Il n'est pas rare d'entendre les citoyens accuser l'Etat de maux multiples, où se traduirait son encombrante présence : ses lois ne limitent-elles pas la possibilité d'agir comme on l'aimerait ? Elles imposent, et interdisent.
De ce point de vue, envisager l'abolition de l'Etat pourrait faire espérer davantage de liberté, et de nombreux théoriciens, des marxistes aux anarchistes purs, ont justifié une telle disparition. Pourtant, l'existence même d'un Etat peut se justifier par la paix civile qu'il instaure, aussi bien que par l'instauration d'une liberté civile commune à tous ses membres. Renoncer à cette liberté civile pour en revenir à une indépendance plus immédiate serait peut-être laisser le champ libre à de multiples violences. Le vrai problème réside alors dans le contrôle que l'on peut exercer sur l'Etat, pour l'empêcher de devenir en effet le négateur des libertés.
[...] Mais que peut être cette dernière? La revendiquer comme se situant au-delà de ce qu'autorisent les lois, c'est rouvrir le social à la violence privée, puisque le tort que je pourrais faire à mon voisin entraînerait de sa part une réaction dont j'aurais à mon tour à subir les conséquences. Si je prétends être le seul à avoir ainsi le droit d'outrepasser ce qui m'est autorisé, je me pose comme exception et conteste le principe même de l'égalité, et pourquoi un autre n'en ferait-il pas autant? [...]
[...] C'est donc au peuple qu'il appartient de veiller à ce qu'il n'en vienne pas à limiter outrageusement sa liberté. Encore faut-il bien entendu qu'il en ait les moyens, c'est-à-dire que l'Etat les lui laisse, ce que ne font pas les totalitarismes. Dans une démocratie normale, la Constitution formule un certain nombre de principes fondamentaux auxquels les lois doivent être conformes. Comme les lois sont votées par les représentants élus du peuple, ce dernier a la possibilité, en cas de désaccord, de les sanctionner en les remplaçant lors de prochaines élections. [...]
[...] Le passage de l'indépendance à la liberté: Cette version pessimiste est contredite par Rousseau (Contrat social). S'il imagine lui aussi un état de nature, c'est pour souligner que chacun y jouit d'une indépendance naturelle, qui a sans doute l'avantage de lui permettre de disposer de sa puissance physique comme il l'entend et à la mesure de ses moyens, mais qui a le défaut de ne pouvoir le défendre efficacement contre des dangers extérieurs. La sécurité ne peut être trouvée qu'au sein d'une société organisée. [...]
[...] Que peut-on espérer d'une suppression de l'Etat? La présence de l'Etat peut sembler pesante: L'ensemble des institutions que rassemble un Etat peut être ressenti par chacun de ses membres comme suscitant des interventions quotidiennes en son nom, qui risquent de gêner l'exercice de la liberté de chacun. L'administration organise la vie sociale et politique, la police applique des réglementations qui peuvent sembler injustes ou contestables, la justice institutionnelle peut ne pas satisfaire des intérêts privés, l'armée exige un budget que l'on trouvera excessif ou inutile, les finances publiques réclament des impôts qui privent éventuellement de sommes que l'on aurait utilisées à des fins plus agréables. [...]
[...] De tels garde-fous ont pour but de contrôler que les intérêts du peuple sont bien pris en charge par l'Etat, et d'interdire à ce dernier de les oublier ou de les contredire. Encore faut-il que le peuple en fasse usage, et qu'ils puissent fonctionner convenablement. La liberté démocratique se mérité: Si La démocratie reste la moins mauvaise des formes de l'Etat, sans doute Est-ce parce qu'y peuvent être prévus les moyens de contrôler l'Etat, et donc de défendre la liberté des citoyens contre ses possibles excès. [...]
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