Depuis l'aurore de la pensée, le souci politique a hanté les hommes. Certes, il est possible d'imaginer avec le philosophe, dans le lointain des temps, un « état de nature » au sein duquel la vie humaine, qu'elle prenne le visage de la guerre ou de la paix, n'obéisse à aucune autorité organisatrice et régulatrice, mise en place par l'introduction de la politique.
On peut également évoquer avec les anthropologues l'existence de ces sociétés qualifiées « d'archaïques », qui en Océanie, en Amérique, en Afrique, etc. étaient, au dire des premiers découvreurs des Indiens du Brésil et des Incas du Pérou « sans foi, sans loi, sans roi », donc a-politiques.
Mais dans le monde grec et en particulier dans l'Europe Occidentale qui en reçut l'héritage culturel, l'organisation des cités s'imposa dans le temps même où les hommes découvraient la nature : la vie politique fut l'une des premières formes de la culture.
Aussi conviendra-t-il, pour tenter de mettre en lumière sa raison d'être, de réfléchir à l'émergence, au sens et à la valeur de la politique dans la vie des hommes.
Pour cela, il sera nécessaire de remonter tout d'abord aux sources de la politique afin de montrer comment s'explique sa naissance et selon quels critères se définit donc son essence.
Il faudra alors remarquer que la politique est spécifiquement liée à la socialité, ce qui permettra de nous intéresser dans un second temps à la nécessaire introduction de la politique dans la société.
On fera alors, et cela essentiellement à la lumière des œuvres de Rousseau, de la liberté la fin de la politique, propos que nous tenterons d'élucider dans une toute dernière partie.
[...] La liberté naturelle, au sens du je peux faire ce que je veux peut détruire et finir par nier la liberté elle-même. La liberté que je me donne, je dois aussi pouvoir la prêter à autrui ; la liberté civile se maintient dans le respect de l'autre. Dans la pratique, ce respect se trouve alors fixé par la loi : elle trace la limite théorique par laquelle le citoyen est supposé ne pas nuire à autrui et ne pas porter tout à l'intérêt de tous. [...]
[...] Ainsi l'acte du contrat opère t-il l'intégration des volontés particulières dans le moi commun. Il comporte de la sorte un engagement réciproque du public avec les particuliers : ceux-ci ne s'engagent ni les uns envers les autres ni envers un chef. Le Souverain n'étant formé que de particuliers qui le composent, chacun contracte en quelque sorte avec soi- même et s'engage, comme membre du Souverain, envers les particuliers et comme membre de l'Etat, envers le Souverain. De sorte, le contrat social n'a jamais besoin d'autre garant que la force publique Aussi nous est-il possible à présent de comprendre par quelle raison l'individu, conduit par son seul intérêt, renonce à son droit à tout et à son indépendance. [...]
[...] La liberté ne nous est donnée que contre toutes les résistances et s'exprimerait alors par une lutte contre ce qui la restreint : contre les importuns, contre l'Etat, contre la règle sociale, etc. Du coup, l'Etat, garant de la loi, peut lui-même sembler par nature fait pour opprimer la liberté, en ce qu'il instaure des lois que l'on peut estimer contraignantes. Pour autant, n'est-il pas dans la nature de l'institution politique de rendre favorable la liberté civile plutôt que de l'opprimer ? En effet, vivre librement, ce n'est peut-être pas vivre sous l'impulsion de ses désirs. [...]
[...] La justice, selon Platon, permise grâce à l'introduction d'institutions, apparaît comme un moyen d'assurer le bonheur de la Cité. Cette thèse est celle de Socrate dans le Gorgias : dans la deuxième partie du dialogue, qui met en scène Socrate et Polos, il est démontré qu'il vaut mieux subir l'injustice que la commettre, et expier son crime que rester impuni. L'injustice est ici condamnée en ce qu'elle conduit au malheur, la politique étant alors définie par la négative comme l'instance devant, par la guérison des individus, permettre le bonheur. [...]
[...] Sur quels principes bâtir ce droit politique ? Rousseau ne le fonde ni sur Dieu, ni sur l'autorité paternelle, si sur la force : il ne saurait en effet être question, en invoquant le prétendu droit du plus fort, de soumettre à une multitude Régir une société n'est pas instaurer le rapport d'un maître à ses esclaves, mais établir la relation d'un peuple à son chef. Le problème est par conséquent d'examiner l'acte d'association par lequel un peuple est peuple Autrement dit, il faut trouver une forme d'association qui défende et qui protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant Le droit politique doit donc être construit sur un contrat véritable, volontairement établi entre les hommes et qui respecte leur liberté. [...]
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