De son vrai nom Emile Chartier, Alain sera toute sa vie professeur de philosophie, d'abord en classes terminales, puis en Lettres supérieures ; il exercera sur ses élèves (Simone Weil notamment) une influence considérable. Très marqué par la guerre de 14-18 – où il fut brigadier d'artillerie – et engagé politiquement auprès du parti Radical, il restera, même au moment de la montée du péril hitlérien, résolument pacifiste.
Se refusant à organiser sa philosophie en système, Alain s'est exprimé en Propos, d'abord publiés en articles, puis réunis en volumes.
[...] La guerre et la marine dépendent d'hommes qui connaissent leur métier. En fait, les Compétences sont aux affaires. Il reste à les surveiller, et ce n'est pas si difficile. On prend à tort les ministres pour des hommes qui devraient être plus savants que leurs subordonnés. Le ministre n'est autre chose qu'un délégué du peuple pour la surveillance d'un travail déterminé ; et nous avons pour surveiller le surveillant, un autre député, rapporteur du budget ; les autres députés sont arbitres. [...]
[...] Le souverain impuissant et désarmé le roi peuple- reste la source de toute légitimité. En toute situation, le peuple doit soustraire le contrôle à la mainmise du pouvoir sauf dans l'Etat de guerre, et c'est ce qui, aux yeux d'Alain, fait de la guerre l'argument et le triomphe des pouvoirs. Le nombre seul est qualifié pour représenter la justice dans les faits. Le peuple doit d'abord gouverner, coûte que coûte. Le droit de l'élite se définit par ce seul mot : instruire Il reprend la métaphore antique du navire : Le capitaine du navire est juge des moyens ; il n'est pas juge de la fin. [...]
[...] Ils doivent donc être contrôlés par le pouvoir politique. En bref, le pouvoir administratif est le véritable et le seul pouvoir, le pouvoir politique n'est qu'il contrôle. Les ministres sont des contrôleurs des bureaux. Ils sont des tribuns qui ont la surveillance des puissances administrations qui deviendraient tyranniques si on les laissait faire. Le ministre n'est autre qu'un délégué du peuple pour la surveillance d'un travail déterminé. Aussi le ministre doit-il rester citoyen, le citoyen modèle qui doit découvrir tous les abus de pouvoir et y mettre fin. [...]
[...] Je crois que la principale erreur de notre temps, c'est de chercher en toutes choses la vitesse. (Propos) Espérer, c'est être heureux. [...]
[...] Celle-ci n'est pas seulement la connaissance correcte des effets, mais la connaissance des raisons qui les fondent. De Descartes, qui fut son maître, Alain retient d'abord le doute : il permet de résister à notre penchant pour la crédulité ; il invite le citoyen à un nécessaire contrôle des pouvoirs auxquels l'ordre social exige d'obéir, mais qu'il serait dangereux de respecter aveuglément ; il manifeste enfin qu'il n'est pas de pensée véritable sans volonté, sans résolution de ne pas se laisser prendre aux facilités des explications premières. [...]
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