« Le romantisme est l'aventure collective d'un certain nombre de philosophes, d'écrivains, de musiciens, de peintres (et de vivants qui se sont contentés de vivre “romantiquement” sans imprimer leur trace dans les arts) entre la fin de la Révolution française et -approximativement- le milieu du 19ème siècle. (…) C'est la nature privilégiée par rapport à la culture, le sentiment préféré à la raison, l'individu à la société. ». Ainsi l'écrivain Claude Roy définit-il le romantisme, ce mouvement littéraire dont l'apogée se situe dans la première moitié du 19ème siècle ; caractérisé par la prééminence de l'individualité et par l'expression d'une sensibilité exacerbée, il s'inscrit en ce sens en réaction par rapport au classicisme du 17ème siècle et au rationalisme des Lumières du 18ème. Véritable révolution esthétique et culturelle, le romantisme s'étend dans toute l'Europe et concerne non seulement les arts, mais aussi la politique, inhérente à ce siècle des révoltes et de la succession des régimes, héritier de la Révolution française et de l'empire napoléonien. Peut-on pour autant parler de culture politique du romantisme ?
[...] Ils découvrent entre leur révolte esthétique et l'idéal révolutionnaire de liberté une certaine cohérence. Ainsi, on assiste à la multiplication des cercles et des cénacles où débattent les romantiques à propos de questions artistiques bien sûr, mais aussi de questions politiques et sociales. Ils sont devenus très critiques par rapport à la Restauration, dénoncent l'injustice sociale, et critiquent, entre autres, l'immobilisme bourgeois, comme c'est souvent le cas dans les romans de Balzac par exemple, et qui caractérisent selon eux le régime. [...]
[...] En premier lieu, l'un des symboles de ce nouveau romantisme populaire est sans doute la mobilisation massive de toute une société en faveur de l'indépendance grecque à partir de 1821, engagement qui coutera sa vie au poète Byron en 1824. En effet, à partir de 1821, la Grèce, alors intégrée à l'Empire ottoman, se révolte contre l'occupation turque et les romantiques de toute l'Europe, s'érigeant en porte-paroles des libertés individuelles et des droits de l'homme, se passionnent pour la cause de la Grèce : Delacroix peint "Les massacres de Scio" en 1827, Hugo, lui, en 1829, décrit dans son poème "L'enfant", extrait du recueil les Orientales, un enfant qui réclame de la poudre et des balles dénonciation implicite des méfaits de cette guerre. [...]
[...] Là réside tout le paradoxe du romantisme à ses débuts car il s'agit d'un mouvement à la fois novateur et conversatiste. C'est particulièrement le cas en Allemagne et en Angleterre où le romantisme se situe clairement à droite sur l'échiquier politique. Balzac, dans ses Illusions Perdues, qualifiera ainsi les romantiques de monarchistes et les classiques de libéraux Côté français, Chateaubriand, l'un des précurseurs du romantisme, est extrêmement représentatif de l'esprit politique de ce mouvement car, comme de nombreux autres le feront après lui, il assume la double carrière d'écrivain et d'homme politique ; il est ainsi à ses débuts l'un des porte- paroles du parti ultra royaliste d'opposition à la Restauration, à travers le Conservateur, l'un des plus puissants organes de ce parti. [...]
[...] Les Trois Glorieuses constituent un grand moment de communion fraternelle un peu utopique, transcendant les classes sociales, qui sera valorisé dans de nombreuses œuvres comme les romans d'Hugo (Les Misérables). De la même façon, on assiste à l'indépendance de la Belgique, en 1830 grâce à la révolte des étudiants, Mazzini fonde la Jeune Italie en 1831, société secrète qui lutte pour l'indépendance de l'Italie ; cet esprit de révolte et d'indépendance touche également l'Allemagne, l'Irlande Ainsi, les mouvements romantiques deviennent des mouvements de libération nationale. [...]
[...] Avant tout, il convient de comprendre ce que l'on entend exactement par la notion de culture politique G. Almond et S. Verba, professeurs américains en sciences politiques, la définissent comme un ensemble de connaissances et d'aptitudes, de tendances émotionnelles et qualitatives formant les éléments d'un système politique Ainsi, les normes et les caractéristiques propres au romantisme, son appartenance à un temps nouveau caractérisé par un langage renouvelé, le distinguent comme un mouvement unique et semblent l'assimiler à une culture politique. [...]
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