Dans la grande tradition de la philosophie allemande de Kant et Hegel, Weil a tenté de construire une pensée philosophique systématique. De la <em>Logique de la Philosophie</em> (1950) à sa <em>Philosophie politique</em> (Vrin, 1956) et à sa <em>Philosophie morale</em> (1960), il fait vivre une pensée classique qu'on aurait pu penser enterrée, après que les héritiers de Hegel, de Marx à Kierkegaard, ont annoncé la fin de la philosophie systématique, voire la fin de la philosophie tout court (...)
[...] Chapitre II, 30, sur la fonction de la philosophie et du philosophe. III L'Etat est l'ensemble organique des institutions d'une communauté historique. Il est organique par le fait que chaque institution présuppose et supporte tous les autres en vue de son propre fonctionnement, et que, pour leur fonctionnement, chaque institution est présupposée et supportée par toutes les autres. L'Etat n'est pas une invention ni une construction, mais le résultat d'un processus historique d'organisation de la communauté. Il est le moyen par lequel la communauté peut délibérer, prendre des décisions et agir. [...]
[...] de ce même chapitre mérite d'être lu, particulièrement en ce qui concerne les droits de l'homme et les ambiguïtés qu'ils recèlent. Au total, Philosophie politique est un ouvrage extraordinairement dense, pénétré de hautes exigences m orales et, en même temps, d'un réalisme constant : la morale n'a de sens que si elle peut devenir effective, c'est-à-dire si elle se réalise dans une communauté apte à délibérer et à agir. Les considérations finales qui renouvellent la question kantienne de l'ordre cosmopolitique et de l'Etat mondial montrent que cette pensée, à l'écart des modes, se révèle à la hauteur des problèmes contemporains. [...]
[...] Si la morale est un travail de l'homme sur lui-même, elle se fixe pour tâche l'éducation de l'homme, c'est-à-dire le dressage de l'animal dans l'homme L'éducation qui inclut l'instruction, amène l'individu au point de départ d'une réflexion morale personnelle sous la seule autorité de la raison Cf. Chapitre 18-19, la question de l'éducation. II A l'inverse de la morale, qui concerne l'individu, en lui-même et dans ses relations avec les autres individus, la société se présente comme un mécanisme dans lequel l'individu est pris. Ce mécanisme social est défini d'une part, par la lutte avec la nature extérieure, d'autre part, par la rationalité. La société est l'organisation du groupe humain dans la lutte avec la nature extérieure. [...]
[...] I La philosophie politique prend son point de départ dans la morale, car la question du sens de la politique ne peut se poser que pour celui qui a déjà posé celle du sens de l'action humaine Il faut comprendre politique, ici, dans son sens traditionnel, celui d'Aristote, qui considère les structures essentielles de la vie en commun des hommes. La politique fait partie de la philosophie, en tant que pensée de l'action raisonnable Bien que différentes et autonomes l'une par rapport à l'autre, politique et morale forment une unité. D'une part, toute théorie sociale contient, au moins implicitement, une définition du bien sur le plan politique. D'autre part, toute morale doit nécessairement se réaliser dans des conditions sociales réelles, à chaque fois particulières. Opposer morale et politique, c'est interdire toute effectivité à la morale. [...]
[...] La société est ainsi travaillée par une contradiction. La maxime de l'action morale pour un individu libre et responsable est celle de l'universalité de la loi morale, de l'égalité de tous les individus. Or cette maxime entre en contradiction avec les règles de conduite de la société du travail : La société prescrit la compétition entre les individus inégaux et qui ont pour seul intérêt d'accuser leur inégalité : il faut éviter de faire pour autrui ce qu'on désire qu'autrui fasse pour nous et ne pas subir ce qu'on veut lui faire subir. [...]
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