L'Engrenage ne fait pas partie des œuvres théâtrales de J.P Sartre. Assez peu connu du grand public, il s'agit d'un scénario de film écrit en 1946 alors que l'auteur avait été engagé comme scénariste par la plus grande maison de production française Pathé Cinéma. Cependant il n'a jamais été tourné. Il fut alors publié en 1948 par l'éditeur Nagel et mis en scène en France qu'en 1969 par Jean Mercure au Théâtre de la Ville. Quant à la forme, dans l'ouvrage, l'auteur combine deux techniques qui rendent plus délicate la lecture : celle de la pluralité des points de vue d'un même fait et celle du flash back.
Le contexte de l'ouvrage doit être impérativement pris en compte, et la thèse de l'auteur, à savoir l'échec des révolutions, apparaît à certains égards comme prophétiques au regard de la situation post révolutionnaire en Amérique du Sud ou dans l'Union Soviétique. 1946 : le régime stalinien et notamment son aspect totalitaire commence à apparaître aux yeux du monde. Le contexte est donc tellement important qu'une rumeur a circulé sur le calque du dictateur fictif sur Staline.
Le titre initial s'intitulait Les mains sales, mais il a été finalement abandonné au profit d'une pièce de théâtre en 1948. Bien que les deux œuvres n'aient pas de rapport, elles concernent toutes deux la politique et l'idée que « la pureté c'est un luxe » dans la cause politique. Le titre L'Engrenage traduit ainsi le système dans lequel le personnage central, Jean Aguerra, a été pris et dans lequel tout homme dans la même situation que lui aurait été pris. La thèse principale est donc l'échec cyclique des révolutions.
Jean, personnage à l'origine honnête et sincère, animé par des idées socialistes est amené à la tête du pays à l'issue d'une révolution. Ce petit pays riche en pétrole vit cependant sous domination d'Etats étrangers qui détiennent les concessions pétrolières, seules richesses du pays. Alors qu'il devait nationaliser l'industrie pétrolière, non seulement il ne l'a pas fait mais a mené une véritable dictature utilisant la force et restreignant les libertés les plus fondamentales. Ces anciens compagnons auxquels se sont associés les ouvriers d'exploitations pétrolières se retournent contre Jean. Ainsi, L'Engrenage met en scène le procès de Jean Aguerra et les différents témoignages de la mutation du personnage et de l'échec de la politique pour laquelle il avait été porté au pouvoir. L'auteur veut ainsi démontrer que c'est le système qui est corrompu, et même un homme sincère peut s'y perdre. La fin pessimiste voit outre la condamnation à mort de Jean, la reprise de la même politique par l'initiateur de son procès, François.
[...] Le titre L'Engrenage traduit ainsi le système dans lequel le personnage central, Jean Aguerra, a été pris et dans lequel tout homme dans la même situation que lui aurait été pris. La thèse principale est donc l'échec cyclique des révolutions. Jean, personnage à l'origine honnête et sincère, animé par des idées socialistes est amené à la tête du pays à l'issue d'une révolution. Ce petit pays riche en pétrole vit cependant sous domination d'Etats étrangers qui détiennent les concessions pétrolières, seules richesses du pays. [...]
[...] La justice dans L'Engrenage La justice : une nécessité A deux reprises, la justice apparaît comme un nécessité : d'abord positivement pour juger Jean considéré comme un tyran, ensuite négativement par son absence concernant l'exécution de Benga. Avant que la première révolution n'ait lieu, Jean et divers employés de l'usine ont créée un parti révolutionnaire afin de renverser le régent en place et mener une nouvelle politique. Cependant durant leurs différentes expéditions secrètes, plusieurs fuites avaient eu lieu entravant ainsi leurs actions. Au cours d'une discussion plusieurs d'entre eux avaient jugé coupable Benga, et avaient voté son exécution immédiate pour ne pas remettre le parti en cause. [...]
[...] Citations J'ai compris que j'étais dans un engrenage et qu 'il faudrait quelque fois, pour sauver la cause, sacrifier des innocents (p. 160) La pureté c'est un luxe. Tu as pu te le permettre parce que j'étais près de toi et que je salissais les miennes des mains; (pl 73) Il est mort parce que jusqu'au bout il a voulu garder les mains propres (p.98) Je ne me défendrai pas, vous m 'assassinerez (p.20) La violence appelle la violence (p. [...]
[...] La nationalisation des pétroles était certes voulue par les révolutionnaires, parmi lesquels Jean Aguerra. mais une fois arrivé au pouvoir, ce dernier s'est vu contraint par la Société Etrangère de ne pas le faire. Tout comme François qui sept ans plus tard, va être amené à remplacer Jean, ne pourra mettre en pratique les idées pour lesquelles ils se sont battus. En effet la nationalisation aurait été considérée comme une casus belli et la guerre aurait ruiné toute la révolution. [...]
[...] Ainsi jusqu'à l'arrivée en scène d'Hélène, Jean refusera de se défendre remettant en cause la tenue même d'un procès. Et lorsqu'il se décidera enfin de se défendre ce ne sera qu'à des fins personnelles pour s'expliquer auprès d'Hélène (femme de Lucien et seule femme que Jean ait aimé). Le procès est donc apparu comme la meilleure voie pour sanctionner le tyran et ne pas le faire apparaître comme un martyr Il sert aussi le nouveau pouvoir en place qui apparaît d'autant plus légitime qu'il ne recourt pas à des moyens violents. [...]
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