Sciences politiques, guerres justes, justifier la guerre, guerre inévitable, instrument politique cruel et immoral, guerres légitimes, transgression fondamentale
La guerre paraît être un phénomène universel et décisif dans l'Histoire. Elle décide du sort des hommes, des cités et des empires. Si l'on essaie de définir plus précisément la guerre, on a du mal, tant elle est polymorphe : guerre sainte, guerre juste, guerre sale, guerre nucléaire, terrorisme (= guerre du pauvre), guerre larvée, guerre froide... Il est difficile de catégoriser les guerres. D'ailleurs, le DIP n'utilise plus le mot « guerre » > il utilise l'expression « conflit armé international » et de « conflit armé non international ». Dans le vocabulaire des NU, ces expressions ne sont même pas toujours valables > elles requièrent un certain nombre de violences > en deçà, on parle de troubles ou de tensions internes. Ex : au Sud-Soudan, on en est encore aux troubles.
La guerre se définit donc de façon très large.
On peut reprendre la définition qu'en donne Roger Caillois, dans Bellone ou la pente de la guerre (Bellone étant une divinité latine de la guerre). Roger Caillois était un anthropologue notoire dans les années 1950-1980, qui a notamment écrit sur les jeux.
[...] Ce terme donne, à tort, l'illusion d'une "guerre courtoise". A la bataille de Fontenoy, en 1745, s'avançant à la tête du 1er bataillon des Gardes britanniques, un officier, Charles Hay, voulut encourager ses hommes en se moquant des Français. Sortant une petite flasque d'alcool, il but à leur santé en se moquant d'eux. En voyant cet insolent Britannique, un officier français, le comte d'Anterroches (1710-1785) crut qu'il s'agissait d'une invitation à tirer. Il lui fit une réponse vraisemblablement proche de celle que Voltaire publia par la suite : Monsieur, nous n'en ferons rien Tirez vous-mêmes La tradition populaire ne devait retenir de cela qu'une citation : Messieurs les Anglais, tirez les premiers Voir Barry Lyndon de Kubrick.) A. [...]
[...] Docteur Folamour de Kubrick C'est ici davantage la bêtise de la guerre qui est dénoncée. C'est une satire antimilitariste. Enfin, la guerre a pu être dénoncée du fait qu'elle relève du jeu du hasard uniquement. L'illusion ultime serait de croire qu'à la guerre, on maîtrise quelque chose. C'est la critique notamment portée par Tolstoï dans Guerre et paix (1865-69). Selon lui, les batailles sont en réalité totalement hasardeuses. Les stratèges s'illusionnent sur leur pouvoir. Les batailles se passent dans la confusion et se limitent à une accumulation de petits faits individuels. [...]
[...] Pour lui, la vraie guerre devrait avoir lieu entre les possédants et les prolétaires. Ce livre comporte par ailleurs une critique très clair des "galonnés" de l'EM. Pour les marxistes, la guerre est l'expression des contradictions entre les classes. La guerre est réinterprétée - comme chez Hegel finalement - comme l'accoucheuse de l'Histoire, qui met en évidence les paradoxes du capitalisme. Pour eux, le principe de libre concurrence mène directement à la guerre. La vérité de la guerre, ce serait aussi le mensonge et la bêtise. [...]
[...] La guerre juste doit nécessairement résulter d'une juste cause. On ne doit y recourir qu'en dernier ressort quand tous les autres moyens se sont révélés être inefficaces. Seule l'autorité légitime peut faire la guerre. En outre, la guerre ne peut être faite que s'il y a des chances raisonnables de succès (c'est ce qui la distingue du martyre). Et les barouds combats, mot d'argot) d'honneur sont proscrits. Enfin, on ne doit pas entreprendre de guerre s'il y a fort à parier qu'elle engendre des maux supérieurs à ceux qu'elle est censée faire cesser. [...]
[...] Ces pacifistes intégraux ont pourtant fait faillite dans les années 1930, parce que la France était confrontée à un adversaire qui lui, était résolu à faire la guerre. Par pacifisme, la France et "la gouvernante anglaise" ont mis en place une politique d'apaisement face aux agressions successives de l'Allemagne. Cette politique qui s'est en fait révélée "passive" culmine lors des Accords de Munich de septembre 1938 : on abandonne à l'Allemagne la Tchécoslovaquie (les Sudètes). Après ces accords, l'opinion publique commence à se dégriser. Les pacifistes sont de moins en moins nombreux en France, sauf quelques irréductibles, comme Giono et Alain . qui le regretteront après. [...]
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