La violence apparaît comme le propre soit des dictatures ou des Etats totalitaires, qui ne peuvent se maintenir ou obtenir l'obéissance qu'en ayant recours à la violence ; soit de groupes terroristes ou extrémistes qui remettent de fait en cause les règles de la démocratie. D'autre part, même dans les relations internationales, il est coutumier d'opposer la « solution politique » d'un conflit, obtenue par la négociation et la discussion entre les belligérants, à la « solution militaire ».
Entre les Etats d'une part, entre les citoyens d'autre part, et entre les citoyens et l'Etat, il est normal que des conflits surviennent, car leurs intérêts sont divergents. Cependant, tout conflit n'implique pas le recours à la violence.
L'exercice de la politique, art de gouverner les hommes et de faire cohabiter harmonieusement leurs intérêts divergents, exclut-il par essence le recours à la violence, ou celle-ci est-elle au contraire un moyen d'action politique comme un autre ?
[...] Par exemple, les pieds-noirs qui ont soutenu l'OAS à la fin de la guerre d'Algérie témoignaient ainsi de leur sentiment que la solution politique négociée ne tenait pas compte de leur situation et qu'ils n'avaient pas d'autres moyens de se faire entendre que par la violence. Mais cela revient à penser que la politique peut tout résoudre sans violence et que le gouvernement des sociétés peut se faire sans violence. On peut se demander si ce n'est pas une vision un peu idéaliste. Cela nous amène à repenser la place de la violence par rapport à la politique. II- Mais la politique peut-elle être expurgée de toute violence ? [...]
[...] Si la violence est décrédibilisée, c'est aussi en raison de la structure de nos sociétés. Spencer oppose ainsi les sociétés militaires où la violence est valorisée et considérée comme nécessaire, aux sociétés industrielles, où l'activité économique exige la pacification. Selon le principe que le commerce adoucit, les mœurs, le recours à la violence ne peut être vu que comme un échec de la politique, qui, pour garantir la cohabitation et la paix sociale, avait tout intérêt à ce qu'il n'y ait pas de violence. [...]
[...] Certes, l'État est amené à utiliser la violence contre les citoyens qui ne respectent pas la loi, mais ceux-ci sont une minorité. Il est nécessaire de sévir pour garantir la crédibilité de l'État. La violence est donc nécessaire à la politique dans le sens où elle donne à l'État la crédibilité et l'autorité nécessaires pour que la plupart des conflits soient réglés par la voie politique et non par la violence. La violence, une autre façon de faire de la politique ? [...]
[...] De plus, on peut concevoir la violence comme une autre forme de politique. C'est une idée d'Amitai Etzioni. Selon lui, la violence peut être tolérée jusqu'à un certain point en tant que moyen de peser dans un conflit pour certains citoyens. Cela peut paraître choquant, mais il y a bien sûr, il n'est pas question d'accepter que la violence soit une façon de faire de la politique dans deux cas : - si la violence se transforme en terreur, c'est-à-dire quand il y a des morts. [...]
[...] Le recours à la violence est-il un échec de la politique ? L'usage de la violence physique est presque toujours symptôme de faiblesse, aveu d'un échec écrit Philippe Braud. Par violence on entend un usage illégitime de la force, à caractère outrancier, agressif, brutal. En effet, du moins à l'intérieur les sociétés démocratiques contemporaines, le recours à la violence, qui peut être verbale ou physique, est généralement déconsidéré, qu'elle provienne des gouvernants ou des gouvernés. La violence apparaît comme le propre soit des dictatures ou des États totalitaires, qui ne peuvent se maintenir ou obtenir l'obéissance qu'en ayant recours à la violence ; soit de groupes terroristes ou extrémistes qui remettent de fait en cause les règles de la démocratie. [...]
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