La Condition de l'homme moderne, Hannah Arendt, oeuvre, travail, action, modernité
Hannah Arendt (1906-1975) publie La Condition de l'Homme Moderne en 1958, soit sept ans après la première publication de l'ouvrage qui lui voudra sa notoriété, Les Origines du Totalitarisme. Dans les Origines du Totalitarisme, Arendt dresse un tableau saisissant des caractéristiques du régime totalitaire. Or, ce tableau reconnait en lui-même ses propres limites : « l'évènement illumine son propre passé, mais ne peut jamais en être déduit ». Les Origines du Totalitarisme laisse le lecteur sur cette question : « aurions-nous pu éviter cela ? ». La Condition de l'Homme moderne se veut comme la réponse à cette interrogation ; c'est le livre de la « résistance et de la reconstruction » (Paul Ricœur).
[...] » « Mais en toutes circonstances la société égalise : la victoire de l'égalité dans le monde moderne n'est que la reconnaissance juridique et politique du fait que la société a conquis le domaine public, et que les distinctions, les différences sont devenues affaires privées propres à l'individu. » « Le règne du social, dans lequel le processus vital a établi son domaine public, a déclenché, pour ainsi dire, une croissance contre nature du naturel ; et c'est contre cette croissance, non pas simplement contre la société, mais contre un domaine social toujours grandissant, que le privé et l'intime d'une part, et le politique ( ) d'autre part, se sont montrés incapables de se défendre. [...]
[...] L'ouvrage ne veut « rien de plus que de penser ce que nous faisons ». D'où, une analyse profonde de ce qu'est « la condition humaine ». La condition humaine n'est pas à confondre avec une hypothétique « nature humaine ». Car Arendt, qui a effectué sa thèse sur la pensée de Saint Augustin, récuse l'hypothèse augustinienne d'une nature humaine à connaitre : « rien ne nous autorise à supposer que l'homme ait une nature ou une essence comme en ont les autres objets ». [...]
[...] », Arendt affirme que ce repli précède la démocratie : « Mais en toutes circonstances la société égalise : la victoire de l'égalité dans le monde moderne n'est que la reconnaissance juridique et politique du fait que la société a conquis le domaine public, et que les distinctions, les différences sont devenues affaires privées propres à l'individu. ». L'égalité n'est pas cause mais conséquence. En d'autres termes, le problème n'est pas inhérent à un régime politique, le problème est que le social a conquis le politique. [...]
[...] Comment le politique pourrait-il se résumer à la gestion commune des intérêts particuliers ? L'économie politique moderne est la concrétisation de la victoire du social sur le politique. L'économie est la science de l'organisation du travail productif. Elle place donc le travail au cœur du domaine public et le place au-devant de toutes les activités humaines. L'homme est pris dans le processus vital que constitue le travail. La société fait des hommes une société de travailleurs « soumis à l'esclavage des nécessités vitales ». [...]
[...] En effet, dans l'allégorie de la caverne, le philosophe retourne dans la caverne, contraint et mal-reçu par ses anciens compères. Cette image exprime la méfiance chez Platon pour le politique. Arendt explique que cette méfiance platonicienne à l'égard du politique a pour origine le traumatisme provoqué par l'assassinat de Socrate pour Platon. Néanmoins, la critique émise par Arendt ne remet pas en cause l'idée de hiérarchie. La hiérarchie entre les activités humaines est essentielle mais s'inscrit chez Arendt au sein même de la vita activa. [...]
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