Écrit durant l'été 1942, alors que le sort de la guerre n'est pas encore fixé, Christianisme et démocratie cherche à démontrer la nécessité de créer un nouveau monde une fois la victoire des Alliés acquise. En effet, c'est une maladie qui ne se résume pas au nazisme qui a provoqué la guerre. Pour Maritain, cette guerre, au-delà de ses aspects militaires, est une 'lutte obscure' entre des courants intellectuels, marquée par la résurgence de 'vieux rêves'. Dans un tel contexte, l'espérance est, plus encore qu'une force spirituelle, un véritable devoir historique. L'espoir de J. Maritain est de voir surgir un 'esprit de communauté supranationale' à la place de l'esprit de revendication nationale, mais aussi une 'nouvelle civilisation' d'inspiration chrétienne
[...] Son influence (surtout par rapport à l'après-guerre) Au lendemain de la guerre son humanisme chrétien fait de lui une persona non grata dans le monde intellectuel français, pour qui la mode est à l'existentialisme sartrien. L'existentialisme, tout en se présentant comme un nouvel humanisme s'accompagne d'un athéisme forcené et favorise le modèle communiste (et s'oppose donc aux théories de Maritain). On peut rapprocher sa vision de la démocratie ‘chrétienne' de celle d'un parti qui émerge au lendemain de la guerre : le MRP. Ce parti est issu d'un courant démocrate-chrétien qui a des racines politiques qui remontent à Lacordaire, à l'encyclique Rerum novarum du pape Léon XIII (1891) et au Sillon de Marc Sangnier. [...]
[...] Christianisme et démocratie (1943), Jacques Maritain Introduction Écrit durant l'été 1942, alors que le sort de la guerre n'est pas encore fixé, Christianisme et démocratie cherche à démontrer la nécessité de créer un nouveau monde une fois la victoire des Alliés acquise. En effet, c'est une maladie qui ne se résume pas au nazisme qui a provoqué la guerre. Pour Maritain, cette guerre, au-delà de ses aspects militaires, est une lutte obscure entre des courants intellectuels, marquée par la résurgence de vieux rêves Dans un tel contexte, l'espérance est, plus encore qu'une force spirituelle, un véritable devoir historique. [...]
[...] Ainsi l'Église de France a pu nourrir l'esprit de résistance d'une partie de la jeunesse catholique. D'autre part, ce nouveau monde sera marqué par la fin de la souveraineté absolue des États au profit d'une communauté des peuples En prenant modèle sur les États-Unis, l'Europe devra rétablir la valeur et la dignité du peuple comprendre enfin que l'homme de l'humanité commune a droit à la poursuite du bonheur et retrouver le sens de l'héroïsme Dans ses dernières phrases, Maritain justifie finalement le combat des résistant au sein de la France occupée, tout en l'orientant dans le sens d'une lutte pour le triomphe de sa vision du monde, un monde où l'inspiration de l'Évangile orientera la vie commune vers un humanisme héroïque Commentaire Sa vie : Né à Paris en 1882, dans une famille de la bourgeoisie protestante, Jacques Maritain se marie en 1905 avec Raïssa Oumançoff, juive d'origine russe. [...]
[...] L'inspiration évangélique et la conscience profane J. Maritain pense qu'il y des inspirations politiques du message évangélique. Les enseignements du christianisme peuvent se résumer dans quelques croyances comme l'espoir en un royaume de Dieu à venir, l'unité du genre humain, l'égalité des hommes mais aussi la dignité humaine, la notion de justice et celle du Bien commun. Les inspirations religieuses dans le politique peuvent être reconnues à travers les notions suivantes : - l'idée d'une Histoire humaine orientée et linéaire; - la dignité de la personne humaine, qui transcende l'État; - la soif de Justice; - la nécessaire communion du peuple et des élites inspiratrices pour que tout effort porte ses fruits; - l'idée que l'autorité des gouvernants s'exerce en vertu du consentement des gouvernés; - la soumission du domaine politique à la justice; Pour Maritain, la conscience profane s'éveille aux aspirations profondes de l'homme par l'intermédiaire des libertés accordées par le politique (qu'il résume dans la liberté d'épanouissement Malgré les malheurs, les citoyens gardent un principe d'espérance issu de l'Évangile : l'amour fraternel. [...]
[...] Les démocraties sont impuissantes à réduire la misère de nombreux citoyens. La dernière cause est d'ordre spirituel. Elle est issue d'une contradiction interne à la démocratie. Celle-ci affirme en effet un idéal de vie commune qui vient des Évangiles et renie parallèlement les Évangiles au nom de la liberté. Pour Maritain, si les démocraties gagnent la paix après la victoire militaire, ce sera à condition que l'inspiration chrétienne et l'inspiration démocratique se réconcilient. Ceci est déjà réalisé aux États- Unis. [...]
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