Régulation de la mort, science et mortalité, euthanasie, espérance de vie, médecine, conditions de vie, dignité humaine, Georges Canguilhem, Nadia Veyrié, essor démographique, article 21 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, hygiène médicale
En août 2014, un Français qui devait mourir vit toujours grâce à la deuxième implantation réussie d'un coeur artificiel, tandis que des millions de juifs qui auraient dû vivre furent gazés durant la Seconde Guerre mondiale. Cette contradiction montre que la science peut réguler la mort. Ici, nous ne nous limiterons pas uniquement aux sciences dures, qu'est notamment la médecine, mais aussi aux sciences humaines et sociales telles que la politique, la sociologie, la philosophie ou la théologie. Dès maintenant, nous allons voir que la régulation de la mort que permet la science ne sert pas qu'à prolonger la vie, mais aussi parfois à la réduire.
Nous pouvons alors nous demander de quelles manières la science modifie les aspects de la mort naturelle et fait fluctuer la durée de vie. Pour répondre à cette interrogation, nous verrons dans un premier temps que la science peut être au service de l'espérance de vie, grâce à la médecine et au travers des différentes autres sciences qui améliorent les conditions de vie ; puis dans un second temps, nous nous pencherons sur la mort en elle-même et l'influence qu'a la science sur elle, que ce soit dans un but d'aide à la dignité humaine ou à l'inverse dans une conception meurtrière.
[...] Les sciences améliorent les conditions de vie 1 Les courants de pensée, les mesures qui améliorent la vie et contrent la mort La révolution agricole du XVIIIe a engendré un essor de la démographie et des ressources, ce qui a entraîné une volonté de gestion de celles-ci par le pouvoir sans précédent. On peut considérer que, c'est à partir de là que la politique considère réellement le biologique comme domaine d'intervention, c'est-à-dire que le savoir biologique doit être utilisé pour aider, mais aussi parfois pour contrôler l'être humain. Le droit de vie et de mort sur le sujet se mue sous certains aspects en aide, en amélioration de la vie du sujet. Dans ce cas, c'est la science politique qui régule la mort. [...]
[...] Pour ce qui est du XXe siècle uniquement, elle a presque doublé. La médecine a considérablement repoussé la mort, l'a rendue beaucoup plus certaine et moins imprévisible, ce qui modifie profondément les mentalités et la relation à la vie. Cependant, ils subsistent des maladies inguérissables, telles que le SIDA ou certains cancers ; mais même dans ces cas, la science tente de repousser l'inévitable. Pour nuancer le propos, on peut se pencher sur l'ouvrage de vie, société et souffrances » de Nadia Veyrié, docteur en sociologie au MRSH de Caen (Maison de la Recherche en Sciences Humaines), qui distingue différents types et différentes évolutions de la conception de la santé théorisées par différents spécialistes. [...]
[...] Vincent Lambert, eu également un accident de la route, en 2008, et est depuis dans un état de conscience minimal. Son épouse décide de le faire euthanasier en 2011 en Belgique. Finalement, elle n'y parvient pas, et le retente de le faire illégalement en France en 2013, de manière cette fois en cessant de l'alimenter. Finalement, la décision est actuellement en suspens en attendant un verdict de la Cour européenne des droits de l'homme. L'euthanasie passive est finalement légalisée en France en 2015, avec la loi Léonetti-Claeys. [...]
[...] Par ailleurs, en 1795 est créée à Paris la première chaire d'hygiène médicale. Elle avait pour volonté de démontrer l'importance pour la santé des conditions physiques et sociales de l'environnement, notamment les conditions de vie et de travail. C'est l'amorce de l'hygiénisme du XIXe siècle, qui fait office de charnière dans la considération de la vie de l'Homme, que ce soit au niveau politique comme scientifique. Ce siècle de l'hygiénisme est celui de la découverte de la cause des maladies, les microbes, par Pasteur, ou encore des rayons X de Röntgen, qui font partie des exemples les plus frappants et les plus connus de progrès. [...]
[...] Si elle est encore moralement difficilement acceptable et notamment fortement répudiée par les groupes religieux, et n'est autorisée complètement que dans les pays du Benelux, la législation tend à s'en rapprocher dans l'Europe occidentale, et on peut penser que dans les décennies à venir cette pratique pourrait ne plus être un tabou, mais une solution face aux souffrances de maladies incurables. La science, un outil pour tuer Le XXe siècle fut fortement marqué par des faits d'épuration ethnique et autres régulations violentes de la population. Ainsi la science peut être un véritable outil servant à servir des idéologies parfois meurtrières. [...]
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