La vertu vient du latin virtus, de vir qui signifie homme, courage, énergie morale, et au-delà, toute qualité de mérite masculin et par extension le pouvoir, la force et le principe d'efficacité. Elle est connotée moralement et devient une disposition permanente à faire le bien. Elle implique en outre un effort sur soi. Si l'on associe la vertu à la politique, il s'agit de s'interroger sur l'articulation entre éthique et politique, puisque l'éthique concerne la conduite de l'individu en tant qu'elle est orientée par la recherche du bien. Cela met donc en jeu la question des critères du bon gouvernement. Il faut se demander si ces critères renvoient au bien moral ou s'ils signifient une conformité à une certaine fin, telle que la conservation de l'État qui assurerait la coexistence pacifique des habitants. De plus, il faut également se demander si tous les moyens sont bons pour parvenir à cette fin.
Finalement, le problème est de savoir si la politique est une activité éthique et si elle doit toujours être conforme aux règles morales.
Pour répondre à cette question, nous nous proposons d'étudier dans un premier temps la politique comme une activité intrinsèquement éthique, puis nous verrons que la politique s'oppose en réalité à l'éthique. Enfin, nous montrerons que la politique possède véritablement sa propre vertu.
[...] C'est cette capacité de l'homme politique à assumer ses responsabilités et à user convenablement de la violence qui devient la vertu politique. Il convient en effet, à ce stade de la réflexion, de montrer que la politique crée et possède sa propre vertu. Machiavel pervertit le terme de vertu. Il détache celle-ci de la bonté pure et des qualités morales. Pour ce philosophe, elle signifie désormais l'ensemble des qualités politiques propres à l'obtention des résultats recherchés. La vertu renvoie donc pour lui à l'esprit de décision et à la fermeté de caractère. [...]
[...] De la même façon, Aristote replace l'étique dans la politique. La science politique, pour ce philosophe, est un art architectonique : c'est une science pratique qui occupe la première place au sein de toutes les sciences pratiques. C'est la science qui fixe les buts qui sont la citoyenneté et la vertu politique. Pour Aristote, la politique poursuit un but moral, elle doit créer les conditions d'un perfectionnement des hommes car il est souhaitable que le bien soit accessible à tous les membres de la cité. [...]
[...] De la même façon, pour Montesquieu, dans L'Esprit des lois, la démocratie exige nécessairement la vertu politique. La vertu politique, transmise par l'éducation, représente alors pour lui l'amour des lois et de la patrie La vertu politique s'applique donc aux gouvernants et au peuple. Cependant, ne serait-elle pas qu'un idéal ? En effet, il convient maintenant de montrer que la politique s'oppose véritablement à l'éthique. La conviction de Machiavel est que la politique est une activité normative qui obéit à des normes propres, non morales. [...]
[...] Pour conclure, la politique comme activité éthique semble donc être un idéal. Ni les gouvernants, ni les peuples ne sont totalement vertueux. Aucun homme n'est fidèle au contrat, chacun est continuellement tenté de transgresser les lois. La réalité est au contraire la force : les hommes ne se soumettent qu'à la force. La vertu politique devient alors la capacité de l'homme politique à prendre ses responsabilité et à assurer la conservation de l'État qui assure ensuite la paix civile, quels que soient les moyens utilisés. [...]
[...] Dans Économie politique, il écrit que la vertu n'est que cette conformité de la volonté particulière à la générale Selon Rousseau, il n'existe qu'une forme d'État légitime qui est la démocratie et donc la vertu politique est la seule forme qui constitue un peuple comme un tout. La vertu est un effort, elle n'est pas donnée. La vertu politique doit lutter contre l'intérêt privé. La vertu politique représente alors le choix de renoncer à son intérêt au profit du bien commun. Un peuple est vertueux ou n'est plus puisqu'un peuple n'est tel qu'à partir du moment où les volontés communient dans une volonté générale. [...]
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