En 410 après Jésus-Christ, Rome, capitale de l'Empire romain est envahie par les Wisigothes avec à leur tête un chef barbare : Alaric.
Saint Augustin, futur évêque d'Hippone et d'origine berbère, réagit à cette invasion en écrivant une œuvre magistrale : De Civitate Dei (La Cité de Dieu). Le but de Saint Augustin au VIe siècle est d'exonérer l'Église, la chrétienté de toute responsabilité dans la chute de Rome, la chute de Rome est lié au Mal, à la chute biblique, à Caïn, à Adam, donc à l'Homme et non à Dieu. C'est pour cette raison qu'il constate l'existence de deux cités, chacune bâtie par deux amours différents. En effet, il affirme dans la Cité de Dieu , que « deux amours ont bâti deux cités : l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu fit la cité terrestre ; l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi fit la cité céleste ». Cette référence marque l'édifice d'un discours qui sera présent tout au long du Moyen-Age et dont les fondations sont évangéliques renvoyant à la conception paulinienne du pouvoir, Saint Paul affirmant qu' « il n'est de pouvoir qui ne vienne de Dieu ».
Ce discours est en rupture avec celui d'Aristote qui était alors inconnu au Ve siècle dans l'Occident chrétien. Cette rupture se caractérise par l'apparition d'une dualité augustinienne, d'une part, au niveau de la Cité et, d'autre part, au niveau de la conception du pouvoir politique.
[...] La cité de Dieu de Saint Augustin opère donc une rupture fondamentale à ce niveau. Cette rupture se constate non seulement au niveau de la cité, mais également au niveau de la conception du pouvoir politique. II De Civitate Dei : une conception duale du pouvoir politique opposée à la science politique aristotélicienne Le pouvoir chez Aristote : L'Homme au cœur de la Cité terrestre Aristote ne distingue pas deux pouvoirs différents, il ne conçoit qu'un pouvoir politique dont le but est le bonheur de la cité. [...]
[...] L'unicité de la cité aristotélicienne Aristote considère la cité comme une, il ne fait pas de scission à l'instar de Saint Augustin dans sa conception de la cité. Pour le philosophe grec, la cité excellente s'appuie sur un comparatisme basé sur l'observation de différentes constitutions. Ainsi, la cité aristotélicienne est une cité relative (et non absolue comme chez Saint Augustin) répondant à des critères proportionnés basés sur la population, sur l'économie notamment. Il y a donc continuité entre la nature et la cité. C'est le législateur (Nomothète) et le philosophe qui l'éduquent, qui seuls peuvent comprendre et interpréter la Nature. [...]
[...] Cette dualité des deux pouvoirs a conduit à ce que Xavier Arquillière a théorisé comme l'augustinisme politique c'est-à-dire une pratique politique justifiant la primauté du spirituel sur le temporel. L'augustinisme politique marquera le haut moyen âge et le moyen âge notamment par l'affermissement du pouvoir papal avec la réforme grégorienne du onzième siècle et la lutte de pouvoir entre les juristes de Philippe Le Bel (Guillaume de Nogaret et Pierre Flotte) conduisant à l'attentat d'Agnani contre le Pape au XIIIe siècle. [...]
[...] On retrouve ainsi également l'influence de Saint-Paul et de Saint Augustin. Donc, le pouvoir politique a une origine divine, mais qui se traduit également sur terre. Le pouvoir chez Saint Augustin : une scission du temporel et du spirituel La cité terrestre augustinienne est liée au Mal, les hommes n'ont pas glorifié Dieu ils sont devenus vains dans leurs pensées et leur cœur sans intelligence s'est enveloppé dans les ténèbres ; les vantant d'être sages, ils sont devenus fous. Et, ils ont changé la majesté de Dieu incorruptible pour des images représentant l'homme sujet à la corruption des quadrupèdes, des reptiles En conséquence, pour lutter contre ce Mal propre à la Babylone terrestre, à cette putain selon l'expression de Luther, le pouvoir politique se divise en un pouvoir spirituel exercé dans la cité divine et un pouvoir temporel exercé sur la cité terrestre selon l'analyse du pape Gélase des écrits augustiniens. [...]
[...] Le bien de la Cité résulte de l' amour de Dieu et non de l'amour de l'Homme. Il substitue au bien commun le bien divin, la cité céleste se glorifie dans le seigneur Dieu est la plus grande gloire de la cité divine. En revanche, la cité terrestre est liée à l'homme, au Mal, elle naît du mépris de Dieu c'est une vision manichéenne de la Cité. Mais, cette dualité de la Cité tend vers une cité idéale, d'une autre nature, qui sera le résultat de la sagesse de l'homme dans la piété» qu'il rend à Dieu. [...]
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