclaves. Apparaissent les prémisses des rapports dans la propriété privée moderne. La troisième forme est la propriété féodale présente au Moyen Âge où la population est éparpillée sur une vaste étendue. [...]

[...] Les idées ne sont que le reflet idéologique des rapports sociaux. Marx soutient également dans cet ouvrage une position politique révolutionnaire : le communisme y est défendu comme la forme de dépassement ultime des contradictions propres au mode de production capitaliste ; il abolit la lutte des classes et met fin ainsi à la préhistoire de l'humanité. Avec L'idéologie allemande, non seulement Marx achève la rupture avec les jeunes hégéliens qui conçoivent en idéalistes l'histoire comme étant régie par les Idées, mais aussi il prend des distances avec la philosophie feuerbachienne auparavant revendiquée. [...]

[...] Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde, il s'agit maintenant de le transformer. Ici Marx s'inscrit dans une logique holiste où il explique les phénomènes sociaux non pas en partant d'un individu mais réellement de la société et de ses lois ce n'est pas la conscience qui détermine la vie mais la vie qui détermine la conscience Dans L'idéologie allemande il s'agit de penser l'histoire humaine selon une optique pleinement matérialiste, dégagée de tout résidu idéaliste. Dès lors Marx postule que la vie des humains, comme celle de tous les êtres vivants, obéit à des déterminations matérielles. [...]

[...] À l'inverse, dans la solution communiste proposée par Marx, le travail est réparti de façon volontaire et chacun n'est pas enclavé dans un métier particulier. Pour que cette solution se concrétise, il faut que la révolution communiste, porteuse de la désaliénation, se fasse universellement et d'un seul coup. La conception de l'histoire selon Marx est strictement matérialiste et non téléologique; elle est pour lui l'action successive des générations, chacune exploitant l'héritage matériel que la précédente lui a laissé. En demeurant sur le terrain réel de l'histoire on explique l'idée par la pratique et non la pratique par l'idée; cela mène à une conception selon laquelle c'est la révolution pratique qui est le véritable moteur de l'histoire. [...]

[...] On ne part pas de ce que les hommes disent, s'imaginent, se représentent, ni non plus de ce qu'ils sont dans les paroles, la pensée, l'imagination, pour aboutir ensuite aux hommes en chair et en os ; on part des hommes dans leur activité réelle à partir de leur processus de vie réel Pour réunifier la critique au milieu matériel réel, Marx établit des présuppositions qu'il veut empiriques: penser les individus non plus comme subsumés sous une abstraction, mais les atteindre en ce qu'ils sont réellement " individu vivant " individus réels et vivants homme " réel, c'est-à-dire individuel, en chair et en os le monde humain étant conçu comme " somme de l'activité vivante et physique des individus qui le composent. Pour Marx, la division du travail amène nécessairement avec elle la distribution inégale des activités et de la satisfaction, ce qui pousse au conflit la force productive. Elle amène aussi la division inégale du produit du travail, la propriété privée. [...]