Tocqueville accepte la démocratie tout en éclairant ses faiblesses, auxquelles il tente de remédier par des moyens entièrement démocratiques : 'se servir de la Démocratie pour modérer la Démocratie, c'est la seule voie de salut qui nous soit offerte'. En mettant au jour la nature du phénomène central de la modernité, le phénomène démocratique, l'ambition de Tocqueville est de prolonger la démocratie en surmontant ses contradictions. Selon lui, un état social a triomphé que l'homme ne pouvait prévoir, mais il reste à l'art de l'homme à le saisir et à transformer en avantages les potentialités de l'état démocratique qui conduisent à la liberté
[...] Selon lui, un état social a triomphé que l'homme ne pouvait prévoir, mais il reste à l'art de l'homme à le saisir et à transformer en avantages les potentialités de l'état démocratique qui conduisent à la liberté. I. Qu'est-ce que la démocratie ? Tocqueville voit dans l'avènement de la démocratie l'aboutissement d'un processus de très longue durée, qui prend sa source dans les fondements de la civilisation judéo-chrétienne (mais il focalise son intérêt sur le siècle écoulé). Mieux, cet avènement, avec celui des valeurs démocratiques et de l'état social qui la caractérise -l'égalité-, est inéluctable. [...]
[...] La centralisation politique est nécessaire car elle garantit la cohérence d'une politique, la permanence d'une législation homogène, et donne les moyens d'une diplomatie et d'une défense efficaces. La centralisation administrative a deux effets principaux : l'uniformisation des individus et la privation des libertés politiques. Le diagnostic de Tocqueville est donc clair : dans une démocratie, la centralisation conduit au despotisme, le despotisme démocratique. Parfaitement compatible avec la souveraineté du peuple, le despotisme administratif est la forme de servitude qui menace la démocratie lorsque le civisme et les sentiments libéraux y sont trop affaiblis. [...]
[...] Mais ce déclin de la grandeur, tout en étant regrettable, est pour Tocqueville, partiellement compensé par l'amélioration de la situation matérielle et intellectuelle de la société prise dans son ensemble. Ainsi, d'un côté le progrès de l'égalité est juste, et d'un autre la passion égalitariste représente un danger pour la liberté et le lien social, voire la grandeur. On retrouve non seulement le parallèle évoqué précédemment entre l'individualisme et l'égalitarisme mais aussi le souci de Tocqueville de moraliser, de pondérer et d'instruire la démocratie pour lui permettre de surmonter ses contradictions. [...]
[...] Tocqueville insiste sur le fait que l'état social égalitaire et la forme démocratique du gouvernement ne sont pas nécessairement liés. C'est justement selon lui l'intérêt des Américains d'avoir su adapter leurs institutions libérales à un état social démocratique, car l'égalité des conditions peut par ailleurs très bien s'accommoder d'un régime despotique. En effet, d'un même état social les peuples peuvent tirer des conséquences politiques " prodigieusement " différentes : cet état social détermine ce que les institutions ne peuvent pas être (aristocratiques) mais non pas ce qu'elles peuvent être. [...]
[...] La leçon que Tocqueville a tiré des problèmes rencontrés par la démocratie et des dangers auxquels elle s'expose est que la démocratie est toujours à construire. Un état social a triomphé que l'homme ne pouvait prévoir, mais il reste à l'art de l'homme (la politique) à le saisir et à transformer en avantages les potentialités de l'état démocratique qui conduisent à la liberté. La liberté politique postulée par la démocratie ne devient liberté démocratique et ne prend tout son sens que si l'homme démocratique prend part au débat public. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture