hugo, 93, philosophie
Justice et morale à l'épreuve de la littérature
Le thème de l'engagement politique à partir de 1793 de Victor Hugo
Note 15
[...] Trois enfants sont enfermés dans une tour, à laquelle les Vendéens mettent le feu. Ces enfants n'ont aucun moyen de s'en sortir. La seule issue de secours est une porte, dont Lantenac a la clé. Alors qu'il a réussi à s'échapper, il entend le cri déchirant de la mère reconnaissant ses enfants, et décide de faire demi tour. Il sauve donc la vie aux enfants, et ce faisant, il se livre aux Républicains révolutionnaires. Il sait donc qu'il encourt la peine de mort et il sera executé le lendemain matin. [...]
[...] Et parmi les horreurs de la guerre, malgré son engagement et ses convictions Gauvain a besoin de repères, de savoir ce qui est bon et mauvais. Or ces trois enfants sont l'expression même du bien universel. De plus, la figure de l'enfant dans la littérature est souvent synonyme de renouveau. Ces enfants de la révolution seront les citoyens de la nouvelle France, révolutionnaire ou non. Lantenac l'a saisi et c'est désormais au tour de Gauvain de le comprendre et d'agir en conséquence. [...]
[...] S'attaquer aux enfants revient à faire disparaître toute trace du passé. Figure de l'origine mais aussi des lendemains, l'enfant est avant tout le plus beau visage de l'humanité, de ce qui a de mieux dans l'homme. Dans les frères Karamazov , Ivan demande à Aliocha s'il accepterait que l'humanité bâtisse le bonheur de tous les hommes sur les larmes d'un seul enfant. Aliocha refuserait. Sacrifier un enfant, ce n'est pas uniquement détruire une vie. C'est détruire ce qui nous fait homme et femme, c'est à dire, notre humanité toute entière. [...]
[...] Je cite : « Ici, le vertigineux problème changeait de face brusquement » : La France connaît, du fait de la révolution, des difficultés diplomatiques, elle est menacée d'invasion, par l'Angleterre notamment : la mise à mort de Lantenac empêche l'invasion du territoire national. Il fait suivre cette réflexion par un argument qu'il veut convaincant : celui de la providence divine. C'est la volonté de Dieu que la Révolution triomphe, que Lantenac ait été arrêté et qu'il soit mis à mort. Toujours dans cette optique de persuasion, et même d'auto persuasion, il rebondit sur l'argument précédent. Sa mise à mort ne serait que le juste châtiment pour les exactions commises. Elle permettrait l'écrasement de la guerre civile. [...]
[...] Dans 93, Gauvain hésite entre ses valeurs de combattant révolutionnaire et son devoir d'homme. Par amour de l'humanité il choisira la clémence de Lantenac. Dans un dilemme, on ne choisit pas la meilleure solution mais la moins pire. Le prix à payer de cette libération sera sa propre mort, sentence réclamée par Gauvain. Cette décision sera son ultime manière d'honorer son engagement politique. Son engagement s'est ainsi évanoui face au sacrifice de Lantenac, ou plutôt face à l'innocence des trois enfants rescapés. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture