Le sujet de Technique du coup d'Etat tient dans la phrase capitale : " Comment on s'empare d'un Etat moderne et comment on le défend ". La notion de moderne est très importante ici car Malaparte prête des caractéristiques particulières aux prises de pouvoir modernes, dont le précurseur est, à son avis , Bonaparte avec le coup d'Etat du 18 brumaire.
Dans sa préface l'auteur se défend d'imiter le Prince et met en valeur le but de son livre. Les gouvernements actuels , à son avis, ne se sont jamais posé la question de la technique moderne du coup d'Etat, ils sont incapables d'opposer une technique de défense de l'Etat dans le cas d'un coup de force. C'est donc à la défense de la démocratie que ce livre est dédié.
Malaparte prête la théorisation du coup d'Etat moderne et efficace à Trotsky, qui pourtant s'en est âprement défendu. Pour l'auteur l'insurrection est une machine qui réclame l'action de quelques spécialistes, techniciens pour être réussie. On ne doit pas désormais d'accorder autant d'importance à la situation économique, et sociale d'un pays ou à ses institutions. Tout cela sont des facteurs exogènes. Il suffit d'occuper les centres nerveux du pays pour empêcher le gouvernement sur place de gouverner, et s'emparer le pouvoir.
[...] " Amateurisme apparent ou réel ? Les faux pas des putschistes expliquent-ils l'échec de "leur aventure pour reprendre le mot de Gorbatchev ? Après tout, il n'était pas compliqué pour le chef du KGB de couper l'électricité et le téléphone à la Maison Blanche pour empêcher Boris Eltsine d'agir (Histoire secrète d'un coup d'Etat, U. Gosset, V.Fédorovski) On pourrait ajouter un nouvelle variante du coup d'Etat, le coup d'Etat médiatique. Les médias sont un nouveau mode de régulation du jeu politique. [...]
[...] Né en Italie d'un père allemand et élevé chez les paysans toscans, il fugue à 16 ans pour rejoindre les troupes françaises où il combattit courageusement mais fut blessé en 1918. Il assiste à la conférence de Versailles et rentre en Italie où il est vite fasciné par le fascisme. Il rejoint le parti en 1922 mais sa liberté d'esprit s'accommode mal des règles fixes. Bientôt s'ajoute à cela un profond désaccord sur le plan politique et idéologique avec Mussolini. [...]
[...] Peu de gens auraient soutenu l'idée de la faiblesse de la stratégie de Lénine. En Union Soviétique, jusqu'au début des années 90, on continuait à présenter la Révolution du 24 octobre comme une révolte populaire, les soldats et les ouvriers unis courant à l'assaut du Palais d'Hiver comme le présente Eisenstein dans Octobre. Le rôle de Trotsky était occulté et celui de Lénine survalorisé. L'autre mythe auquel il s'attaque est celui de Mussolini, présenté comme maladivement attiré par la puissance de la Rome Antique. [...]
[...] Sa thèse de départ s'appuie sur l'analyse du coup d'Etat bolchevique. Il met en place dans ce premier chapitre quelques notions très intéressantes. Tout d'abord l'auteur explique que la réussite dépend uniquement de la technique et non pas de la situation économique, sociale et politique d'un pays comme le pensent la majorité des historiens. Ce n'est pas parce que la Russie se trouvait dans une situation exceptionnelle que les bolcheviques ont réussi à s'emparer du pouvoir mais parce que Trotsky a parfaitement et minutieusement organisé la conquête. [...]
[...] Après avoir décrit la tactique insurrectionnelle, Malaparte va analyser quelques exemples de coups d'Etat à la lumière de sa thèse dans les deux chapitres suivants. Le troisième chapitre analyse l'expérience polonaise en 1920 et l'échec des Soviétiques à occuper le pouvoir en Pologne. Malaparte s'attache ici moins aux faits, il conduit plutôt une réflexion et démontre comment la défense du pouvoir par Witos a échoué. Une simple défense policière ne peut rien contre un coup d'Etat conduit selon la technique moderne. [...]
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