« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'un ni l'autre et finit par perdre les deux » écrivait le troisième président des États-Unis d'Amérique Thomas Jefferson (1743–1826). Cette réflexion sur la nature de la relation qu'entretiennent ces deux valeurs fondatrices de la République française reflète toute la complexité de l'action étatique pour assumer son rôle principal : garantir les libertés fondamentales des citoyens tout en assurant leur sécurité.
Mais comment parvenir à concilier ces deux valeurs aussi antagoniques que complémentaires ? De quels moyens dispose l'autorité étatique pour assurer la sécurité de ses citoyens sans pour autant restreindre leurs libertés (les plus fondamentales) ? Existerait-il un antagonisme originel des notions de liberté et de sécurité ?
[...] Société européenne du XXIe siècle caractérisé par les questions de liberté et de sécurité. Ces sociétés demeurent dominées par le sentiment de désagrégation du lien social. Dans un rapport du Congrès de la CNAB, le fort taux d'acceptation de la transgression reste le phénomène caractéristique de la France et de la Belgique. Les libertés individuelles ne sont pas des données naturelles de l'humanité, l'histoire de France nous montre que leurs conceptions ont évolué pour devenir aujourd'hui des acquis sociaux incontestables. [...]
[...] Cette réflexion sur la nature de la relation qu'entretiennent ces deux valeurs fondatrices de la République française, reflète toute la complexité de l'action étatique pour assumer son rôle principal : garantir les libertés fondamentales des citoyens tout en assurant leur sécurité. Mais comment parvenir à concilier ces deux valeurs aussi antagoniques que complémentaires ? De quels moyens dispose l'autorité étatique pour assurer la sécurité de ses citoyens sans pour autant restreindre leurs libertés (les plus fondamentales) ? Existerait-il un antagonisme originel des notions de liberté et de sécurité ? L'adversaire d'une vraie liberté est un désir excessif de sécurité déclarait Jean de la Fontaine dans sa fable intitulée Le loup et le chien. [...]
[...] Dans un cadre ontologique, on place la liberté publique sous l'angle du rapport de l'homme et du monde. On appréhende donc la liberté comme un pouvoir d'autodétermination, en vertu duquel l'homme choisit lui-même son comportement personnel. L'Église catholique et bon nombre de philosophes tels que Descartes ou Sartre considérait l'homme comme libre dans la mesure où celui-ci échappait à tout déterminisme. Les libertés s'exercent donc par essence dans l'indépendance, sans que l'intervention d'autrui soit nécessaire .Au sens politique, la liberté s'opposerait à la servitude, en revêtant deux conceptions: rousseauiste, conception de la liberté-participation liée à l'idéologie démocratique, le pouvoir des gouvernés et celle conçue comme une liberté-autonomie, liée à l'idéologie libérale, dont Locke au XVIIIe siècle est son principal représentant. [...]
[...] Dans le cadre, par exemple, de l'extension de la délinquance juvénile française –source d'insécurité, comme les événements de l'autonome 2005 nous l'ont démontrés, certains sociologues se sont interrogés sur les fondements de cette délinquance. Hormis la délinquance initiatique qui est l'apprentissage du sens de l'interdit, hormis la délinquance pathologique qui est inhérente à toute société, la délinquance juvénile s'est développée, à partir de la seconde moitié du XXe siècle, sur l'exclusion. L'exclusion devient le fondement de la délinquance. Sébastian Roché, sociologue français, dans son livre la délinquance des jeunes évoque ce fondement. [...]
[...] Le droit à la sécurité tend à être confondu avec le droit à la sûreté. Le droit à sûreté, proclamé en 1789 comme un des 4 droits naturels inviolables et sacrés, recouvre l'ensemble des protections des libertés individuelles contre les risques d'un pouvoir arbitraire. Le droit à la sécurité est donc un principe qui limite les libertés individuelles au nom des exigences de l'ordre public. Cette réflexion nous mène à considérer la limitation des libertés comme condition inévitable pour un Etat sécurisé tout en constatant la fragilité inhérente à l'équilibre sécurité-libertés (II). [...]
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