« Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, la guerre de chacun contre chacun ». (« Le Léviathan », chapitre 13, Thomas Hobbes, 1651). Ainsi s'exprime Thomas Hobbes (1588 – 1679) dans cet ouvrage, l'un des ouvrages de philosophie politique les plus célèbres. Publié en 1651, il est intitulé en référence au Léviathan biblique, créature du Livre de Job. Cet ouvrage est l'un des opuscules de l'auteur avec entre autres le « De Corpore » ou « The elements of law » ; il ouvrira la voie à la philosophie politique moderne et nourrira la réflexion politique jusqu'à la Révolution française. Mais l'ouvrage traite avant tout de la charpente de la société comme on peut le remarquer par son titre intégral : « Léviathan – Traité de la matière, de la forme et du pouvoir de la république ecclésiastique et civile » ; il intègre ainsi la sociologie au-delà de la seule philosophie politique puisqu'il traite une conception bien spécifique des individus et de la société.
Il est capital de revenir sur l'arrière plan sociopolitique de l'époque où Hobbes écrit « Le Léviathan » pour comprendre la totalité de sa pensée. Le pouvoir anglais connaît une crise institutionnelle importante avec, notamment, l'opposition entre le roi qui, comme tous les monarques européens au XVIIème siècle, est tenté par l'absolutisme et le parlement qui est lui très attaché à la défense de ses droits et libertés traditionnels. Cet état de tension s'incarne parfaitement dans le conflit ouvert entre Charles Ier et le parlement. Le souverain britannique, après une tentative autoritaire, connaît ainsi la première révolution et la guerre civile entre 1642 et 1645 avant d'être exécuté en 1649. C'est alors Cromwell qui lui succède à la tête du pays en instaurant la république. Devant les troubles grandissants et les suspicions qui l'accusaient d'être un partisan de la monarchie, Hobbes se réfugie en France de 1640 à 1651 pour y poursuivre ses études.
En ce qui concerne le fonds de sa pensée, Hobbes est un matérialiste qui explique tout en terme de corps et de mouvements et c'est de sa pensée que s'inspireront plusieurs politiques de la modernité, de Kant à Spinoza, en passant par Hegel et Rousseau. Sa pensée s'est justement assemblée et générée dans un certain climat intellectuel : il fut ainsi le contemporain de Descartes, de Grotius, de Pascal et noua des liens avec Galilée ou Mersenne. Cette émulation associée aux évènement purement conjoncturels poussèrent donc Hobbes à s'interroger sur les notions de « souveraineté », de « contrat », de « république ». Nous pouvons donc nous demander en quoi sa pensée est-elle à la base de tout un courant de pensée dans la réflexion politique contemporaine et, en quoi est-elle si spécifique. Nous étudierons pour cela le déroulement logique de son raisonnement, de l'état de nature initial au pacte social, du pacte au Léviathan, et du Léviathan à son application dans le champ des relations internationales.
[...] Tout d'abord, il faut nécessairement une contrainte pour que le pacte social soit valable. En effet, un accord de non agression entre individus, un engagement par parole ne suffisent pas : il faut la crainte. Dans l'état de nature Hobbes explique qu'il existe des contrats mais rien ne garantit leur respect, et si un individu respecte un contrat ceci est risqué pour lui car rien ne garantit que les autres en feront autant. De plus, à partir du moment où l'individu a consenti à obéir, il doit se soumettre complètement, c'est-à-dire qu'il renonce à tout son pouvoir et à toute sa force. [...]
[...] C'est de l'institution que proviennent les droits des souverains. Premièrement, puisqu'ils conviennent par contrat, il doit être entendu qu'ils ne sont pas obligés par une convention antérieure à quelque chose d'incompatible avec cet acte En effet, le contrat que chacun a passé avec chacun afin de permettre la génération de la société civile est supérieur à tout autre convention. Le consentement que les individus ont du faire est permanent, c'est-à-dire qu'aucun individu ne peut se retire de la République et retourner dans l'Etat de nature, car tous les individus ont renoncés à leurs droits en même temps et si un seul se retire alors les autres devront aussi se retirer, ce qui est injustice Deuxièmement, le souverain n'a passé aucune convention avec les individus, donc ces derniers ne peuvent sortir du Léviathan sous prétexte que le souverain aurait commis une forfaiture. [...]
[...] Nous pouvons constater que sa vision de base pessimiste sur les relations internationales le situe plus près des approches post positivistes modernes. Bibliographie MAIRET, Les grandes œuvres politiques, Librairie Générale Française, Paris pages RAYNAUD, RIALS, Dictionnaire de philosophie politique, Presses Universitaires de France, Collection Quadrige Paris pages (Y.C.) ZARKA, Philosophie et politique à l'âge classique, Presses Universitaires de France, Collection Fondements de la politique Paris pages (D.G.) LAVROFF, Les Grandes étapes de la pensée politique, Editions Dalloz, Paris pages Léviathan Traité de la matière, de la forme et du pouvoir de la république ecclésiastique traduction de Philippe FOLLIOT, sur le site Web Classiques des sciences sociales : http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/inde x.html LESCUYER, Histoire des idées politiques, Editions Dalloz, Paris pages CAMPAGNA, Thomas Hobbes, L'ordre et la Liberté, Editions Michalon, Paris pages (J.M.) BESNIER, Histoire de la philosophie moderne et contemporaine, Editions Grasset, Paris pages : Léviathan Traité de la matière, de la forme et du pouvoir de la république ecclésiastique traduction française de François TRICAUD. [...]
[...] Nous étudierons pour cela le déroulement logique de son raisonnement, de l'état de nature initial au pacte social, du pacte au Léviathan, et du Léviathan à son application dans le champ des relations internationales. I. L'homme à l'état de nature dans la pensée hobbesienne Pour comprendre la pensée de Thomas Hobbes et notamment sa théorie du contrat social, il faut suivre la logique mathématique de son raisonnement qui commence, pour ce qui nous concerne au chapitre XIII intitulé De la condition naturelle des hommes en ce qui concerne leur fidélité et leur misère On comprend alors que la vie à l'état de nature mène par le jeu des passions, selon Hobbes, à la guerre de chacun contre chacun et que la raison mènera les individus à faire surgir le Léviathan. [...]
[...] Thomas Hobbes : Le représentant souverain dans le Léviathan Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, la guerre de chacun contre chacun Le Léviathan chapitre 13, Thomas Hobbes, 1651). Ainsi s'exprime Thomas Hobbes (1588 1679) dans cet ouvrage, l'un des ouvrages de philosophie politique les plus célèbres. Publié en 1651, il est intitulé en référence au Léviathan biblique, créature du Livre de Job. [...]
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