La vision de la République selon Jean Bodin

Résumé du document

La vision de la république telle qu'envisagée par Jean Bodin est bien loin de notre république actuelle. En effet, elle correspond au principe d'une monarchie royale, alors que la république contemporaine se distingue et encore plus s'oppose formellement à la monarchie ou à la royauté. Il n'est donc pas dans notre intérêt de disserter ici sur le principe de la république contemporaine ou encore de la République démocratique française actuelle, mais bien de comprendre le concept d'Etat monarchique à partir du XVIe siècle.

Le problème se pose alors ainsi : pourquoi et de quelle manière l'Etat monarchique récemment apparu se trouve-t-il en crise, et quels sont véritablement les principes qui se désagrègent ? Est-il possible de mettre fin à ce problème, et dans le cas d'une réponse positive, quels seront alors les moyens mis à disposition ? En quoi la réflexion de Jean Bodin va-t-elle apporter de profondes idées et de réels changements, et donc de quelle manière le fondement de sa pensée aboutira-t-il à un renforcement de l'Etat monarchique ? Enfin, la théorie qu'il propose s'appliquera-t-elle à la lettre ou ne sera-t-elle pas limitée par divers éléments ?

Extraits

[...] Ils prônent la résistance en ce sens que s'il est nécessaire, le peuple doit avoir les moyens de mettre à mort le tyran. A partir de 1587, les ligueurs adoptent ces idées et contestent le devoir d'obéissance du peuple. C'est alors qu'un jeune dominicain assassine Henri III en 1589. Le peuple entier se réjouissant de cet évènement, il revient vite à la réalité en observant le caractère irrémédiable de ce tyrannicide. L'exception de la royauté française est désormais bel et bien en péril. S'engage alors une réflexion intense à propos du pouvoir. [...]

[...] Il existe aussi des corps intermédiaires qui protègent les Français. Cependant, il n'existe à l'époque aucun contrôle constitutionnel réel. Bien que restant dans l'esprit principal de la théorie de Bodin, le roi, et nous entendons ici parler de Louis XIV, semble donc abuser des prérogatives qui lui sont données. Cette concentration des pouvoirs aux mains du roi semble se détourner de la vision plutôt optimiste de Jean Bodin, qui n'envisageait aucune forme d' absolutisme dans sa conception de la république. [...]

[...] Il raisonne ici en conséquence de la Fronde, pensant qu'un ministre n'est pas idéal pour gouverner la France. Avec l'aide de Colbert, il va désormais assurer l'autorité royale, plus que jamais. La succession de ces quelques rois ont largement fait évoluer l'Etat monarchique, autrement dit la république en conservant les termes de Jean Bodin. La dynastie des Bourbons se fonde sur les mêmes idéaux que Bodin en délaissant l'idée d'un régime mixte au profit du principe de l'unicité et de l'indivisibilité du pouvoir souverain. On constate par exemple que le roi est l'unique souverain. [...]

[...] Chacun crée ses propres institutions, et de là apparaissent des contestations de l'Etat centralisé, avec un pouvoir royal qui n'est, selon eux, plus assez limité. Par ces sécessions, l'Etat se retrouve profondément désagrégé, ne laissant à Henri III qu'un pouvoir faible qui se restreint aux provinces de la Loire et à la ville de Bordeaux. S'ajoute enfin la remise en question de la royauté, notamment par les monarchomaques. Ceux-ci sont de réels adversaires du pouvoir royal qui prônent le droit de résistance et de tyrannicide. [...]

[...] Bodin décrit alors une hiérarchie qui garantit l'harmonie, l'ordre sur terre et le Salut. Il voit en Dieu l'être suprême, le souverain par excellence, qui confie l'exercice de la souveraineté au roi sur terre, la monarchie étant placée directement sous l'autorité de Dieu sans l'intermédiaire de l'Eglise. Le roi est une sorte de Dieu corporel il est son lieutenant sur terre. Viennent ensuite les sujets du royaume. Selon Bodin, si ceux-ci exercent leur devoir d'obéissance envers Dieu et le roi, ils peuvent donc s'assurer de l'ordre, la paix et le Salut. [...]