La visibilité actuelle de l'islamophobie en France et l'apparition de discours islamophobes affichés chez certains hommes politiques français posent avec force la question de la tolérance comme valeur politique.
Depuis les origines religieuses de la tolérance au XVIe et XVIIe siècles, la notion de tolérance (du latin tolerare, supporter) a évolué d'une simple acceptation résignée de la différence dans l'intérêt du maintien de la paix, à des attitudes plus positives. Le terme de tolérance a tour à tour pu désigner l'indifférence à la différence, la reconnaissance des droits de l'autre, le respect de l'existence de la différence, ou même dans une acception plus récente du terme l'adhésion enthousiaste à la différence. « Etre tolérant » implique dans tous les cas d'admettre la présence de personnes dont on n'adopte ou n'approuve ni les croyances, ni les pratiques : la tolérance sous-entend une coexistence acceptée avec l'altérité.
Il faut préciser que le langage ordinaire présente souvent la tolérance comme une relation de pouvoir, un rapport inégalitaire qui assigne aux tolérés une position inférieure – bien qu'on puisse aussi concevoir une tolérance qui consiste en un respect mutuel.
[...] Cependant les bureaucrates eux-mêmes doivent accepter, tolérer les modes de vie de chacun, n'intervenant généralement pas dans la vie interne des communautés autonomes tant qu'est payé l'impôt et que la paix est maintenue. L'Empire multinational incorpore donc les différences en exigeant la coexistence pacifique de chacun des groupes, et ce uniquement dans le but de préserver la paix et non pas au nom d'un idéal libéral ou démocratique. Un autre exemple de régime de tolérance serait la communauté internationale malgré l'intolérance manifestée par certains des Etats qui la composent. [...]
[...] Les diplomates et hommes d'Etat acceptent en effet généralement de négocier avec des chefs d'Etat dont ils estiment les pratiques intolérables. Les compromis et travaux de routine diplomatique sont donc des actes de tolérance qui n'ont d'autre but que de préserver la paix internationale ne serait-ce que pour éviter les coûts très élevés de l'ingérence militaire. Enfin, l'Union Européenne est un autre bon exemple de régime de tolérance visant à construire la coexistence pacifique, cette union d'Etats- Nations encourageant l'hétérogénéité à travers son régionalisme reconnaissance à l'intérieur des Etats des régions en tant qu'objets légitimes de politique économique et sociale et l'immigration liberté de circulation des personnes, susceptible de rompre les concentrations ethniques régionales. [...]
[...] La tolérance n'est un principe de l'action politique que tant qu'elle est subordonnée aux droits de l'Homme et notamment à la valeur politique principale qu'est la liberté. L'action politique doit subordonner la valeur qu'est la tolérance aux droits de l'Homme et notamment à la valeur première qu'est la liberté. Le fait de soutenir qu'il faille permettre à des groupes et individus différents les uns des autres de coexister en paix ne signifie pas qu'il faille tolérer toute différence réelle ou imaginable, même lorsque la pratique non tolérée est d'ordre purement privé. [...]
[...] Cependant la tolérance cesse toujours d'être une valeur pour l'action politique lorsqu'elle porte atteinte aux droits fondamentaux. De même que la liberté, y compris la liberté religieuse, fonde la tolérance comme valeur, elle la limite : le droit d'être protégé contre la coercition doit primer sur les valeurs familiales propres aux religions et cultures des minorités. Les droits humains, qui trouvent leur fondement dans la nature raisonnable de l'Homme, rendent intolérables des normes religieuses et culturelles telles qu'on en rencontrait par exemple en Inde au XIXe siècle avec le Sâti, immolation des veuves sur le bûcher funéraire de leur défunt mari. [...]
[...] Si l'Etat cherche par exemple à intégrer véritablement ses citoyens afin de préserver la cohésion sociale, le maintien des signes religieux hors de la sphère publique ne doit pas mener les individus par réaction à sortir de cette sphère publique. Il s'agit alors peut-être de trouver un équilibre entre tolérance et éducation c'est-à-dire d'accepter une certaine multi culturalité au sein de la sphère publique afin de ne pas en exclure certains individus, puis de mener par l'éducation une véritable lutte contre les pratiques culturelles liberticides. Bibliographie - Locke, Lettre sur la tolérance - Voltaire, Traité sur la tolérance - M. Walzer, Traité sur la tolérance, Gallimard, Paris - P.A. [...]
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