L'Art de la guerre, publié pour la première fois en 1521, et rédigé postérieurement aux célèbres Discours sur la première décade de Tite-Live et le Prince, semble à part dans l'œuvre de Machiavel. On pouvait en effet s'attendre, d'après les propos du Prince à une théorie générale bellico-politique. Mais c'est avec un parti-pris très restrictif, voire même dépréciatif que Fabrizio Colonna expose son art.
Bien loin de nous montrer une politique gouvernée par l'art de la guerre, Machiavel insiste dès le départ sur la nécessité d'un retour à la vie civile après une guerre dont les principes n'ont qu'un temps. Cette apparente et inexplicable différence de conception vis-à-vis des autres ouvrages de Machiavel (qui sont infiniment plus machiavéliens que l'Art de la guerre) est sans doute l'un des points à considérer au cours d'une étude de ce texte.
[...] Le principal est de toujours l'ordonner suivant une forme volontairement souhaitée pour la maîtriser au mieux. Il évoque, exemples historiques à l'appui, quelques stratagèmes comme susciter la peur chez l'ennemi et maintenir le moral de ses propres troupes, prônant mensonges et manœuvres moralement discutables (il n'hésite pas à prôner l'exécution des soldats qui tenteraient de fuir). Certains stratagèmes sont d'ailleurs relativement étonnants et on peut se demander quel genre de militaire en userait, par exemple lâcher des vaches enflammées pour détourner l'attention de l'ennemi . [...]
[...] Battista della Palla prend la suite de Zanobi et on s'occupe à présent du campement des soldats. Le camp doit être disposé avec habileté, et on devra comme les Romains s'appuyer sur l'art mais comme les Grecs, composer avec la Nature pour le rendre sûr. Comme dans la disposition de l'armée en combat, dans les camps romains, les Romains sont au centre et les alliés étrangers sur les flancs - ce qui marque une peu aimable attention à l'égard de ces alliés . [...]
[...] Machiavel le rapporte, mais n'intervient pas - il s'efface d'ailleurs derrière un style direct après quelques pages, arguant de la lourdeur du style indirect. Felix Gilbert nous met en garde contre l'habitude des commentateurs de confondre Machiavel et Fabrizio. Si ce dernier fait figure d'autorité, on peut remarquer tout au long du dialogue qu'il élude un certain nombre de questions et que la conclusion qu'il apporte à ses propos paraît même teintée de découragement puisqu'il dit n'être pas lui-même en mesure de mettre ses préceptes en oeuvre. [...]
[...] L'armée bien organisée a beaucoup de guides (comparés à des étais - centurions, décurions, chefs de bataillon . ce qui renforce la cohésion, mais aussi la nécessité pour chacun de connaître parfaitement sa place dans l'ensemble (la confusion est aisée) et des signes de ralliement. Il faut rendre à ces signes (drapeaux, musique, panaches) leur utilité première et plus cette simple acception décorative contemporaine : les indications sur les manoeuvres qu'ils peuvent donner sont en effet plus claires et plus immédiates que celles données de vive voix. [...]
[...] Là aussi il ne traite que peu de la cavalerie, qui dit-il ne représente qu'une petite partie de son armée. Il dit que de toute façon, dans les temps modernes, si elle ne surpasse pas celle des Romains, elle est suffisamment convenable pour qu'il ne se mêle pas de vouloir la réformer. Fabrizio dit que le nombre de grands hommes dépend du nombre des États (car cela multiplie les guerres). Ce serait la raison pour laquelle l'Empire romain ayant éliminé ses ennemis, il sombra dans la décadence. [...]
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