Parmi ses principes, on aurait tort d'omettre l'égalité. Celle-ci semble peu compatible, voire même contradictoire, avec la liberté. En effet, la liberté loin de détruire les inégalités, les développe et les renforce. Constant relèvera par conséquent que des lois égalitaires peuvent limiter la liberté. Mais il est loin de déconsidérer l'égalité. Effectivement, il voit l'inégalité comme un grand facteur d'injustice. Il dira d'ailleurs que l'égalité constitue la fin vers laquelle se dirige le mouvement de progrès de l'humanité. Et dans Mélanges, il montre que les 4 grandes révolutions de l'histoire (fin de la théocratie, de l'esclavage, de la féodalité, des privilèges de la noblesse) mènent toutes graduellement vers l'égalité.
L'auteur parle en fait d'une égalité de droits (individuels). Car en ce qui concerne les droits politiques il est partisan du suffrage censitaire (même s'il n'est pas opposé à un large abaissement du cens, voire même à un hypothétique suffrage universel) et ne croit pas, quant à l'égalité de fait, dans les mesures égalitaires (grand attachement à la propriété). Ainsi, si le monde se dirige inexorablement vers l'égalité, dans sa doctrine Constant va plutôt mettre l'accent sur la liberté, qu'il considère à beaucoup d'égards comme le moyen de progresser vers l'égalité. Nous nous attacherons donc à décrire cette liberté qui est au cœur de sa doctrine. Il écrira en effet dans le Journal des Débats en 1814 : « la liberté est un bien inestimable », « elle produit le repos dans l'esprit, le calme dans la raison », c'est la « source de tous les sentiments », « de toutes les idées nobles ».
Qu'est-ce qui fait de Benjamin Constant un des principaux inventeurs du libéralisme ? En quoi sa pensée est-elle si singulière ?
[...] Des élections et une constitution. Par conséquent, mis à part le roi (qui n'est présent que pour constituer le pouvoir neutre le modèle de Constant inclut donc des élections. On retrouve ici son ancien désaveu de la monarchie en ce qu'elle fonctionnait avec l'arbitraire évidemment, mais aussi en ce qu'elle fonctionnait par l'hérédité. Car Constant est contre l'hérédité sous toutes ses formes. Elle lui semble irrationnelle et elle est en totale contradiction avec les idées de mérite et de propriété qui lui sont chères. [...]
[...] Ensuite vient le législatif qui exprime la volonté nationale et se décompose en deux pouvoirs. Constant se méfie beaucoup de cet organe qui aliène temporairement la souveraineté des citoyens. Par conséquent, le législatif doit partager l'initiative de la loi avec l'exécutif qui a d'ailleurs un droit de veto sur ces décisions. De plus, il est séparé en deux chambres comme en Angleterre. La première est la chambre haute héréditaire qui est le pouvoir représentatif de la durée. La justification principale pour le maintien d'une Chambre des Pairs est l'indépendance que l'hérédité est censée assurer. [...]
[...] Enfin, il ne tient de ne pas oublier que les individus ont envers la société les mêmes devoirs qu'elle a envers eux. Par conséquent, il faut qu'ils veillent à ce que les anciens profiteurs ne soient pas persécutés ensuite, c'est-à-dire, empêcher que les révolutions qui ont déposé une tyrannie n'en deviennent une à leur tour. B. La forme institutionnelle idéale selon Benjamin Constant Une forme extérieure de l'Etat qui importe peu. Comme nous venons de le voir, pour Constant l'important est la limitation du pouvoir, sa forme n'est que secondaire. [...]
[...] Par conséquent, sa foi aveugle en la liberté ne l'a pas porté à imaginer des protections ou des assistances sociales qui auraient pourtant pu découler de sa pensée. À sa décharge, il n'a pas vraiment eu le temps d'observer les souffrances des classes ouvrières lors de l'industrialisation. Bibliographie - BASTID, Paul, Benjamin Constant et sa doctrine. Tome Paris, Armand Colin 495-1111pp. - GAUCHET, Marcel, La condition politique, Paris, Editions Gallimard 277-304pp. - GOUGELOT, Henri, L'idée de liberté dans la pensée de Benjamin Constant, Melun, Legrand et fils Editeurs 296p. - HOLMES, Stephen, Benjamin Constant et la genèse du libéralisme moderne, Paris, PUF 370p. [...]
[...] Pour lui, il est absurde de réduire la république au gouvernement de plusieurs et la monarchie au gouvernement d'un seul. Une république peut très bien attenter aux libertés et une monarchie perturber l'ordre social. Aucun système n'est mauvais par nature. Le fait qu'il soit bon ou non, n'est mesurable qu'à la vue des traitements qu'il réserve aux droits individuels. L'organisation des 5 pouvoirs et l'originalité du pouvoir neutre Ainsi, Constant va imaginer la forme institutionnelle qui pourrait rendre le pouvoir inoffensif. [...]
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