Ce livre se propose de réfléchir « sur les représentations modernes de l'identité, telles qu'elles se sont développées dans le cadre des sociétés démocratiques, et sur leurs transformations contemporaines. »
L'objectif n'est pas d'apporter une réponse définie et intemporelle à la question ‘qui suis-je ?' mais d'apporter des éléments de débat à travers l'étude des grandes tendances libérales, communautariennes, voire républicaines depuis la rupture moderne, soit le passage de l'hétéronomie à l'autonomie. Si le libéralisme a pu sembler sortir vainqueur du conflit philosophique qui l'opposait au socialisme issu du bloc communiste, celui-ci est déjà remis en cause. En effet, les principes libéraux sont-ils encore aujourd'hui adaptés aux enjeux que pose l'identité moderne ?
[...] Les droits polyethniques auxquels font référence les immigrants s'installant par exemple en Amérique du Nord depuis une trentaine d'années, une fois qu'ils ont remis en cause le modèle d'intégration par assimilation. Les minorités, ne croyant plus aux vertus du melting pot, réclament une reconnaissance légale de leur pratique culturelle. A travers cette ‘citoyenneté différenciée', le but est clairement de favoriser l'intégration en s'assurant de la neutralité de l'Etat. Les droits de représentation spéciale ou spécifique sont le plus souvent revendiqués par les groupes qui se sentent le plus désavantagés. C'est par exemple le cas des femmes en France avec la parité. [...]
[...] Il convient de souligner une fois de plus la distinction entre droits polyethniques et droits multiculturels. La première catégorie de droits est réclamée par les gens issus de l'immigration. Ce sont des minorités ethniques qui veulent s'intégrer dans la société grâce à une stricte application. Dans le second cas, ces ‘minorités nationales' ont pour motivation de conserver des ‘sociétés distinctes' à côté de la culture majoritaire. La principale revendication de ces minorités sera le plus souvent l'autonomie et l'autodétermination (exemple canadien). [...]
[...] Rawls déduisait alors que le premier principe appelait la nécessité de droits égaux et libertés fondamentales. Le second principe (principe de différence) impliquait que les inégalités de talents profiteraient à tous, même aux plus en difficultés. Or Sandel voit une contradiction entre la théorie du sujet qui mène au premier principe, et celle qui mène au second. En effet, si le premier principe suppose une conception kantienne du sujet comme être indépendant et autonome, le second principe suppose que les individus partagent certaines valeurs de fraternité, des notions d'altruismes. [...]
[...] Il existe ainsi un point commun entre le républicanisme et le communautarisme à travers la question de l'identification. En effet, pour une démocratie de participation comme sous tend le républicanisme, l'identification n'est possible que si le bien le plus important est la forme commune d'existence, soit le bien de la collectivité. Déjà à son époque, Alexis de Tocqueville avait souligné le risque d'un détournement, pire d'un désintérêt de la sphère publique de la part de l'individu, ce dernier se repliant dans la sphère privée. [...]
[...] Or un tel déplacement ne va pas de soi : - Soit l'on pense que l'identité humaine est toujours dialogique, autrement dit que l'individu n'est ce qu'il est que dans un groupe et à partir de ce groupe. Alors, le principe du respect des droits individuels sous entend le respect des droits collectifs des droits humains. - Soit, l'on pense que le groupe culturel est en lui-même, une forme d'individualité. Alors, la protection des droits individuels s'appliquerait de facto aux différents groupes. [...]
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