" Si nous comprenons les mécanismes et motivations du groupe cible, n'est-il pas possible de contrôler et de régimenter les masses en fonction de notre volonté sans qu'elles n'en sachent rien? La pratique récente de la propagande a prouvé que c'est possible, au moins jusqu'à un certain point et dans certaines limites".
Edward Bernays, le père de l'industrie des relations publiques, développa cette idée dans le prolongement de l'utilisation très efficace de la propagande par les Etats-Unis pendant la Première Guerre mondiale.
Une fois la guerre terminée, un certain nombre de hauts fonctionnaires d'Etat ainsi que des élites des Etats-Unis ont considéré que vouer la propagande à une simple utilisation en temps de conflit était un gaspillage terrible de son large potentiel. S'il fut possible de persuader les citoyens américains de la nécessité d'aller tuer d'autres êtres humains à des milliers de kilomètres de leur foyer, alors, pourquoi ne pas utiliser la propagande constamment pour mobiliser la population sur les sujets déterminés par les élites.
[...] La "perfectibilité"(39) de l'être humain que Rousseau reconnaît signifie que l'incapacité politique de la plupart des citoyens n'est pas irrémédiable, grâce à l'éducation. Au contraire, les élites préfèrent avoir recours à la propagande pour abêtir la population. Les "personnes intelligentes" sont une expression que Bernays utilisait de manière récurrente. Alors est-ce utopique d'imaginer une société pleine de "personnes intelligentes" ? Cela nécessiterait des ressources phénoménales en temps et argent. En réalité, dans nos sociétés d'abondance il suffirait que les citoyens renoncent à une part de leur confort matériel pour donner naissance à cette "utopie". [...]
[...] Toutefois, elles peuvent manquer d'objectivité sur leurs propres valeurs et jugements. Partant de ce point de vue, les masses sont utiles puisque, même si elles ne sont pas moins dépourvues de subjectivité que les élites, elles peuvent aider à élargir le champ des possibles auquel se confrontent les leaders en étant une force de propositions alternatives. Dans tous les cas, les mouvements de protestations permettent aux élites d'apprendre les attentes et les problèmes auxquels la population est confrontée. Empêcher les citoyens de penser et de débattre implique que les élites gouvernent à partir d'une vision désincarnée de la réalité. [...]
[...] Propaganda (New York, Horace Liveright, 1928) Davis, A. Public Relations Democracy : public relations, politics and the mass media in Britain (Manchester and New York : Manchester University Press, 2002) Street, J. Mass media, Politics and Democracy (London : Palgrave, 2001) Ibid Ibid Jozsef, E. " The RAI has undergone a purge " Liberation, http:// /search?q=cache:JPk6hg2ELkkJ:leruisseau.iguane.org/spip.p hp%3Farticle842+RAI+berlusconi&hl=fr&ct=clnk&cd=6 (2004) Davis, A. Public Relations Democracy : public relations, politics and the mass media in Britain (Manchester and New York : Manchester University Press, 2002) Street, J. [...]
[...] " Free Speech in America: An Overview http://usinfo.state.gov/dd/democracy_dialogues/freedom_speech/free_speech_es say.html (2005) Day, M. "Inequalities are rising in the United States" http://www.ecolesdifferentes.free.fr/USinegalites.html+in%C3%A9galit%C3%A9+% C3%A9cart+salaire+Etats+Unis&hl=fr&ct=clnk&cd= (2006) Chomsky, N. Necessary Illusions (1989), http://www.zmag.org/Chomsky/ni/ Ellul J. The technological bluff (Paris : Hachette, 1988) Ibid Dostoyevsky, F. Brothers Karamazov (Moscow : The Russian Messenger, 1880) Chomsky, N. Necessary Illusions (1989), http://www.zmag.org/Chomsky/ni/ Ibid Orwell, G. quoted in Chomsky, N. Propaganda and the public mind (London : Pluto Press, 2001) Bernays, E. [...]
[...] Cette possibilité est une menace pour les élites et leur propagande. Heureusement, de leur point de vue, ils ont trouvé une solution pour écarter ce danger et gagner de l'argent en même temps : la société de consommation de masse. Si vous souhaitez empêcher quelqu'un de penser, divertissez-le et faites le consommer. De ce fait, ce qui préoccupe en premier lieu la population n'est plus "que pouvons nous faire pour améliorer notre société imparfaite?" mais "que puis je faire pour m'occuper demain?" Penser se réduit à une réflexion sur des sujets insignifiants : les loisirs deviennent la part prépondérante de la vie. [...]
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