Dans sa biographie sur Talleyrand, Jean Orieux affirme qu'« en politique, innover c'est toujours trahir ». En effet les périodes de rupture qui ont permis l'évolution des régimes politiques ont souvent été vécues par la partie évincée du pouvoir comme une injustice : le Prince aurait été trahi.
La notion de Prince renvoie à l'œuvre de Machiavel. Publié en 1532, ce livre avait pour objet d'exposer l'art de gouverner à une Italie divisée, mais pour avoir dissocié les fins politiques des fins divines, il a été taxé d'immoralisme, donnant naissance à l'adjectif machiavélien puis machiavélique. En réalité, la conception de Machiavel n'était pas immorale mais amorale puisqu'elle énonçait que la politique ne devait pas s'encombrer de préoccupations morales. De plus en affirmant que la fin justifie les moyens, Machiavel n'évoquait pas une fin personnelle mais la Raison d'État.
L'Histoire a connu de nombreux actes de trahison commis dans des contextes multiples, par un personnage ou des groupes politiques poursuivant des motivations diverses. Le développement de l'État de droit aurait dû supprimer la nécessité que certains ont avancée de trahir le Prince si celui-ci dépassait ses prérogatives préalablement fixées. Néanmoins, le Prince, par son pouvoir, suscite toujours les convoitises et les États de droit restent des constructions humaines et donc faillibles.
Trahir le Prince peut-il être un acte légitime ?
[...] Dictionnaire philosophique I hold it, that a little rebellion, now and then, is a good thing, and as necessary in the political world as storms in the physical. Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe Voir : Constitution du 4 Octobre 1958, Titre IX, Article 68 : la référence explicite à la haute trahison a été supprimée par une réforme de 2007 Grotius, De Jure Belli ac Pacis (1625) Dans un article paru dans l'Express en 1979 à propos des dictatures de Bokassa et d'Idi Amin Dada. [...]
[...] Trahir le Prince peut-il être un acte légitime ? Dans sa biographie sur Talleyrand, Jean Orieux affirme en politique, innover c'est toujours trahir En effet les périodes de rupture qui ont permis l'évolution des régimes politiques ont souvent été vécues par la partie évincée du pouvoir comme une injustice : le Prince aurait été trahi. La notion de Prince renvoie à l'œuvre de Machiavel. Publié en 1532, ce livre avait pour objet d'exposer l'art de gouverner à une Italie divisée, mais pour avoir dissocié les fins politiques des fins divines, il a été taxé d'immoralisme, donnant naissance à l'adjectif machiavélien puis machiavélique. [...]
[...] Leurs théories ont influencé les classes instruites de leurs époques et donné un fondement légitime aux révolutionnaires. Par exemple, Thomas Jefferson affirmait une petite rébellion, de temps en temps, est une bonne chose, et aussi nécessaire dans le monde de la politique que les tempêtes dans celui de la physique Les révolutions peuvent en effet être considérées comme le recours ultime d'un peuple en mal de changement politique. Dans ce cas, on peut dire que le Prince est trahi seulement si le Prince désigne celui qui détient concrètement le pouvoir. [...]
[...] Or la légitimité du Prince repose en grande partie sur sa capacité à gouverner, cette capacité reposant sur l'éducation qu'il a pu recevoir. La question de l'éducation du Prince est d'ailleurs ancienne. Elle remonte à l'Antiquité avec les penseurs grecs. Platon considérait ainsi que la politique était un art qui s'apprend et se transmet, la connaissance suprême du Beau, du Vrai et du Bien et qu'à ce titre les dirigeants devaient recevoir une longue éducation avant d'être apte à gouverner. [...]
[...] Le développement de l'État de droit aurait dû supprimer la nécessité que certains ont avancé de trahir le Prince si celui- ci dépassait ses prérogatives préalablement fixées. Néanmoins, le Prince, par son pouvoir, suscite toujours les convoitises et les États de droit restent des constructions humaines et donc faillibles. Trahir le Prince peut-il être un acte légitime ? La pensée politique a évolué d'un Prince intouchable, car représentant de Dieu sur Terre à des possibilités de droits de résistance mais la trahison renvoie parfois à des logiques personnelles et elle reste sujette à l'interprétation des parties concernées (II). [...]
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