De prime abord, il parait désormais normal de condamner la violence comme étant l'apanage du barbare, d'un être pour qui le chaos prime sur le vivre ensemble inhérent à toute communauté politique. Or comme nous le raconte Tite-Live dans "l'Histoire romaine", la violence est parfois un élément salvateur, un acte politique incomparable à tout autre. Ainsi lorsque Rome est assiégée par Tarquin le Superbe et Porsenna, un jeune patricien nommé Caius Mucius n'hésite pas à se glisser dans les rangs ennemis pour abattre le roi étrusque. Arrêté, il pose sa main sur une torche tenue par un garde du roi et alors qu'elle se consume peu à peu, il apprend au roi le serment qu'une partie de la jeunesse romaine a prêté, celui de n'avoir de répit qu'une fois ce dernier tombé sous leurs coups. Cet acte, d'une violence physique et symbolique inouïe, a pourtant permis la fin du siège de Rome et a resserré la communauté politique autour du héros, désormais appelé Scaevola.
[...] Et alors la force hobbienne se mue en pouvoir dans la main d'un Etat qui assure la légalité et le respect de la loi. La violence est pour ainsi dire légitimée lorsqu'elle apparaît comme l'ultime recours de l'Etat et non, comme c'est le cas chez l'idéaliste criminel ou le terroriste, comme un outil courant dans le champ politique. Et ici se forge la différence entre deux postures face à la violence : d'un côté l'éthique de conviction qui place l'achèvement de son idée au-dessus de toute autre considération, de l'autre l'éthique de responsabilité qui n'use de violence que lorsque toutes les autres voies sont épuisées. [...]
[...] La violence est-elle le moyen décisif en politique ? De prime abord, il parait désormais normal de condamner la violence comme étant l'apanage du barbare, d'un être pour qui le chaos prime sur le vivre ensemble inhérent à toute communauté politique. Or comme nous le raconte Tite-Live dans l'Histoire Romaine, la violence est parfois un élément salvateur, un acte politique incomparable à tout autre. Ainsi lorsque Rome est assiégée par Tarquin le Superbe et Porsenna, un jeune patricien nommé Caius Mucius n'hésite pas à se glisser dans les rangs ennemis pour abattre le roi étrusque. [...]
[...] Qui plus est, chacun est dépositaire d'une violence mise au service de ses intérêts ou de ses passions. Et alors l'érection d'une autorité légitime aux yeux de tous dans un tel contexte ne peut alors se produire. Tant en effet que la légitimité ne trouve son ressort principal que dans la violence, alors la guerre civile presse toujours. Cette situation ne peut entraîner que du conflit selon Hobbes qui par un pacte social tente de mettre fin à cette précarité fragile du lien politique. [...]
[...] L'idéalisme qui a donné naissance au projet, lorsqu'il s'appuie trop sur le caractère régénérateur de la violence, est alors un mauvais guide pour s'orienter dans le champ politique. Plus encore, la violence loin d'appeler le droit ou de lui donner naissance le fragilise et s'appelle elle-même. Voilà pourquoi Arendt y voit une forme d'hubris en ce que la violence ne connaît pas de limite à son expansion. La politique, art de la gestion du vivre ensemble par des cadres légaux, ne peut employer la violence sans risquer sa propre mise en péril. [...]
[...] Dès lors, la violence, moyen décisif par excellence, ne prend tout son sens qu'accompagnée de ce qui l'installe dans une légitimité autrement hors d'atteinte : le sacré. Et ainsi, un acte criminel comme le meurtre de Rémus par Romulus devient-il non pas une ombre mais bien plutôt un acte de naissance dont Rome ne cessera de célébrer le jour. Il en allait de même pour les Athéniens qui ostracisaient chaque année un membre de leur communauté afin d'assurer le bien commun. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture