« Si l'État est fort, il nous écrase. S'il est faible, nous périssons. » En s'exprimant en ces termes en 1935, Paul Valéry s'inquiète du climat politique de l'entre-deux-guerres et des formes de régimes autoritaires qui émergent à l'époque en Allemagne, en Italie et en URSS. On sait ce qui arriva : dix ans plus tard, l'État qui écrase porte un nouveau nom : le totalitarisme. Si c'est le XXe siècle qui enfante ce nouveau concept et bouscule la classification habituelle des régimes politiques, les enjeux, interrogations, et confrontations autour de la présence, la place et le rôle de l'État sont vieux de plusieurs siècles.
Classiquement, c'est la théorie des trois éléments qui caractérise la notion d'État : l'État c'est un territoire – c'est-à-dire une zone délimitée par des frontières – ; une population – c'est-à-dire distinguer les nationaux des autres – ; des institutions – c'est-à-dire un pouvoir d'injonction organisé par des règles de droit. Ainsi, pour Kant : « Un État est l'unification d'une multiplicité d'hommes sous les lois juridiques. » On peut également souligner l'origine étymologique de l'État, stare qui signifie en latin se tenir debout, sa raison d'être est donc la stabilité. De l'autre côté, on définira la société comme une communauté d'individus partageant une même culture. Ici encore, l'étymologie est précieuse, "société" vient du latin "societas", qui comprend la racine "socii" qui signifie alliés.
Ainsi libellé, le sujet « Une société sans État est-elle possible ? » peut prendre deux sens : le premier renvoie à l'ordre du réalisable, le second à celui du souhaitable, du désirable. Nous nous demanderons au cours de ce travail : est-ce que l'État est la forme indépassable de toute société ? Dans une première partie nous mettrons en évidence qu'une société sans État à la fois autonome et libre est un mythe, puis dans une deuxième partie, nous verrons que pour éviter la guerre perpétuelle de tous contre tous crainte par Thomas Hobbes, les hommes ont progressivement élaboré l'architecture de l'État puis dans une troisième partie nous analyserons l'État moderne et mettrons en évidence qu'il balance entre dépérissement et dépassement.
[...] Aujourd'hui, l'État est remis en cause sur deux fronts : l'intérieur et l'extérieur. Pour être plus juste, il faudrait dire que l'État est menacé à l'intérieur par l'intérieur c'est-à-dire par l'État lui-même et par l'extérieur de l'intérieur c'est-à-dire la société civile de même qu'il est attaqué à l'extérieur par l'extérieur par les groupes terroristes, les ONG, etc. et par l'extérieur de l'intérieur par des organismes internationaux ou des institutions supranationales pour lesquelles l'État à participer à la création. A l'intérieur, il est menacé par l'intérieur : - Par la décentralisation : soucieuses de répondre aux nouvelles exigences de proximité, certaines sociétés occidentales ont modifié l'action de l'État en renforçant les échelons infra étatiques comme la France au début des années 1980. [...]
[...] François Châtelet, Olivier Duhamel, Évelyne Pisier, Dictionnaire des œuvres politiques, PUF p.223 Pierre Clastres, La société contre l'État, Les Éditions de Minuit, Paris p Ibid., p.21 Ibid. Max Weber, Le savant et le politique, 10/18, p.126. François Châtelet, Olivier Duhamel, Évelyne Pisier, Dictionnaire des œuvres politiques, PUF p.225. Pierre Clastres, La société contre l'État, Les Éditions de Minuit, Paris p Ibid., p.11-12. Ibid., p.12. Ibid., p Ibid., p.21. Ibid., p.20. [...]
[...] Comme le rappelle Henri Franckfort dans Le roi et les Dieux, le monarque de droit divin est semblable au roi-dieu d'Egypte ou au roi mi-homme de Mésopotamie, tous en ont commun de ne pas être perçu par leur peuple comme étant détenteur d'un pouvoir de nature politique. La Renaissance rompt le lien entre religieux et politique. Le tournant moderne, en cassant cette dualité, sécularise le pouvoir, qui, devenu profane, prend un fondement civil. Ce fondement civil se nourrit de l'essor du principe de souveraineté le roi est souverain en son royaume à partir du XVe et XVIe siècle mais aussi du développement d'un mode administratif d'exercice du pouvoir. [...]
[...] Ainsi libellé, le sujet Une société sans État est-elle possible ? peut prendre deux sens : le premier renvoie à l'ordre du réalisable, le second à celui du souhaitable, du désirable. Nous nous demanderons au cours de ce travail : est-ce que l'État est la forme indépassable de toute société ? Dans une première partie nous mettrons en évidence qu'une société sans État à la fois autonome et libre est un mythe, puis dans une deuxième partie, nous verrons que pour éviter la guerre perpétuelle de tous contre tous craint par Thomas Hobbes, les hommes ont progressivement élaboré l'architecture de l'État puis dans une troisième partie nous analyserons l'État moderne et mettront en évidence son balancement entre dépérissement et dépassement. [...]
[...] On sait ce qui arriva : dix ans plus tard, l'État qui écrase porte un nouveau nom : le totalitarisme. Si c'est le XXe siècle qui enfante ce nouveau concept et bouscule la classification habituelle des régimes politiques, les enjeux, interrogations, et confrontations autour de la présence, la place et le rôle de l'État sont vieux de plusieurs siècles. Classiquement, c'est la théorie des trois éléments qui caractérise la notion d'État : l'État c'est un territoire c'est-à-dire une zone délimitée par des frontières ; une population c'est-à-dire distinguer les nationaux des autres ; des institutions c'est-à-dire un pouvoir d'injonction organisé par des règles de droit. [...]
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