Thomas Hobbes est un philosophe anglais du XVIIe siècle (1588-1679) qui a publié son livre phare, Le Léviathan, en 1651. Il se considère comme le fondateur de la philosophie civile c'est-à-dire la philosophie politique, qu'il développe dans son livre "Du citoyen". Sa pensée est novatrice par biens des aspects. Avant de décrire l'état de nature chez Hobbes dans une première partie puis de développer une critique de l'approche hobbesienne dans une seconde partie, nous allons détailler deux dimensions du renouveau apporté par ce théoricien.
La première est que Hobbes souhaite refonder la légitimité du pouvoir politique sur autre chose que la religion ou la tradition ; il est en ce sens l'héritier et le continuateur de Marsile de Padoue qui, au XIVe siècle, avait théorisé la sécularisation du pouvoir politique et de Jean Bodin qui, au XVIe siècle fonde l'idée de « puissance souveraine » qui marque une évolution déterminante dans l'histoire des idées politiques : la souveraineté est l'apanage de l'État, elle est définie comme étant « la puissance de donner et de casser la loi. »
[...] Qu'est-ce qu'est l'état de nature ? Après avoir été pensée par Épicure, l'idée d'un contrat qui lie les hommes entre eux, le contractualisme, a été théorisé par l'italien Marsile de Padoue (1275-1342) dans son ouvrage Defensor Pacis de 1324. Celui-ci s'oppose aux thèses de Saint-Augustin qui milite pour une théocratie et un pouvoir égal, voire supérieur de l'Église sur l'État. Marsile de Padoue, bien avant Hobbes, défend l'idée d'une stricte séparation du religieux et du politique. Plusieurs siècles après ces précurseurs le contractualisme revient en vogue aux XVIIe et XVIIIe siècles. [...]
[...] Dans cet univers, il n'y a pas de justice, donc pas de bien, pas de mal. En effet, pour s'accorder sur le juste et l'injuste, c'est-à-dire éviter l'arbitraire, il faut qu'existe la loi générale et impersonnelle donc l'État La deuxième dimension est que Hobbes considère les hommes comme égaux. Si le philosophe anglais est d'accord pour considérer que les êtres humains ont des aptitudes intellectuelles semblables, l'égalité signifie surtout une égale capacité à s'entretuer, de se tuer les uns les autres. [...]
[...] Il faut noter que Hobbes est favorable à un pouvoir monarchique investi des compétences les plus étendues. C'est à ce sujet qu'on a parlé de Hobbes comme étant un inspirateur du totalitarisme : Pour les uns, la cause est entendue, Hobbes est le théoricien de l'État totalitaire, il en donne tous les composants : positivisme juridique intégral, réglementation minutieuse, pour ne pas dire perverse et sadique, de la morale sexuelle, puissance illimitée de l'État-Léviathan, irréversibilité du système, enfermant complet d' individu, etc. [...]
[...] L'homme voulant être estimé des autres autant qu'il s'estime lui-même, cela engendre, là encore, un univers de tensions, et de concurrence. Cette idée renvoie à la notion de sentiment de prestige théorisée plus tard par Max Weber. Ces trois dimensions : une liberté qui est synonyme de licence ; une égalité qui correspond à l'égale capacité de s'entretuer ; un amour-propre qui pousse chaque homme à être aimé des autres forme une totalité cohérente : un état de guerre et un univers de violence sans limites. [...]
[...] La révolution des contractualistes réside dans ce tour de force : par le contrat, les hommes renoncent à leur droit naturel d'agir de leur propre chef et acceptent de se soumettre à l'autorité de l'État. En échange, celui-ci doit leur garantir la paix, la sureté de leurs propriétés et la liberté autorisée par la loi. La thèse centrale des théoriciens du contrat social est résumée limpidement par un de ses architectes, Jean-Jacques Rousseau : chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout[1]. [...]
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