Le terme de socialisme est inventé au début du XIXe siècle, même si l'on trouve quelques emplois en Italie à la fin du XVIIIe siècle. C'est un terme d'invention récente, et on ne peut à strictement parler de socialisme qu'à partir du 19è siècle. Même, si cette pensée s'enracine dans des idées plus anciennes dont certaines remontent à la Renaissance, c'est dans la problématique de l'expansion des idées démocratiques et libérales que naît la pensée socialiste. Son emploi apparaît à peu près simultanément en Angleterre et en France. Dans Le vocabulaire technique et critique de la philosophie, dirigé en 1926 par André Lalande, c'est l'idée de Élie Halévy qui est exprimée. Selon lui, le terme de socialisme est d'abord appliqué en Angleterre à la doctrine de Robert Owen. Robert Owen (1771-1858) est un industriel écossais a réformé son entreprise pour améliorer la situation des ouvriers, et, à partir de là, a proposé dans Essais sur la condition du caractère humain en 1812 un plan de réforme sociale du travail. Utopiste, il tenta de fonder une colonie communiste en Amérique. Le terme de socialisme est inventé pour désigner une nouvelle manière d'envisager l'association des individus dans le travail et dans la vie. A des sociétés gouvernées par un État, le socialisme doit substituer des coopératives libres de production, en vue d'une meilleure répartition des richesses et d'un développement plus harmonieux de l'individu (cf Elie Halévy, Histoire du socialisme européen, Paris, Gallimard, 1948, posthume, réed. Idées, 1974).
[...] Le socialisme réformiste fut à l'origine de réformes sociales dans le cadre des nations. Il intégra toute la tradition socialiste mutualiste et associative dans le mouvement syndicaliste non révolutionnaire. A partir du nouveau visage du monde au début du XXIe siècle, plusieurs types de question peuvent se poser au socialisme. La première concerne le socialisme réformiste et elle est soulevée par Michael Walzer dans la dernière livraison de Raison publique mai 2006, PUPS): l'adaptation du projet socialiste à la mondialisation et au dépassement du cadre de la nation. [...]
[...] Conclusion : Le socialisme nous apparaît donc comme traversé par une tension entre réforme et révolution. D'une pensée utopique, le socialisme est devenu le phénomène politique majeur du siècle dernier, le XXe siècle, dans sa double configuration politique révolutionnaire et réformiste. Dans les deux cas, ce qui est frappant est qu'il s'est incarné dans la forme de la nation. Le socialisme dans un seul pays a soutenu toutes les cause de libération nationale, contribuant à la confusion de la cause révolutionnaire et nationale dans les conflits de décolonisation, et au mythe du partisan invincible (Aron, Penser la guerre, tome chap. [...]
[...] Mais pour lui, l'individualisme est un excès de la liberté, et non d'égalité comme chez Tocqueville. Dans cette première acception, le socialisme en est un aussi, car c'est en un sens péjoratif, au moment où il commence à prendre ses distances avec la doctrine saint-simonnienne que Leroux l'emploie. C'est lui, en effet, et non l'individualisme, comme chez Tocqueville, qui dérive de l'amour excessif de l'égalité. Poussé à son extrême, l'amour de l'égalité menace la liberté : Nous sommes (pourtant) aujourd'hui la proie de ces deux systèmes exclusifs de l'individualisme et du socialisme, repoussés que nous sommes de la liberté par celui qui prétend la faire régner, et de l'association par celui qui la prêche (p. [...]
[...] Le socialisme entend redonner sens à la société comme association. Le socialisme met au centre de son questionnement l'analyse du lien social. Chez Leroux, le socialisme a ainsi une dimension religieuse, la religion étant aussi dans une des étymologies, religare, ce qui relie. Ainsi Leroux écrit-il : «Liberté égalité : voilà le terrible problème qui réduit à l'anarchie et met aux abois votre prétendue société. C'est qu'il y a un troisième terme, fraternité, qui pourrait servir de lien aux deux autres, si tous les trois étaient réunis dans une pensée qui a nom religion»(Aux philosophes (1831), p dans l'édition Slatkine de 1978, Œuvres, 1825- 1850), et encore politique n'a donc plus qu'un principe, l'égalité, source du droit ; un but, la liberté, c'est-à-dire la liberté de chacun, le perfectionnement de chacun, la manifestation des facultés de chacun ; enfin, un moyen d'arriver à ce but, la fraternité (Ibid, p. [...]
[...] La social-démocratie résulte de la prise en compte, en politique, du possible ? Cette prise en compte est-elle opportuniste, comme Lénine l'accuse de l'être, ou témoigne-t-elle de l'insertion du socialisme dans l'histoire réelle des sociétés existantes ? Dans l'histoire deux options ont été spécialement riches d'enseignement pour la compréhension de cette problématique, celle de Kautsky et celle de Bernstein. Ils illustrent tous deux, dans la polémique qui les opposa, une forme de rapport au marxisme et au léninisme, et la façon dont la problématique social-démocrate se dissocie de ce dont elle est d'abord issue. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture