Né le 1er novembre 1530 à Sarlat, Etienne de la Boétie est élevé par une famille composée essentiellement de magistrats, bourgeois cultivés. Il entame ses études de droit à l'université d'Orléans, et c'est au cours de ses études universitaires que ce jeune homme, âgé de dix-huit ans, rédige sa première œuvre, ce Discours de la servitude volontaire, qui lui valut une reconnaissance importante, notamment celle de Michel de Montaigne, avec qui il partagea une intense amitié de 1558 à 1563, date de la mort d'Etienne de la Boétie (due à la peste ou à la dysenterie).
L'œuvre majeure de la Boétie s'inscrit dans un contexte historique de fortes tensions dans le Royaume de France, où règne François 1er, entre catholiques et protestants, issus de la toute jeune réforme Calviniste et Luthérienne. On fait de nombreuses fois référence à l'effroi ressenti par la Boétie lors des répressions sanglantes de la royauté, que cela soit en 1548 à Bordeaux (lors du soulèvement populaire suite à la tentative d'harmonisation de la gabelle sur tout le territoire), ou encore en 1560 avec la répression des huguenots par le Parlement de Bordeaux.
[...] On peut également observer l'influence de l'œuvre de La Boétie dans les principes révolutionnaires, même si ce livre fut avant tout reconnu aux XIXes et XXes siècles, avec les grands mouvements d'émancipation des pouvoirs autoritaires existants (comme la révolution de 1848 en France), mais aussi avec la condamnation progressive de l'esclavagisme, et enfin le processus de décolonisation. Avis personnel À mon sens, le Discours de la servitude volontaire est une œuvre trop méconnue par rapport à la portée de ses propos. [...]
[...] La seconde, la principale selon l'auteur ressort et le secret de la domination, le soutien et le fondement de toute tyrannie"), est la cupidité de certains, ces "cinq ou six", une sorte de cour restreinte, qui de par son importance impose la soumission à des centaines d'autres, eux-mêmes l'imposant à des milliers d'autres. C'est de par cette forme de domination hiérarchisée que la servitude de tout le peuple se maintient, le désir de gain et d'influence de certains entraînant la soumission de la totalité de la population. [...]
[...] Description et analyse de l'œuvre Le Discours de la servitude volontaire est un texte politique qui cherche à analyser les rapports de soumission/domination entre un maître et ses "sujets". Mais plus qu'un texte descriptif des moyens utilisés par ce "tyran" pour assurer sa domination, il s'agit avant tout d'une volonté d'explication de l'acceptation de la servitude par la population tout entière. La Boétie cherche à mettre en exergue l'origine de la domination d'un homme sur le peuple tout entier, en critiquant notamment l'attitude de ces "pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à votre mal et aveugle à votre bien" qui, par un mystérieux processus dénué de tout fondement coercitif, se sont vu devenir des êtres dénaturés, ayant totalement oubliés que la nature les a "créés et coulés en quelque sorte dans le même moule" pour leur montrer qu'ils sont "tous égaux, ou plutôt frères". [...]
[...] Habitude d'être soumis, d'être tyrannisé, de se voir privé de liberté sans aucune volonté de se sortir d'une situation totalement injuste. Pour sortir de cette spirale de soumission, l'auteur indique simplement que le pouvoir du tyran ne lui est pas propre, mais qu'il découle simplement du pouvoir conféré par le peuple qui consent à le servir. La Boétie réfute l'idée de la nécessité d'un combat pour renverser la tyrannie, seul compte pour lui la nécessité de ne plus obéir ne s'agit pas de lui [le tyran] ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner"). [...]
[...] Ce principe est repris dans bon nombre de Constitutions modernes, qui établissent la nécessité de la résistance à toute oppression, à toute tentative de violation de "Loi fondamentale". Loin de l'anarchisme, les thèmes de cette œuvre peuvent être vus comme la base de tous les mouvements d'émancipation qui se sont déroulés (notamment lors de la décolonisation), et qui se dérouleront (en Iran, ou bien encore en Chine). Il ne faut donc surtout pas oublier que, comme le dit La Boétie, "[les tyrans] ne sont grands que parce que nous sommes à genoux". [...]
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